Friday, March 20, 2015

Montreal l'inconue



  
25 faits sur Montréal qui vous surprendrons


Quel est le record de froid pour Montréal?
Le 15 janvier 1957, Montréal a connu une journée glaciale, à -37,8 degrés Celsius.



Quel est le record de chaleur ressenti à Montréal?
La température la plus élevée qu’ont connu les Montréalais a été de 
37,6 °C, le 1er août 1975.



Où se trouve le plus ancien club de golf en Amérique du nord?
Fondé en 1873, le Royal Montréal est le plus ancien club de golf en Amérique du Nord. C'est un groupe de huit hommes d’affaires qui se réunirent dans un bureau situé sur les rives du fleuve pour former Le Club de Golf Montréal. En 1884, ayant obtenu la permission de la Reine Victoria, le préfixe Royal fut ajouté au nom.

Plus de rats que d'habitants à Montréal?
L’île de Montréal compte 1 886 481 habitants (2011) et, selon un reportage de J.E., 4 millions de rats. Depuis que la ville a déboursé des centaines de millions de dollars pour réparer ses vieux égouts en 2012, nos amis rongeurs ont envahi les rues.

Qui a fondé la mafia montréalaise?
Vincent Cotroni, dit Vic l'Œuf, est considéré comme le fondateur de la mafia montréalaise. Né à Calabre, il a immigré au Canada en 1924 et est devenu lutteur professionnel, avant de se lancer en affaires. Proche du parti Libéral, il était également propriétaire du Café Royal, un endroit prisé du Red Light de Montréal.

Combien d’îles composent le territoire de Montréal?
Le territoire de Montréal est composé de 83 îles. La plus grande est l’île de Montréal, suivie des îles Bizard, des Sœurs, Sainte-Hélène et Notre-Dame. Certaines des plus petites îles peuvent disparaître lors de la saison des crues printanières.

Quel édifice montréalais a reçu l'autorisation de dépasser le mont Royal?
L’oratoire Saint-Joseph domine la ville de son imposante silhouette. Le dôme peut être vu de l'extérieur de l'ile. Il est le troisième plus grand au monde après celui de la basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro et de la basilique Saint-Pierre de Rome. C'est aussi la plus grande église du Québec et du Canada.

Quelle fut la première femme blanche à fouler le sol de Ville-Marie?
Jeanne Mance arriva pour la première fois à Montréal le 17 mai 1642. Dès son arrivée, elle fonda avec Maisonneuve la société de Notre-Dame de Montréal. Ses restes reposent dans la crypte de la chapelle de l'actuel Hôtel-Dieu de Montréal.

Quelle est la plus grande ville souterraine au monde?


La ville intérieure de Montréal couvre 20 kilomètres de tunnels sous la terre. Ce réseau de galeries, le plus vaste au monde, contiendrait près de 12 % de tous les commerces du centre-ville.


Quelle est la plus longue rue à Montréal?
Long de 50 kilomètres, le boulevard Gouin est la plus grande artère parmi les 7700 rues de Montréal et l’une des plus anciennes de la ville. Elle traverse l'ensemble de l'île, de la pointe jusqu'au Parc-nature du Cap Saint-Jacques (Pierrefonds).

Qui a réalisé la première œuvre d'art dans le métro de Montréal?
Recouvrant entièrement le mur de la mezzanine de la station de métro Place-des-Arts, le vitrail de Frédéric Back retrace l'histoire de la musique à Montréal. La fresque met en vedette les figures marquantes de la vie musicale canadienne entre le 16e et le 20e siècle.

À quelles occasions le métro a-t-il déjà roulé toute la nuit?
Le 3 mars 1971, le métro a fonctionné toute la nuit en raison d'une forte tempête de neige connue du nom de « la tempête du siècle ». Le 31 décembre 1999, dans le cadre des célébrations du passage à l'an 2000, le métro a roulé toute la nuit et l'accès y était gratuit.

Que représente le drapeau de Montréal?


Le drapeau de la ville, inauguré en 1939, porte quatre fleurs emblématiques. La fleur de lys représente l’élément français, la rose symbolise l’élément anglais, le chardon est d’origine écossaise et le trèfle de l’Irlande.

En quelle année Paul de Chomedey a-t-il planté la première croix au sommet du mont Royal?
C’est le 6 janvier 1643 que le  sieur de Maisonneuve  porta la première croix érigée sur la montagne au sommet du mont Royal. La croix actuelle date de 1924.

Quelle est la ville soeur de Montréal?
La ville sœur de Montréal est Hiroshima. Le jumelage des villes est une pratique vieille de 2000 ans. Aujourd’hui, la relation de villes de pays différents se concrétise par des échanges socioculturels.

Qui a conçu le parc du mont Royal?
Frederick Law Olmsted est un architecte et paysagiste américain à qui l’on doit la création du parc du mont Royal et du Central park à New York.

Quel titre l’UNESCO a-t-elle donné à Montréal en 2006?
La ville de Montréal a été désignée Ville UNESCO du design le 12 mai 2006. Montréal manifeste un grand potentiel de développement social et économique grâce au dynamisme du design.

Qui fut le dernier homme pendu dans la Prison du Pied-du-Courant?
Le Pied-du-Courant, situé sur la rue De Lorimier, fut construit entre 1830 et 1836 sous le régime britannique. C’est à cet endroit que furent pendus les patriotes condamnés de 1837 et 1838. Le dernier homme à y être pendu est Francesco Grevola, en 1911. L’ancienne prison est aujourd’hui occupée par la Société des alcools du Québec

Quel est le nom du premier gratte-ciel construit au Canada et érigé à Montréal?
C'est l'édifice New York Life? Il compte huit étages au moment de son inauguration, en 1889. Sa façade principale donne sur la place d’Armes.




Quel hôtel accueilli le bed-in de John Lennon et Yoko Ono?
Du 26 mai au 2 juin 1969, John Lennon et Yoko Ono revendiquent la paix en pyjama à Montréal. Dans leur suite de l'hôtel Reine Elizabeth, le chanteur des Beatles et sa femme reçoivent des centaines de journalistes pour faire connaître leur point de vue sur la guerre du Vietnam. Le « bed-in pour la paix » des deux artistes se conclut par l'enregistrement de la chanson "Give Peace a Chance".

Quel maire de Montréal a été confiné dans un camp de concentration pendant 4 ans?
Camillien Houde, dit « Monsieur Montréal »,  fut suspendu de son poste en 1940 et interné dans le camp de Petawawa pour avoir fait campagne publiquement contre l'enregistrement national.

Quel est l'immeuble le plus ancien de Montréal?
Selon le Centre d'histoire de Montréal, le Séminaire de Saint-Sulpice, situé juste à côté de la basilique Notre-Dame, dans le Vieux-Montréal, est l’immeuble le plus ancien de Montréal. Il occupe cet espace depuis 1684.

Comment s’appelait la mascotte des Jeux olympiques de 1976?
La mascotte des jeux de Montréal se nommait Amik, terme tiré de la langue algonquine et qui signifie castor. Reconnu pour sa patience et son ardeur au travail, l'animal est également un grand symbole national qu'on retrouve sur les pièces de monnaie et des timbre-poste.

Quelle est la première rue de Montréal à être asphaltée?
C’est la rue Saint-Jacques en 1886. Cette rue est le centre névralgique de la finance canadienne à la fin du 19e siècle.

Quelle est l’origine du nom du lac des Castors, sur le mont Royal?
Lac des Castors
En 1937, au moment de creuser l’étang artificiel, on découvre les vestiges de barrages de castor. Ces traces révèlent que le site a déjà été naturellement recouvert par de l’eau.

     
       





Tuesday, February 24, 2015

Molokhia

 Molokhia












Bon appétit
Quelle est cette panacée, d'une puissance redoutable,
Qui, en nous rassasiant, nous rend invulnérables?
Qui excite les neurones, stimule la matière grise
Et nous insuffle au cœur une langueur exquise?
Ce met lucullien que l'on sert à la louche,
Et dont l'évocation nous met l'eau à la  bouche ?
Chargé de vitamines, potassium, carotène ,
Ce délice des rois, ce pyro-énergène ,
Ce plat sui generis, pour ne pas dire unique,
Dont la réputation remonte aux temps antiques,
Vénéré des Romains, des Hellènes, des Puniques,
De l'Égypte à l'Indus, en passant par l’Afrique,
Ce plat - que dis-je ce plat ? - ce nectar  d'Horus
Que Cléopâtre offrait à son amant Julius,
Et l'Empereur Hadrien au bel Antinoüs,
N'est autre que le..."Corchorus olitorius " ......

Mais loin des quolibets et sourires ironiques
Car c'est, en bon latin, son nom patronymique !
Connu sous d'autres noms au fil des millénaires :
"Molo" pour les modernes, ou "Corrette potagère" ,
Ce potage capiteux, qui embaume les chaumières,
Dope nos énergies, nos forces immunitaires ...
Dénigré par certains, qui le trouvent "gluant" ,
Je l'estime, quant à moi, velouté, gouleyant...  
                                              
CA DONNE L EAU A LA BOUCHE................













Sa robe est d'un vert Nil tirant sur le moiré ;
Très légèrement soyeux, il caresse le gosier.
Selon qu'on y ajoute pain grillé, viande ou riz,
En fonction des recettes, sa consistance varie.
Dûment assaisonné au vinaigre ou citron,
Agrémenté d'ail, de coriandre et d’oignon,
Ce met flatte le palais... et dégage le côlon !
Il est à déguster avec modération,
Car l'excès en tout nuit. Comme l'affirme Aristote,
Les bonnes choses de la vie se savourent en litote ...
Trois conseils sont de mise : Molo , molo ...molo !
Deux assiettées suffisent ; la troisième est de trop ...
Nous lui devons beaucoup, clamons fort ses mérites
En lui rendant céans l'hommage qu'il mérite .......

 (Mario Vicchi, alias Marius d'Alexandrie, Rome, juin 2014)




Sunday, February 1, 2015

Google Weather in old times "Coptic calendar"

Nobody can predict the weather of Egypt better than Egyptians, so here is your guide to the weather via a very useful calendar.

The Coptic calendar, affiliated with the agricultural seasons, is inherited from the ancient Egyptian calendar. To summarize the change in seasons,  each Coptic month is accompanied by its own witty proverb explaining the changing weather.

Harvesting

Tout (Sept 11- Oct 10), Yool lel har mout (‘Kills off the heat waves’)
Known for its good weather, the proverb explains that this time of the year is not good for cultivating new crops and it’s the beginning of autumn.

Baba (Oct 11 – Nov 9) Zar3 Baba yeghleb al nahaba (‘Any theft of crops will hardly be noticed in the harvest of Baba due to its richness’’)

Hatour (Nov 10 – Dec 9) Abou Al dahab Al Mantour (‘Hatour, Where gold is scattered everywhere’)
This month is when Egyptian farmers traditionally plant the wheat seeds and when the corn harvest ripens.

Kihak (Dec 10 – Jan 8) Sabahak Misak, Sheil Eidak men Ghadak w hotaha fi ashak (‘Your day and night are so close, that you finish your breakfast only to start dinner’)
At this time of year, days are short and nights are long.

Touba (Jan 9 – Feb 7) Yekhali el sabia karkouba (‘It causes the young to age’)
Touba is the coldest time of year in Egypt, and as the proverb suggests, can make even the youngest woman ache from cold.
The month is traditionally divided into three:
Touba - the first ten days which are usually very cold.

Tabtab - the following ten days which make a person shiver (hence the name tabtab).
Tabateb - the last days that which go back and forth between good weather and rain.

Amshir (Feb 8 – March 10) Abu al za3abib al keteer, yakhod al agouza w yeteir (‘Amshir huffs and puffs and even makes an old woman fly’)
Amshir is windy and full of sandstorms. Egyptian peasants divided this month into three:
Mashir - also known as the ten days of the shepherd where it is deceptively warm.
Mesharshar - the following ten days of the sheep where it is very cold, rainy and windy and a lot of sheep die in the process.
Sharasher - the last ten days, where old people start to move around and enjoy the warm weather.

Brahmhat (Mar 10 – Apr 8): Roh el Gheit we hat, qamhat, adsat, basalat (‘Bramhat, go reap your harvest of wheat, lentils and onions’)
This is Egypt’s harvest season.

Barmouda (Apr 9 – May 8): Daq al Amouda wala yebqa fel gheit wala ouda (‘Hammering down the stake and not a single green leaf in the land’)
Barmoud is the season of crop storage and the season of dars, meaning separating crusts from the seeds through the movement of farm animals tied to al-nawrag (a wooden handmade cart-like device).

Bashans (May 9- June 7): Bashans yoknos el gheit kans (‘Bashans sweeps the land’)
It’s post-harvest time, when the land is left to rest, to be ready for the next sowing season.

Baouna (June 8 – July 7) Naql wa takhzein el mouna, fieh el harara malouna (Storage season for it’s the season with the hottest weather)
It is close to the flooding season, hence ancient Egyptians learnt to store their goods really well to keep them away from the flood.

Abib (July 8 - August 9) Abib tabakh el enab wel tein (‘Abib the cook of grapes and figs’.)


Masry (Aug 7 – Sept 5): Tegri fieh kol ter3a asera (‘All the streams run in this season’)
Proud Fellaha
Article from Al-Ahram online 1/2/15

Friday, January 2, 2015

Oldest large-scale dam in the world...

The oldest large-scale dam in the world...

About forty kilometres south of Cairo, close to the town of Helwan, lie the ruins of the Sadd-el-Kafara ( = “dam of the Pagans”), an embankment dam of great size built around 2700-2600 BC, discovered over 100 years ago in the old, deep and dry Garawi ravine. The masonry-faced earthen dam originally measured 14 m height and 113 m length along the crest and is considered today the oldest dam of such size known in the world.

Sadd-el-Kafara

The primal aim of the dam was to retain the water from rare but violent floods. It could also ensure water to workers and animals working in exploration of stone and marble in the nearby quarries, for the construction of the pyramids and the temples. Never completed, the dam had been under construction for 10-12 years before being destroyed by a flood. It was only rediscovered by Georg Schweinfurth in 1885.

Its great size indicates the dam engineers were not doing experimental work, but they built it in a very systematic way. Its construction took place in the era when the Egyptian kings built their pyramids on the other bank of River Nile. There exist similarities between the stonewalls of the pyramids and the dam. And still there are many questions that revolve around Garawi valley Dam. 

The dam stands on a bar of solid rock. It must have been an impressive structure before the whole of the central part, covering a width of about 36 metes, was washed away. In his History of Dams, Norman Smith estimated the reservoir to have had a capacity of nearly 600,000 cubic meters of water. No mortar was used, as it was not considered to be a sealing material in ancient times.

Strangely, despite its importance, and the fact that it remains intact today, the dam is ignored by tourist agencies. Even visitors interested in archaeology of Egypt do not usually include it in their plan of visits. Moreover, although the dam has been discovered already since the late 19th century, it has not been adequately studied yet.


This case study presents the Sadd-el-Kafara dam with the aim to better inform people of its existence and sensitize towards its protection and rehabilitation to fit as a touristic site. 


Sunday, November 16, 2014

Melkites d’Egypte

Les Melkites d’Egypte, d’un siècle à l’autre :

Enracinement et Rayonnement

Robert Solé, Journaliste et Écrivain

Paru dans : Le Lien, Revue du Patriarcat Grec-Melkite-Catholique, Hors Série 2014.

Je suis né en Egypte, j’y ai vécu jusqu’à l’âge de 17 ans, dans une famille grecque-catholique. Par mon père comme par ma mère, j’appartiens à cette communauté qui, bien que très minoritaire, a joué un rôle important sur les bords du Nil, dans tous les domaines : industriel, commercial, intellectuel, social.


C’est au lendemain du rattachement de l’Eglise melkite à Rome, dans les années 1730-1740, que l’on assiste aux premières arrivées de grecs-catholiques en Egypte. Il s’agit généralement de négociants venus d’Alep, de Damas, de
Cedres du Liban
Beyrouth, de la montagne libanaise ou de Saïda : attirés par la richesse de l’Egypte, désireux d’y trouver un havre de paix, loin des avanies que leur inflige la hiérarchie grecque-orthodoxe, ils s’installent dans le nord du pays, à Damiette ou à Rosette.

Et, là, ils s’imposent avec une rapidité surprenante : ils développent le commerce avec les Européens, importent des draps de France, exportent du riz, prennent le contrôle du commerce, puis celui des douanes qui, jusqu’alors, était l’apanage des juifs. Ainsi, en 1774, le Grand Douanier d’Egypte s’appelle Antoun Faraon. Seule la douane de Suez lui échappe. Sept ans plus tard, le consul de France constate : « En quelques années, les Syriens se sont emparés de tout le commerce qui se fait avec l’Inde et l’Arabie par la mer Rouge, de celui de Syrie, d’une partie de celui de Smyrne. »

Parallèlement à ce succès commercial, les melkites essaient de se constituer en unité administrative indépendante. Pour s’affranchir de la tutelle du patriarche grec-orthodoxe, ils s’appuient sur la Mission des Pères de Terre Sainte et sur les consuls de France. Mais ils essaieront ensuite, pendant les deux dernières décennies du XVIIIe siècle, de s’affranchir du contrôle des latins.

Banaparte en Egypte
Quand Bonaparte débarque en Egypte en 1798, les melkites comptent un chef en la personne de Michel Kahil, un gros négociant du Caire. C’est lui qui est chargé de percevoir les impôts dus par les membres de sa communauté, forte de quatre mille personnes. L’anarchie qui règne alors dans le pays, gouverné par les mamelouks, fait voir avec bonheur aux catholiques originaires de Syrie l’arrivée des troupes françaises.

Dès son arrivée au Caire, Bonaparte créée l’Institut d’Egypte, qui réunit les plus importants « savants et artistes » qui l’accompagnent. Cette institution ne compte ni coptes ni musulmans. Son seul membre oriental est un moine grec-catholique, Antoine Zakhour, connu sous le nom de dom Raphaël. Né au Caire, ayant complété sa formation à Rome, il possède parfaitement l’arabe, le copte, le français et l’italien. Dans les années qui suivront le départ des Français d’Egypte, il enseignera à l’École des langues orientales de Paris, donnera des cours d’arabe à Jean-François Champollion et l’orientera vers l’étude du copte, qui se révélera décisive pour le déchiffrement des hiéroglyphes.

Dom Raphaël reviendra en Egypte sous le règne de Mohammed Ali pour participer à la mise en place de la première imprimerie égyptienne, à Boulaq.
Presse des années 1880

Souvent polyglottes, ouverts sur le monde extérieur, les melkites sont pour les Français de précieux auxiliaires. Eux-mêmes se sentent mieux protégés par ce nouvel occupant. Certains prendront les armes aux côtés des soldats de Bonaparte pour combattre les mamelouks, les Ottomans ou les Anglais. Les plus compromis d’entre eux partiront en 1801 avec les troupes françaises, défaites, pour s’installer à Marseille. Ils y construiront vingt ans plus tard Saint-Nicolas de Myre, première église catholique orientale de France. Mais la plupart des melkites resteront en Égypte, où les attendra un bel avenir sous le règne de Mohammed Ali.


Une nouvelle vague d’émigration de Syriens (appelés Chawam en Egypte) survient après les massacres de 1860 à Damas et dans la montagne libanaise. La vallée du Nil, alors prospère, fait figure de « Far East ». On s’y bouscule, de toutes les rives de la Méditerranée.

A leur tour, quand ils occupent l’Egypte à partir de 1882, les Anglais s’appuient sur les Chawam. La nouvelle administration a besoin de ces intermédiaires polyglottes, capables de s’adapter facilement, alors que les coptes sont plutôt confinés dans l’administration financière.

Les Syriens en général, et les melkites en particulier, savent jouer de la rivalité franco-anglaise. Ils sont comme des poissons dans l’eau dans cette Egypte cosmopolite, où cohabitent, de manière plutôt harmonieuse, des personnes de nationalité ou d’origine nationale différente, appartenant à diverses religions. Ils forment une bonne partie des effectifs des écoles catholiques françaises. Dans les années 20, Henri Gaillard, le représentant de la France au Caire, câble à son gouvernement : « C’est notre meilleure clientèle en Egypte. »

L’habileté et le sens du commerce donnent naissance à quelques grandes fortunes. C’est le cas de Habib Sakkakini, membre d’une modeste famille grecque-catholique de Damas, émigrée en Egypte, qui se distingue dès l’âge de vingt ans : il réussit à neutraliser les rats qui mangeaient la nourriture des ouvriers du canal de Suez et détérioraient le matériel… en faisant acheminer sur les chantiers des centaines de chats. Il sera nommé par la suite responsable de l’assèchement des marais du Caire et promu pacha.

Pour sa part, Samaan Sedanoui fonde en 1878, dans le
Maison Sednaoui
quartier du Mouski, au Caire, une mercerie qui deviendra, avec les années, l’un des grands magasins d’Egypte, avec des établissements dans les principales villes du pays. On y trouvera des tissus, des vêtements, des meubles, de l’électroménager… Encore un pacha grec-catholique.



Des Chawam jouent un rôle essentiel dans la renaissance intellectuelle, la Nahda, à la fin du 19è siècle. Entre 1873 et 1907, ils fondent 97 journaux ou revues, soit 15% des nouveaux titres parus en Egypte. Or, en 1907, ils ne sont que 34 000, sur une population de 11 millions d’habitants. Ce sont des melkites, les frères Bichara et Sélim Takla, qui créent le quotidien Al Ahram en 1876. 



Ce journal contribue à promouvoir une nouvelle forme
Vieux Ahram 
d’écriture arabe, moins ampoulée, débarrassée de ronrons rhétoriques. On le surnomme « l’école des journalistes ». Ses fondateurs étant proches de la France, les Anglais financent un concurrent, Al Mokattam, dirigé, lui, par des grecs-orthodoxes et des protestants. Bataille perdue à long terme : après comme avant sa nationalisation par Nasser, Al Ahram sera le quotidien le plus diffusé et le plus prestigieux, non seulement d’Egypte, mais du monde arabe.



Michel Chalhoub alias
Omar Sharif
Au début du 20è siècle, le théâtre égyptien trouve un pionnier en la personne de Georges Abbiad. Le cinéma ne sera pas en reste, au cours des décennies suivantes, avec les réalisateurs Henry Barakat et Youssef Chahine. Le seul acteur arabe connu dans le monde entier appartient, lui aussi, à une famille grecque-catholique. Né en 1932 à Alexandrie, Michel Chalhoub se fera musulman et prendra le nom de Omar Sharif pour épouser l'actrice Faten Hamama. Le réalisateur David Lean fera de lui une vedette internationale en lui confiant le rôle du compagnon arabe de Lawrence d’Arabie.



C'est à la suite d'une rencontre avec une grande bourgeoise melkite, Mary Kahil, avec laquelle il fonde en 1934 un tiers-ordre, la Badaliyya, que l’islamologue français Louis Massignon décide de rejoindre le clergé grec-catholique.

Il est secrètement ordonné prêtre le 28 janvier 1950, à l'Eglise Sainte-Marie-de-la-Paix, au Caire, et n’aura le droit le célébrer la messe qu'en privé.
Même s’ils comptent plusieurs pachas et ministres sous la monarchie, les melkites s’engagent très peu dans la vie politique égyptienne. Ils brillent, en revanche, dans l’industrie et le commerce. Au début des années 1950, ils occupent, dans la direction des sociétés cotées en bourse, une place vingt fois supérieure à leur nombre relatif dans la population égyptienne.


L’une de leurs réalisations les plus originales est due à un jésuite, Henry Ayrout. Fils d’un riche entrepreneur qui a été associé à la construction de la ville d’Héliopolis, ce religieux s’est passionné pour le sort des paysans, auquel il a consacré sa thèse de doctorat, avant de fonder, en 1940, l’Association des Ecoles chrétiennes de Haute-Egypte. Toujours très active, celle-ci dispense aujourd’hui un enseignement gratuit à des dizaines de milliers d’enfants de toutes confessions et favorise des actions de développement dans de nombreux villages.

Borg AL-Kahira
Le coup d’Etat militaire de 1952 et surtout la crise de Suez en 1956 ont porté un coup fatal à l’Egypte cosmopolite. Cela n’a pas empêché les melkites de continuer à se distinguer dans la vie économique et sociale. C’est à l’un d’eux par exemple, l’architecte Naoum Chebib, que l’on doit la célèbre Tour du Caire.

Le régime de Nasser n’a cessé de se durcir, à mesure qu’il accumulait les échecs (guerre du Yémen, union avec la Syrie…).



Des familles grecques catholiques ont été particulièrement visées par les nationalisations survenues au début des années 1960. Dans un climat devenu plus lourd, elles n’ont pas été les seules à prendre le chemin de l’exil : une grande partie de la communauté s’est réfugiée au Liban, en Europe, en Amérique ou même en Australie.

Réduite aujourd’hui à quelque 5 000 membres, elle reste cependant très présente en Egypte, dans le commerce, l’industrie, la médecine, ou à la tête d’écoles catholiques. L’Eglise melkite compte sept paroisses au Caire, quatre à Alexandrie, une à Tanta et une autre à Mansoura. Parmi les établissements scolaires qu’elle administre, on peut citer deux collèges patriarcaux, ainsi que l’école des religieuses de Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours. Les melkites tiennent le bureau de presse des Eglises catholiques d’Egypte, dont le porte-paroles est le Père Rafic Greiche, le curé de la paroisse Saint-Cyrille, à Héliopolis. Ce prêtre très actif dirige l’hebdomadaire Le Messager, édité en trois langues (arabe, anglais, français) et publie régulièrement des articles remarqués dans la presse égyptienne, tout en organisant régulièrement des colloques avec des intellectuels.

Rue Fouad 1940

Une intégration réussie dans un pays suppose deux conditions : que l’on veuille s’intégrer et que l’on veuille vous intégrer. Aucune de ces deux conditions n’était totalement remplie jusqu’à une date récente. Les Chawam – encore désignés ainsi malgré tout ce qu’ils avaient réalisé en Egypte – n’étaient pas considérés comme des nationaux à part entière, et eux-mêmes avaient sans doute besoin, pour exister, de ne pas se fondre entièrement dans le décor. Ce n’est plus tout à fait vrai.

Nombre de grecs-catholiques ont activement participé, aux côtés de leurs concitoyens musulmans ou coptes, aux manifestations qui ont conduit au renversement du président islamiste Mohamed Morsi en juin 2013. L’avenir des melkites d’Egypte est lié à la manière dont le pays évoluera.


Quant au passé de la communauté, il se « lit » en parcourant les allées du cimetière grec-catholique du Vieux-Caire. Ce lieu paisible me touche particulièrement : c’est là que sont enterrés beaucoup de mes ancêtres et la plupart des personnages de mes romans.

Robert Solé