Friday, November 25, 2011




Elles portent les noms de Khoch Qadam, El-Hammam,
El-Menagguedin, Ahmed El-Mahrouqui, El-Roum et El-Soukkaria
Les ruelles du Caire islamique
près de Bab Zouweïla
 
 
Par : Gérard Viaud
De nombreuses ruelles existent près de Bab Zouweïla au Caire. Elles sont mal connues, hormis par les habitants de ces quartiers dont ils ne connaissent pas l'histoire et toujours ignorées par les touristes. Elles portent les noms de Khoch Qadam, El-Hammam, El-Menagguedin, Ahmed El-Mahrouqui, El-Roum et El-Soukkaria.
La ruelle Khoch Qadam commence dans la partie sud de la rue Moëz Lidine Illah près de la mosquée d'El-Fakani, un monument de l'époque fatimide construit en 1148 et reconstruit en 1735. Une entrée de cette mosquée donne d'ailleurs sur la rue Khoch Qadam. Cette rue doit son nom à un sultan mamelouk du XVème siècle, El-Daher Seif Eddine Khochqadam, qui régna de 1461 à 1467. Le règne de ce sultan se situe dans une période très floue de l'histoire entre la mort du sultan Barsbaï en 1438 et l'avènement du grand sultan Qaïtbaï en 1468. Tous les sultans qui se succédèrent entre ces deux dates furent inconséquents et leurs règnes ne furent pas marqués d'événements importants.
Ce fut le cas du sultan Khochqadam. C'était un esclave d'origine grecque qui avait fait partie de la garde du sultan Barqouq, le fondateur de la dynastie mamelouke circassienne. Les autres esclaves le surnommaient Khochqadam le Grec et il aurait été ainsi le premier Grec à gouverner l'Egypte depuis l'époque byzantine.
Ce sultan eut à combattre les menaces ottomanes. Il voulut instituer des réformes commerciales et établir de nouvelles taxes, ce qui le rendit impopulaire. Bien que d'origine grecque, Khochqadam lança des mesures discriminatoires contre les Chrétiens et les Juifs et tous ceux qui n'étaient pas Musulmans durent démissionner de leurs postes dans les différentes administrations. Sans le nom de cette rue du Caire, ce sultan serait tombé dans l'oubli depuis longtemps.
Les gens du quartier donnent à ce nom de Khochqadam, écrit maintenant en deux mots Khoch et Qadam, en disant que ce nom serait celui de la cour du boiteux.
C'est dans cette rue de Khoch Qadam que se trouve la maison de Gamal Eddine El-Dahabi construite en 1637. Ce personnage était le chef de la corporation des commerçants de la ville du Caire. La superbe maison qu'il fit construire témoigne de sa richesse. Atfet El-Hammam, la ruelle du bain, commence dans la rue de Hoch El-Qadam dans le Caire fatimide.
Ces bains étaient, en général, composés de trois salles différentes. La première, appelée "maslakh", servait de vestiaire où les clients se déshabillaient. Une fontaine de marbre, alimentée par un jet d'eau, garnissait le milieu de cette salle qui était entourée d'estrades et de divans garnis de tapis et de coussins.
Une fois débarrassé de ses habits, le baigneur, enveloppé dans un grand pagne de coton, chaussé de sandales de bois, pénétrait dans la seconde salle. Là, l'air était saturé de vapeur d'eau à un degré élevé. Le baigneur était étendu sur une grande table de marbre où un garçon lui faisait un massage superficiel et il était alors conduit dans une troisième salle, la partie la plus chaude de cette installation de bains. Là, se trouvait un bassin rectangulaire dans lequel s'écoulait lentement de l'eau bouillante, alimentant le bassin et provoquant cette opaque buée provenant de la vapeur d'eau. Dans cette atmosphère, la transpiration était abondante. Le baigneur pouvait aller se plonger dans un bassin d'eau tiède ou froide. Ensuite, un masseur le prenait en main, armé d'un gantelet de poil de chameau qu'il passait sur tout le corps du patient, les articulations, les épaules, les bras, les jambes et les vertèbres, l'enduisant de savon et déversant sur lui des écuelles d'eau tiède. Le baigneur sortait tout revigoré de cette opération.
Une autre rue du Caire fatimide porte le nom de Hammam El-Masbagha, le bain de la teinturerie. Elle commence dans la grande artère de Moëz Lidine Illah entre l'ensemble d'El-Ghouri et la rue de Hoch El-Qadam. Il y avait en effet de nombreux teinturiers dans ce quartier. Il s'en trouve maintenant auprès de la mosquée d'El-Hakim près de la porte d'El-Foutouh. Dans la ruelle d'El-Hammam les boutiques des teinturiers avaient toutes des cours dans lesquelles ils étendaient les étoffes teintes sur les fils. Parfois ils installaient ces fils sur les terrasses des maisons.
La ruelle El-Menagguedin est celle des arçonniers et des matelassiers. Ces métiers n'ont pas changé de place depuis la fondation du Caire fatimide non loin de la porte de Zouweïla. Cette rue se trouve sur la droite de la rue Moëz Lidine Illah et commence presque en face du sébil-kouttab de Mohamed Ali construit en 1820. Elle est reconnaissable aux nombreuses balles et sacs de coton qui s'y trouvent.
Le métier de matelassier tenait une place importante dans la vie des Cairotes pour la fabrication des matelas des lits, des banquettes et des divans, ainsi que pour faire les nombreux coussins utilisés dans les maisons et les palais.

Après la construction de la porte de Zouweïla au XIème siècle par Badr El-Djamali, le quartier des matelassiers prit une place plus importante.
Selon l'historien cairote El-Maqrizi (1364-1443) le quartier des matelassiers et des arçonniers se trouvait derrière la prison du Caire qui fut, par la suite, remplacée par la mosquée du calife fatimide El-Moayyed qui avait fait le voeu de la construire lors de sa détention dans cette prison.
Toujours selon El-Maqrizi, il existait dans ce quartier une mosquée portant le nom de Sam Ibn Nouh (Sem fils de Noé), le père des peuples sémites.
De nos jours, cette rue, ainsi que les ruelles avoisinantes, sont bordées de boutiques qui vendent du coton qui est livré aux commerçants dans de grands sacs de jute.
Ce coton sert toujours à la fabrication des matelas pour les lits, les canapés et les coussins, éléments indispensables dans toutes les maisons égyptiennes. Mais les matelassiers, bien qu'ayant des ateliers, se rendent souvent dans les maisons pour exécuter leur travail. Quant aux arçonniers, ces artisans ont disparu de ce quartier. Autrefois, dans le Caire ancien, chaque corporation avait son quartier ou sa rue, et c'était le cas pour les menagguedin.
Atfet Ahmed El-Mahrouqui se trouve près de la rue El-Menagguedin non loin de la porte de Zouweïla à l'intérieur du Caire fatimide. Cette ruelle porte le nom d'un riche commerçant du Caire de la fin du XVIIIème et du début du XIXème siècles.
Ahmed El-Mahrouqui était le chef des commerçants de la ville du Caire. En 1798, il partit à la Mecque pour le grand pèlerinage. A son retour, il trouva les Français en Egypte. Bonaparte le chargea de fournir à l'armée française ce dont elle avait besoin et il fut nommé au divan constitué par le nouvel occupant de l'Egypte.
Après le départ des Français, Ahmed El-Mahrouqui se soumit au pouvoir ottoman et aux Mamelouks. Il devint un des grands hommes du pays. Sa maison était devenue un rendez-vous pour tous. Il fut le directeur de l'Hôtel des monnaies au Caire.
En cette période troublée, que vécut Ahmed El-Mahrouqui, il sut toujours se mettre du bon côté tant son sens politique et diplomatique était grand. Bien entendu, il subissait des contraintes. Il fut ainsi obligé d'équiper douze nouveaux officiers et leurs troupes : chevaux, fourrures, habits, bottes, or et argent. Pour le remercier, le pacha lui donna le fief de Farascour près de Damiette. Un jour, Ahmed El-Mahrouqui invita le pacha à déjeuner chez lui. Lorsque le pacha eut quitté sa maison, il lui envoya son fils Sayed Ahmed, chargé de présents pour le remercier d'avoir bien voulu venir en sa demeure: des étoffes d'Inde, des pierreries, des bijoux, des tapis de Perse et des chevaux équipés.
Ce même jour, c'était en 1804, Ahmed El-Mahrouqui passa la soirée chez lui lorsque tout à coup il eut des frissons. Au bout d'une heure, il rendit le dernier soupir.
Le lendemain matin, alors que le décès avait été gardé secret, son fils Sayed monta à la Citadelle prévenir le pacha. La nouvelle se répandit en ville.
Les funérailles d'Ahmed El-Mahrouqui furent célébrées avec une pompe digne de son rang, écrit Abdel Rahman El-Djabarti dans ses chroniques.

Sunday, November 20, 2011





La rue Boustan 
El-Maksi à Faggalah




Jésuites - Photo 1901
 
La rue Boustan El-Maksi se trouve dans le quartier de Faggalah entre l'avenue Ramsès et la rue Linant pacha qui passe devant la cathédrale grecque catholique.
Cette rue doit son nom à des jardins (boustan) qui se trouvaient en bordure du quartier d'El-Maks qui s'étendait autrefois entre la porte de Bab El-Bahr (ou Bab El-Hadid) et le Nil à la suite du retrait du fleuve vers l'ouest.
En bordure de cette rue, les Pères Jésuites ouvrirent le Collège de la Sainte Famille en 1889. En 1882, ils avaient acheté un vaste terrain en bordure du canal d'Ismaïlieh pour y construire ce Collège. A cette époque, la région de Faggalah était encore une campagne avec de nombreux jardins et quelques villas.
Les Pères Jésuites étaient arrivés en 1879 en Egypte. Ils louèrent d'abord une maison dans le quartier du Mousky où se trouvaient de nombreuses résidences étrangères et les églises des différentes communautés catholiques. Très vite, cette maison devint trop petite et une famille copte catholique leur donna un local un peu plus vaste où ils reçurent quelques séminaristes pensionnaires. A la demande des Chrétiens du quartier, ils admette des élèves laïcs externes.
Le Collège de la Sainte Famille, qui comptait alors 282 élèves, fut transféré dans les locaux actuels en 1889.
Au fond de la rue Boustan El-Maksi se trouve la cathédrale grecque catholique construite à l'emplacement du palais de Linant de Bellefonds. Sakakini pacha avait fait l'acquisition du palais de Linant de Bellefonds dans le quartier de Faggalah au Caire, peut-être à la suite de son décès au mois de juillet 1883. Sakakini fit don de ce palais à la Communauté grecque catholique pour y construire une cathédrale et un patriarcat.
Breton et Lorientais d'origine, Linant de Bellefonds arriva en Egypte en 1818. Pendant sa longue carrière de 65 années dans le pays, il eut une activité débordante: cadastre et cartes hydrauliques de la Haute-Egypte, réfection du réseau d'irrigation, plan de la construction du Barrage de Mohamed Ali, mais qui ne fut pas retenu, plans et dessins du Canal de Suez dont Ferdinand de Lesseps s'appropria en 1844, construction de la route entre le Caire et Suez, etc...
Linant de Bellefonds fut l'un de ces nombreux Français qui servirent l'Egypte au XIXème siècle.
G.V.


Le carrefour du birket
El-Qarmout au Caire
 
 
Le birket El-Qarmout, un petit étang, se trouvait pratiquement à la jonction actuelle des rues Emad Eddine et Naguib El-Rihani. Cet étang fut formé lors du retrait des eaux du Nil, entre les XIIème et XIIIème siècles. Le fleuve arrivait pratiquement jusqu'à Bab El-Bahr, une porte encore appelée El-Hadid.
Les terres, à la suite de recul du fleuve en direction de l'ouest, furent occupées par des jardins. Au XIVème siècle, le sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun fit aménager ce quartier en creusant un canal depuis le Nil, au sud jusqu'au khalig El-Nassiri vers l'est. Ce canal traversait le birket El-Qarmout d'où partait un autre petit canal en direction du Qantaret El-Dekka et du grand lac de l'Ezbékieh.


Ce quartier, autour du birket El-Qarmout, fut particulièrement florissant à l'époque ottomane. Les émirs y construisirent de charmants kiosques au milieu des jardins. Ils y tenaient des réunions avec les poètes du Caire et les gens de lettres. Vers la fin du XIXème siècle, le petit étang fut comblé ainsi que les canaux. Le quartier changea d'aspect.
Le premier bâtiment moderne à être construit à cet emplacement fut le club des Princes, un édifice réalisé par l'ingénieur A. Lasciac en 1898. Ce club fut, par la suite, occupé par l'Empire Services Club.
Ce dernier était fréquenté par la haute société du Caire. Il était situé au 186 de la rue Emad Eddine au coin de cette rue et de celle du Qantaret El-Dekka, aujourd'hui Naguib El-Rihani.
Ce club comprenait, au rez-de-chaussée, un vaste bar, le café de Paris. Ses étages comportaient de nombreuses activités avec son cabaret avec orchestre. Parfois, les grands hôtels de l'Ezbékieh et de la rue Ibrahim pacha prenaient le Club en location pour certaines soirées.
Autour de ce carrefour, à l'emplacement du birket El-Qarmout, se trouvaient encore le Studio Misr, le cinéma Cosmo, le Regal Dancing Cabaret et le Doll's Cabaret avec son music-hall.
De nos jours, les activités de ce carrefour ont beaucoup changé. Le Club est occupé par des magasins, des bureaux, et quelques appartements résidentiels, le Studio Misr existe mais est fermé, tandis que le cinéma Cosmo a laissé la place à un grand immeuble.
Même le nom de birket El-Qarmout a disparu de la terminologie cairote.

 
G.V.



La rue teraa El-Boulakiya
 
Une des rues du quartier de Choubra au Caire s'appelle teraa El-Boulakiya, celle du canal de Boulac. En effet, elle occupe l'emplacement d'un ancien canal qui partait du Nil au sud de Boulac pour aller rejoindre vers le nord le canal d'El-Galada.
Ce dernier canal irriguait de nombreux jardins dont ceux d'El-Khalafaoui où les califes fatimides avaient établi une résidence de campagne. Une rue porte encore le nom des Mamelouks, ce qui prouve, peut-être, que les sultans mamelouks continuèrent à fréquenter cette résidence campagnarde qui était encore arrosée par le canal d'El-Boulakiya.
Choubra

Un peu plus au nord d'El-Khalafaoui se trouvait un autre secteur appelé Miniet El-Sirag, une sorte de triangle situé entre trois canaux, ceux d'El-Boulakiya, d'El-Galada et d'El-Dakar. Ce dernier canal était une branche d'El-Boulakiya.
A l'embranchement des deux canaux d'El-Boulakiya et d'El-Dakar, un pont avait été construit portant le nom de Qantaret Miniet El-Sirag. Dans ce triangle se trouvait un monastère de moniales coptes portant le nom de saint Georges qui est mentionné dans les anciennes listes des églises et des couvents.
Tous ces canaux dont il a été question furent comblés à la fin du XIXème siècle et le pont de Miniet El-Sirag n'existe plus. Ces deux quartiers d'El-Khalafaoui et de Miniet El-Sirag sont situés à l'est de la grande rue de Choubra.
Au mois de septembre 1896, les fonctionnaires des services sanitaires voulurent empêcher les riverains d'El-Boulakiya de puiser de l'eau dans le canal, car elle était impropre à la consommation, mais ce fut en vain.
L'urbanisation résolut le problème car dans les dernières années du XIXème siècle le canal fut comblé en raison de l'urbanisation et il laissa la place à une rue qui porta le nom de teraa El-Boulakiya.
Cette rue, tracée sur la largeur de l'ancien canal, devint vite trop étroite et elle fut élargie au mois de juillet 1956. Sans le nom de cette rue, les habitants de Choubra ignoreraient qu'un canal existait portant le nom d'El-Boulakiya.
G.V.

Sunday, November 13, 2011




Le quartier résidentiel très chic,
devenu une zone populaire

En plus de cent ans d'existence, Zeitoun s'est totalement transformé

Zeitoun, le quartier des oliviers, a perdu sa beauté d'antan et les champs plantés d'oliviers ne sont plus. Pourtant il s'en trouvent dans quelques jardins entourant des villas vétustes. Ce quartier est maintenant desservi par le métro du Caire.

par : Gérard Viaud
En plus de cent années d'existence, le quartier de Zeitoun au Caire s'est totalement transformé. De ce quartier résidentiel très chic, il est devenu une zone populaire dans laquelle subsistent toutefois quelques villas entourées de jardins qui attendent la pioche des démolisseurs afin de céder la place à des immeubles modernes. Vers la fin du XIXème siècle, une ligne de chemin de fer longeait des jardins et des champs vers le nord-est du Caire et côtoyait le désert. De temps à autre, des groupes de villas émergeaient au milieu de la verdure dans laquelle les oliviers dominaient. Ces villas étaient presque toutes occupées par de riches employés du gouvernement ou par des étrangers.

L'arbre de la sainte vierge a Zeitoun
étape de la sainte famille en Egypte

A Zeitoun, Yassa bey Ibrahim aménagea un vaste jardin compris entre les rues Sélim El-Aoual, Mansour, Toumambaï et Sennan. Son frère Khalil pacha Ibrahim construisit sur une partie de ce jardin une série de villas toutes de même forme, ainsi que l'église copte orthodoxe. En 1895, les Pères des Missions Africaines choisirent de créer une mission. Les Pères commencèrent par acheter une maison dont l'étage servait de résidence et le rez-de-chaussée de chapelle provisoire. Ils ouvrirent une école pour garçons le 17 septembre 1903 qui fut cédée aux Frères des Ecoles chrétiennes en 1912. Cette maison et celle école se trouvaient en bordure de l'actuelle rue Toumambaï.
Le 15 août 1922, ce fut à Zeitoun une fête à l'occasion de la bénédiction de la nouvelle église paroissiale de Zeitoun et la cérémonie fut présidée par Mgr Jules Girard. Cette église fut construite sur une partie du jardin appartenant à Yassa bey Ibrahim. Au mois de septembre 1896, les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres fondèrent une Institution. Le 1er janvier 1907, une épidémie de diphtérie éclata à Zeitoun. Les annonces de morts se suivaient rapidement.
Le 6 janvier, les services sanitaires vinrent désinfecter la maison et les classes des écoles.



Olivier a Zeitoun

En 1914, l'Angleterre profita de l'alliance turco-germanique pour établir officiellement son protectorat sur l'Egypte. Le 20 décembre 1914, l'Egypte était devenue un sultanat, pour bien marquer son indépendance à l'égard du sultan de la Sublime Porte, avec Hussein 1er qui avait remplacé le Khédive Abbas II Helmi qui était à Constantinople depuis le 20 mai 1914 et que les Anglais empêchaient de revenir en Egypte. Le 19 décembre 1914, le Khédive avait été démis de ses fonctions par le gouvernement de Londres, mais il avait cherché à reprendre le pouvoir.
Les Anglais jugeaient Abbas II Helmi trop nationaliste et trop proche du gouvernement ottoman. En effet, il avait fait cause commune avec les ennemis de Sa Majesté britannique.
Durant les quatre années de guerre, l'Egypte connut une période de prospérité en raison de la présence des troupes alliées
Les autorités britanniques installèrent de vastes camps de soldats dans le désert entre le Caire, Héliopolis et Zeitoun et même jusqu'à Matarieh. De nombreux soldats étaient originaires de Nouvelle-Zélande, d'Australie, d'Irlande et d'Angleterre. Ces installations étaient devenues urgentes afin d'éviter une invasion de l'Egypte par les forces ottomanes alliées à l'Allemagne.
Au courant de l'année 1919, Zeitoun reçut deux visites importantes. Le 9 janvier, ce fut celle du cardinal Bourne, archevêque de Westminster, et le 21 novembre, le délégué du Saint Siège, Mgr Couturier.
Le soir du 8 décembre 1921 la pluie se mit à tomber pendant toute la nuit et le jour suivant, si bien que tout le quartier de Zeitoun fut inondé. Tout le monde se mit à évacuer l'eau à l'abri de parapluies, car il pleuvait comme dans la rue.
A Zeitoun, comme à peu près dans toute l'Egypte, les dégâts causés par ces pluies torrentielles furent considérables et d'innombrables maisons durent être réparées.
Le 20 mars 1928, le président du Syndicat des journalistes français et sous-directeur du Comité de propagande française à l'étranger, M. François Veuillot, donna une conférence à Zeitoun sur les activités féminines en France et il exalta le rôle de la jeune fille dans son foyer et dans la société. M. Veuillot enthousiasma son auditoire.
Selon la tradition copte, la Sainte Famille serait passée à Zeitoun et se serait arrêtée dans un champ planté d'oliviers où fut construit par la suite une petite église pour commémorer l'événement.
Par la suite, l'histoire de Zeitoun se serait arrêtée, pour se confondre avec celle de n'importe quel quartier du Grand-Caire, si un événement était survenu avec les apparitions de la Vierge Marie à l'église copte orthodoxe de Zeitoun en 1968.
En effet, à partir du 2 avril de cette année-là, les gens du quartier, Musulmans et Chrétiens, commencèrent à voir la Vierge apparaître au-dessus des coupoles de la petite église. Tout commença le 2 avril vers trois heures du matin quand les ouvriers d'un garage voisin de l'église aperçurent une femme marchant sur le rebord de la terrasse de l'église.
Les ouvriers commencèrent par interpeller cette femme pour la mettre en garde contre le danger qu'elle courait à marcher ainsi. Mais ils se rendirent compte que c'était une vision de lumière qui disparut au bout d'un certain temps. A partir de cette date, les foules se rassemblèrent chaque soir à Zeitoun pour apercevoir cette forme lumineuse et tous furent convaincus que c'était la Vierge. Ces apparitions furent confirmées par le patriarche copte orthodoxe Chenouda III et une fête fut instituée le 2 avril de chaque année pour commémorer le début de ces apparitions.
Une grande cathédrale a été construite non loin de la petite église et nombreux sont les pèlerins qui se rendent chaque année à Zeitoun.
Une charmante histoire est rattachée à Zeitoun. Sur le grand terrain de 3.000 mètres carrés que les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres avaient acheté pour construire leur pensionnat, les Sœurs entretenaient une vache qui donnait son lait et permettait de faire tourner la saquieh pour arroser le jardin.
Mais, un beau jour, la vache donna naissance à un veau. Selon l'habitude française, le veau lui fut retiré. La vache se fâcha et ne donna plus son lait pendant au moins une année. Dans le jardin, du côté de la rue, il y avait une superbe treille qui donnait de beaux raisins. Un jour, les Sœurs trouvèrent sur la teille deux messieurs qui picoraient les raisins. Une d'elles se hasarda à leur demander s'ils trouvaient le raisin bon. Honteux et confus, ils quittèrent leur perchoir en disant: "Mille pardons, madame, mille pardons!".
A cette époque, la Compagnie des eaux ne fournissait pas encore la région de Zeitoun et chaque maison devait avoir sa saquieh mue par une vache. La Roussette des Sœurs remplissait ce pénible travail.
Un jour, Salem, un jeune homme de 18 ou 19 ans qui s'était attaché au service de la communauté, fouetta rudement Roussette qui, effrayée, tomba dans le puits de la saquieh. Salem se précipita à son secours et des hommes vinrent l'aider. Mais Roussette mourut pendant qu'elle était hissée hors de la saquieh. Toute la communauté accourut pour voir ce qui se passait. Deux religieuses françaises, de passage à Zeitoun, témoin de l'accident furent toutes bouleversées.
Une voisine, Mme Gripon, en entendant tout ce bruit autour de la saquieh, accourut à son tour et elle se trouva devant le cadavre de la vache qu'elle avait vendue aux Sœurs. Elle se mit à pleurer en disant au milieu de ses larmes: "Roussette, ma Roussette, ma fille, ma pauvre fille!".
Pour la communauté, ce fut une grande perte qui fut suivie de plusieurs autres. En effet, les roues de la saquieh brisèrent les jambes d'une nouvelle vache et plusieurs autres périrent épuisées par un travail trop pénible. Heureusement, en 1899, la Compagnie des eaux s'installa à Zeitoun et mit fin, par le fait même à ces pertes de vaches et à ces soucis.

Quand l'été est caniculaire et la chaleur suffocante
Le "Sébil" reste une merveilleuse fontaine
 
La chaleur suffocante fait que la population est toujours à la recherche de quoi s'abreuver. Quoi de plus désaltérant qu'un peu d'eau fraiche pour étancher sa soif par cet été caniculaire.
Quand on sillonne les rues du Caire, dans presque tous les quartiers, devant certains immeubles, près d'un arbre, on trouve ces grosses cruches à la panse énorme qui ne sont autre que les "zirs". L'eau que l'on y met est toujours fraîche. Recouverts d'une planche en bois sur lequel est posé un quart en métal, il offre aux passants assoiffés quelques gorgées d'eau fraiche. Plus moderne, certains commerçants et propriétaires de locaux ont construit des mini-lavabos avec quelques robinets pour servir dans le même but. Toutes ces habitudes sont apparues après la disparition de ce qui représentait un des joyaux de l'architecture islamique le "Sébil".
Photo Sharobim

Du temps de l'Empire ottoman on comptait plus de 300 fontaines publiques. Enfoncée dans une facade d'immeuble où à l'angle d'un édifice on pouvait remarquer au haut de l'étage où se trouvait le "Sébil" le "kouttab" école coranique. Construit en pierre, le "Sébil", garni d'arcades souvent ouvragées présente au passant à travers des vasques son eau retenue dans de grandes citernes souterraines. Avant 1860, les porteurs de gourdes en peau de chèvres sillonnaient les rues du Caire afin de vendre l'eau potable.
Pour les amoureux d'art islamique ils peuvent aller flaner dans toute la rue Muiz El-Dine, rue Port-Said; là, ils pourront en admirer au moins 92 dans le vieux Caire. Les deux tiers de ces Sébils aux alentours de la Citadelle datent des 16ème et 17ème siècle. Le "Sébil" mamelouk" rectangulaire à grilles carrées se trouve dans l'ensemble architectural du sultan Qalaoun et Ghouri ainsi que celui du sultan Qaitbey. Quant aux fontaines ottomanes, elles sont de forme arrondie et les grilles sont ouvragées et dotées d'auvant en bois sculpté. Vous pourrez aller admirer le Sébil kouttab de Néfissa Baida (1796)face à la mosquée Al- Mouayad. Quant à celui de Oum Abbas ( 1867) il se trouve presqu'en face du Sébil Qaitbay.
En les comparant avec les "fontaines modernes" construites aujourd'hui dans les rues du Caire on ne peut que se dire que l'intention est bonne de penser à ceux qui ont soif et qui financièrement parlant ne peuvent pas, toujours étancher leur soif à coup de bouteilles de boissons gazeuses. Même certaines stations de métro sont dotées de quelques robinets "coldair". Seulement combien il aurait été plus agréable, qu'au lieu de ces laideurs, combien même, bien intentionnées, de faire appel à nos jeunes talents sortis fraichement de la faculté d'architecture. Laissons leurs inspirations, planter à travers les rues du Caire les "Sébil" du 21 èmé siècle.
L' ancienne chanson disait: "Atchane ya sabaya dellouni alal sébil". J'ai soif ô jeune montre moi le chemin du sébil.

Saturday, November 12, 2011



L'île de Roda au Caire

Dans les premières décennies du XIXème
siècle, Ibrahim pacha fit dessiner un jardin au Manial
Les merveilleux jardins
de l'île de Roda au Caire


Sur une carte de la ville du Caire datant de 1875, l'île de Roda était couverte de jardins avec des spécimens d'arbres et de plantes rares comme le figuier des pagodes de l'Inde, appelé aussi arbre des banians, l'ébénier, le bois de rose, le bois de satin, le bois d'acajou, le tamarinier, le sagoutier, l'arbre à suif, etc... Maintenant cette île a été urbanisée.Les premières constructions furent le Nilomètre, les casernes des Mamelouks puis le palais du Manial. De tous ces jardins il ne subsiste que celui du Manial et du Nilomètre.
Sur l'île de Roda se trouve le Nilomètre appelé Mikyas en langue arabe. Avant la construction du Grand-Barrage d'Assouan, en 1960, ce Nilomètre avait une grande importance pour mesurer en pics et en quirats (ou en coudées) la montée des eaux du fleuve dont dépendait la prospérité de l'Egypte.
Selon la légende, un premier Nilomètre aurait été construit en ce lieu par Joseph, le fils de Jacob, quand il était ministre du pharaon, c'est-à-dire vers 1500 avant Jésus-Christ.
Historiquement, le Nilomètre de Roda fut construit en 715 sous le règne du calife omeyyade Soleiman Abdel Malek. 
Ce Nilomètre fut restauré en 815 par le calife El-Mamoun. Ayant été renversé par une forte crue en 859, le calife El-Moutawakil le fit reconstruire.
En 1092, le calife fatimide Moustansir restaura le Nilomètre qui resta dans le même état jusqu'à l'expédition française de Bonaparte en 1798. Des Mamelouks s'y étaient retranchés et les troupes françaises, en donnant l'assaut à cette forteresse improvisée, détruisirent en partie le Nilomètre. Il fut, par la suite, reconstruit tel que nous le voyons actuellement.
La coupole à multiples faces et pointue qui domine le Nilomètre et les jardins du palais voisin de Monasterly, fut reconstituée d'après une ancienne gravure du voyageur et architecte danois Norden qui visita l'Egypte en 1739. De style pyramidale, cette coupole avait été détruite accidentellement en 1825 à la suite de l'explosion d'une poudrière qui se trouvait non loin de là. Cette poudrière avait été installée par l'architecte français Pascal Coste chargé alors par Mohamed Ali de fournir les munitions à l'armée égyptienne. La coupole du Nilomètre fut reconstruite d'après l'ancienne gravure de Norden.
Près du Nilomètre se trouve le palais Monasterly construit vers 1850. Ce palais fut le premier siège de la Ligue arabe au Caire en 1947 et il dépend maintenant du ministère de la Culture. La famille de notables Monasterly se constitua en gardienne du Nilomètre.
Vue du Nil (Roda)

Ce palais est devenu un Centre culturel. Non loin du Nilomètre, une maison vient d'être transformée en Musée d'Oum Kalsoum. Ces différents éléments font donc de l'extrémité sud de l'île de Roda un important centre culturel et touristique.

Le sultan Saleh Negm Eddine Ayyoub fit acheter un grand nombre d'esclaves sur les marchés au nord de la mer Noire, dans le Caucase et aux environs de la mer Caspienne. 
Robustesse, sveltesse et beauté, voilà les conditions que le sultan avait posées à ses émissaires chargés d'acheter ces esclaves.
Le sultan logea ses esclaves dans des casernements construits sur l'île de Roda en face de la ville du Caire. Comme ils habitaient au milieu du fleuve (Bahr en arabe) ces premiers Mamelouks, un mot désignant les esclaves, furent appelés "Bahrides".
Dans les premières décennies du XIXème siècle, Ibrahim pacha, le fils du Grand Mohamed Ali, fit dessiner un jardin au Manial. Il y fit planter des arbres et des arbustes aux essences variées sur une superficie de plus de 60.000 mètres carrés.
Cette partie de l'île de Roda se fit appeler Manial en raison de la présence d'une résidence d'un émir mamelouk qui portait ce nom.
Parmi les espèces d'arbres et d'arbustes plantées dans le jardin du Manial, il y avait le figuier des pagodes d'Inde, encore appelé banian, l'ébénier, le bois de rose, le bois de satin, le bois d'acajou, le tamarinier, le sagoutier, l'arbre à suif, les différents palmiers et les espèces innombrables de cactus.
Le jardin est très beau avec des collections d'arbres tropicaux, de plantes rares et des fleurs. Il y a des bambous gigantesques de plus de 20 mètres de haut. Parmi les plantes rares de ce jardin, il faut citer les cocos flexuosa, les latanias borbonica, les eucalyptus globulus, les framboisiers, les tamaris, les manguiers, les papayers, les mimosées, les bananiers et bien d'autres encore. Il y a encore un coin pour les différentes espèces de cactus.
Vers la fin du XIXème siècle, ce jardin était quelque peu abandonné. Le prince Mohamed Ali Tewfick jeta son dévolu sur ce jardin pour y construire un palais dans la partie nord-est.
Les travaux de construction du palais commencèrent en 1901 pour ne s'achever qu'en 1929. Par la suite, le prince Mohamed Ali poursuivit des travaux d'embellissement. Il voulut qu'après sa mort son palais fut transformé en Musée. Mohamed Ali était né au Caire le 9 novembre 1875. Il était le fils du Khédive Tewfick, et le frère du Khédive Abbas II Helmi. Il était ainsi le petit fils du Grand Mohamed Ali le fondateur de la dynastie.
Mohamed Ali avait épousé une Française, Alice Imond. Entre ses nombreux voyages à l'étranger, il résidait en son palais du Manial avec son épouse. Il y habita jusqu'à son départ en exil, le 17 septembre 1952 à la suite de la Révolution du mois de juillet qui avait renversé le roi Farouk. Le prince Mohamed Ali mourut en Suisse en 1954.
Le Musée des animaux du Manial fut installé tout d'abord en 1962 par le roi Farouk à Inchass puis transféré au Manial.
Il existe encore un Musée qui fut inauguré en 1938. Il présente des souvenirs du prince Mohamed Ali dont un calendrier portant encore la date du 16 septembre 1952, date du départ du prince.

G.V

Friday, November 11, 2011



Une nouvelle ville créée par le baron Empain
Ville du Soleil, l'ancienne cité d'Héliopolis 
renait au XXème siècle
L'ancienne cité d'Héliopolis, qui se dressait dans les régions de Matarieh, Zeitoun et Aïn Chams, a survécu dans la nouvelle Héliopolis. A l'aube du XXème siècle, lorsque le baron Edouard Empain jeta son dévolu sur l'emplacement actuel d'Héliopolis, cette région n'était qu'un désert. Ce fut en 1904, au cours de l'un de ses voyages en Egypte, que ce grand industriel belge conçut le projet de fonder Héliopolis. Le 13 mai 1905, le baron Empain acheta 2.500 hectares de désert, surface qui fut portée par la suite à 8.000 hectares. 

par : Gérard Viaud

Ces achats furent financés par les immenses fortunes du baron Empain et de Boghos pacha Nubar. Il choisit pour sa fondation, le nom d'Héliopolis en raison de la proximité de l'ancienne cité d'Héliopolis, la ville du Soleil, nom que les Grecs avaient donné à la cité pharaonique de On.
La ville de On doit son origine au culte du dieu Ra en Egypte dès les premières dynasties. Bien qu'elle fut la capitale du XIIIème nom de la Basse-Egypte, cette ville ne joua pas un rôle important dans la vie politique du pays, ses activités étant surtout orientées vers l'élaboration théologique des dogmes de la religion égyptienne.
La cité de On fut citée à différentes reprises dans la Bible comme dans Ezéchiel 30: 17 ou dans Isaïe 19: 18. Elle fut saccagée en partie par Nabuchodonosor en 568 avant Jésus-Christ et ruinée par Cambyse en 525. La vaste plaine d'Héliopolis fut un champ de bataille à plusieurs reprises au cours de sa longue histoire. En 524 avant Jésus-Christ, le Perse Cambyse, arrivant par le désert oriental, s'apprêtait à envahir l'Egypte, mais ses troupes furent stoppées par une forte résistance égyptienne à l'orée du Delta près de la ville de On. En effet, Cambyse avait mis le siège devant la cité. Les habitants de On, pour tenter de briser ce siège, décidèrent une sortie. La bataille fut terrible, mais les défenseurs de la cité succombèrent sous les coups de l'envahisseur et la ville tomba entre les mains de Cambyse. Les temples et les monuments de la cité furent détruits.
Il y a 2000 ans, l'ancienne cité d'Héliopolis reçut la visite de la Sainte Famille.
La ville soleil

Au terme de son périple dans le Delta, la Sainte Famille arriva à Héliopolis où les 365 statues de la ville s'écroulèrent devant Jésus et sa mère. Les voyageurs allèrent ensuite trouver refuge sous un sycomore qui ouvrit son tronc pour abriter la mère et l'enfant qui fit jaillir une source d'eau.
Dès le IVème siècle, une chapelle avait été construite près de l'arbre de la Vierge. Une table de pierre, servant d'autel, était placée devant une niche où brûlait une lampe. Détruite à plusieurs reprises, cette chapelle devint la propriété des Franciscains en 1597. En 1660, la chapelle fut transformée en mosquée, mais les Chrétiens pouvaient venir y prier.
En l869, le Khédive Ismaïl acheta le jardin de baumiers, où se trouvait l'arbre de la Vierge, la source et la chapelle, et il l'offrit à l'impératrice des Français Eugénie venue en Egypte pour l'inauguration du Canal de Suez. Abandonnée par la suite, la chapelle tomba en ruines et les Jésuites construisirent non loin une chapelle moderne qui fut consacrée le 6 décembre 1904.
Quant à l'arbre de la Vierge, il eut aussi son histoire. Il aurait été planté par la reine Cléopâtre au milieu d'un jardin de baumiers.
Près de l'arbre, se trouve une auge en pierre dans laquelle la Vierge aurait pétri son pain et une autre pour laver son enfant. La source, un moment disparue, a été dégagée et restaurée avec les structures destinées à recevoir la saquieh. Les femmes qui veulent être enceintes passent sur le pont se trouvant entre les deux ouvertures de la source.
L'arbre et la source sont enfermés dans un enclos qui est un lieu historique et classé par le Conseil supérieur des antiquités.
En 640 après Jésus-Christ, les troupes d'Amr Ibn El-As se présentèrent aux portes de l'Egypte afin de libérer le pays de l'occupation byzantine. Au mois de juillet 640, une sanglante bataille se déroula dans la plaine d'Héliopolis entre les armées arabe et byzantine. Cette défaite des Byzantins ouvrit à Amr Ibn El-As les portes de l'Egypte.
En 1517, la plaine d'Héliopolis redevint un champ de bataille entre les armées ottomanes de Sélim 1er et les Mamelouks qui furent battus.
En 1800, les troupes ottomanes s'avancèrent jusqu'à la plaine d'Héliopolis afin de tenter de déloger les Français d'Egypte. Le 20 mars 1800, les troupes du général Kléber donnèrent l'assaut et la victoire française, fut totale.
Ce fut ainsi près d'une antique cité, d'un souvenir de la Sainte Famille et d'un champ de bataille que le baron Empain décida de construire la nouvelle Héliopolis.
En 1906, le baron Empain, promoteur de la Société des Oasis d'Héliopolis et président de son Conseil d'administration, entreprit d'édifier cette nouvelle cité dans le désert. Il alla trouver Mgr Augustin Duret à Choubra, nouvel évêque du vicariat apostolique du Delta du Nil, et il lui proposa de construire une cathédrale en plein centre de la nouvelle cité à condition que l'évêque accepterait de résider à Héliopolis.
Mgr Duret accepta cette proposition conditionnée et le 24 novembre 1910 le Vatican donna son feu vert à l'évêque.
Dans un coin de cette mer de sable qu'on appelait le désert d'Arabie et qui commençait aux portes du Caire pour aller finir à Suez et à la mer Rouge, s'éleva, comme par enchantement, une opulente forêt de coupoles, de dômes, de tours et de pignons en arabesques: gracieuse floraison du vieux style arabe. Cette ville, sortie des sables du désert, excite toujours l'admiration, par ses quartiers féeriques en styles arabe, hindou, chinois et japonais, par ses monuments imposants, ses avenues spacieuses, sa position sanitaire et son orientation. Elle est, de plus, reliée au Caire, dont elle fait désormais partie, par un métropolitain.
Héliopolis fut une création exemplaire et unique au Caire grâce à la personnalité de son auteur le baron Empain. Tout la distingue des réalisations faites à cette époque: le plan d'abord, inspiré des cités jardins, le fort marquage de son centre autour de la basilique, ses infrastructures et ses équipements sportifs, scolaires et hôteliers, ses espaces verts, l'originalité de ses habitations et des règlements d'urbanisme très précis qui ont présidé à sa construction.
Tous ces éléments font d'Héliopolis un ensemble urbain très cohérent au contraire de toutes les réalisations de la même époque.
En 1931, Héliopolis, autour de sa basilique, possédait son Palace Hôtel (devenu palais présidentiel), son palais hindou du baron Empain, son hippodrome, des jardins et des parcs, son Sporting Club, ses cinémas, ses mosquées, ses églises et ses nombreuses écoles. M. le baron Empain pour recevoir l'église byzantine, réduction de Sainte Sophie de Constantinople, dont il veut doter l'opulente cité et qu'il destine, dans sa pensée, à devenir la cathédrale de Mgr Duret.
Ce monument, qui a été le couronnement chrétien de cette oeuvre gigantesque, s'élèvera non loin de l'antique "Ville du Soleil" (Héliopolis), où Moïse fut formé dans la science des Egyptiens, près de Matarieh où la tradition fait arrêter la Sainte Famille. Le baron Empain se fit construire à Héliopolis un palais de style hindou qui dénote un peu au milieu des palais et des villas de style arabe.
Quand il mourut en Belgique en 1937 selon son testament il voulut être enterré en Egypte. Sa dépouille mortelle fut transportée jusqu'en son palais et une procession solennelle le conduisit en la basilique d'Héliopolis. Il repose dans un caveau situé en dessous du choeur de la basilique.
L'Egypte possède une basilique dédiée à Notre-Dame de Fatima. La première pierre de cette basilique à Héliopolis fut posée le 7 novembre 1951 par le patriarche chaldéen catholique Joseph II Ghanima. Ce sanctuaire fut achevé en 1953 et la première messe y fut célébrée le 13 mai de cette même année en la fête de Notre-Dame de Fatima.
Les travaux de construction furent menés sous la direction du vicaire patriarcal chaldéen, Mgr Emmanuel Rassam, et l'architecte Charles Ayrout.
Non loin de Notre-Dame de Fatima, se trouve le Foyer de la Vierge Marie à Héliopolis pour les personnes âgées.
En 1955, les religieuses abandonnèrent leur maison de Choubra pour aller s'installer dans un bâtiment neuf et spacieux à Héliopolis, dans un quartier relativement calme non loin de l'église de Notre-Dame de Fatima. Cette nouvelle maison, au milieu d'un jardin, pouvait accueillir jusqu'à 220 personnes. C'est l'actuel Foyer de la Vierge pour les personnes âgées qui est dirigé par neuf religieuses coopérant avec une vingtaine d'employés.
En 1956, un dispensaire fut adjoint à ce Foyer. Il reçoit chaque jour de nombreux malades du quartier dans ses différents services: médecine générale, gynécologie, petite chirurgie, soins dentaires, etc... Plusieurs médecins collaborent avec ce dispensaire.
Le Nilomètre de Roda
 
La rue El-Miqyas se trouve sur l'île de Roda et elle conduit au Nilomètre appelé Mikyas en langue arabe.
Selon la légende, un premier Nilomètre aurait été construit en ce lieu par Joseph, le fils de Jacob, quand il était ministre du pharaon, c'est-à-dire vers 1500 avant Jésus-Christ.
Historiquement, le Nilomètre de Roda fut construit en 715 sous le règne du calife omeyyade Soleiman Abdel Malek.
Ce Nilomètre fut restauré en 815 par le calife El-Mamoun. Ayant été renversé par une forte crue en 859, le calife El-Moutawakil le fit reconstruire.

Le Nilomètre de Roda Photo Sharobim
En 1092, le calife fatimide Moustansir restaura le Nilomètre qui resta dans le même état jusqu'à l'expédition française de Bonaparte en 1798. Des Mamelouks s'y étaient retranchés et les troupes françaises, en donnant l'assaut à cette forteresse improvisée, détruisirent en partie le Nilomètre. Il fut, par la suite, reconstruit tel que nous le voyons actuellement.
La coupole à multiples faces et pointue qui domine le Nilomètre et les jardins du palais voisin de Monasterly, fut reconstituée d'après une ancienne gravure du voyageur et architecte danois Norden qui visita l'Egypte en 1739. De style pyramidale, cette coupole avait été détruite accidentellement en 1825 à la suite de l'explosion d'une poudrière qui se trouvait non loin de là. Cette poudrière avait été installée par l'architecte français Pascal Coste chargé alors par Mohamed Ali de fournir les munitions à l'armée égyptienne. La coupole du Nilomètre fut reconstruite d'après l'ancienne gravure de Norden.
Ce Nilomètre de Roda est destiné à mesurer la hauteur de la crue du Nil. L'échelle est numérotée jusqu'à 17 coudées (une coudée = 0,540 mètre qui multiplié par 17 coudées = 9,187 mètres).
La crue du Nil était proclamée à 16 coudées.
Dans l'Egypte ancienne, chaque temple construit près du Nil possédait son Nilomètre.
Près du Nilomètre se trouve le palais Monasterly construit vers 1850. Ce palais fut le premier siège de la Ligue arabe au Caire en 1947 et il dépend maintenant du ministère de la culture. La famille de notables Monasterly se constitua en gardienne du Nilomètre.
Non loin du Nilomètre, un escalier descend jusqu'au fleuve et une tradition place en ce lieu la découverte de Moïse par la fille du pharaon. Sous le palais de Monasterly se trouveraient les ruines d'une église copte.
G.V.

Entre deux palais

Les deux lieux ont un très belle construction où se mélangent les styles 
mamelouk et ottoman
Le monde riche de Naguib Mahfouz
"entre deux palais" du Caire fatimide
La célèbre trilogie de Naguib Mahfouz se compose de trois romans: "Bein el-Qasrein" (1956), "Qasr el-Chouq" (1957) et el-Soukkaria" (1957). Ce qui est remarquable c'est que ces trois titres correspondent à des lieux du Caire fatimide où Naguib Mahfouz aimait à flâner. Tout le monde connaît le café Naguib Mahfouz dans la ruelle de Bab el-Badistan en plein centre du khan el-Khalili. Elle est coupée en deux par cette porte el-Badistan construite en 1511.


Par : Gérard Viaud

La rue Qasr el-Chouq commence sur l'artère de Gamaleïa, entre Bab el-Nasr et Sayedna el-Hussein, près de la mosquée de Mahmoud Moharrem construite en 1792. Cette rue passe derrière une autre mosquée, celle de Marzouq el-Ahmadi qui date du XVIIème siècle. Cette rue a donné son nom à un roman de Naguib Mahfouz qui appartient à sa trilogie célèbre.
Photo Sharobim

Cette trilogie se compose de trois romans: "Bein el-Qasrein" (1956), "Qasr el-Chouq" (1957) et el-Soukkaria" (1957). Ce qui est remarquable c'est que ces trois titres correspondent à des lieux du Caire fatimide où Naguib Mahfouz aimait à flâner. "Bein el-Qasrein", entre les deux palais, se trouvait au milieu de la grande rue Moëz Lidine Illah à l'emplacement actuel du palais de Bachtak et du sébil-kouttab d'Abdel Rahman el-Kathouda. C'était, à l'époque fatimide, une grande place encadrée de deux grands et beaux palais.
L'émir Bachtak fit entreprendre les travaux de ce palais en 1335 et ils furent achevés en 1339.
Sous le règne du sultan mamelouk el-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun, au XIVème siècle, un des puissants émirs de sa Cour était Seif Eddine Bachtak el-Nassiri. Cet émir fit ainsi construire un magnifique palais en bordure de la rue Moëz Lidine Illah à l'emplacement d'un ancien palais de l'époque fatimide.
Le palais de Bachtak fut restauré en 1986 par l'Organisme des antiquités égyptiennes en coopération avec l'Institut allemand d'archéologie du Caire. L'un des plus beaux sébiles du Caire est sans conteste celui d'Abdel Rahman katkhouda. Il fut construit en 1744 alors qu'Abdel Rahman était gouverneur du Caire, le katkhouda.
Ce sébile se trouve à l'angle des rues de Moëz Lidine Illah et Darb Qarmis dans le Caire fatimide là où se trouvait à l'époque fatimide la place de Bein el-Qasrein, les deux palais. C'est un très belle construction où se mélangent les styles mamelouk et ottoman. Chacune des trois façades est décorée d'arceaux supportés par des colonnes encadrant de larges fenêtres ogivales garnies de grilles ouvragés. dans le bas de ces grilles se trouvent des orifices permettant de puiser l'eau contenue dans des bassins. A l'étage supérieur est aménagé le kouttab, cette école coranique, entouré d'élégantes colonnettes et dont le plafond est richement décoré.
"Qasr el-Chouq", le palais des épines, a laissé son nom à une ruelle du quartier de Gamaleïa. Elle commence auprès de la mosquée de Mahmoud Moharrem. Il y avait en cette ruelle un palais où un marchand d'esclaves jetait les jeunes filles dans une fosse remplie d'épines si elles étaient récalcitrantes.
Quant à "el-Soukkaria", la ruelle des marchands de sucre, elle se trouve près de la porte de Zouweïla et du sébil-kouttab de Nafissa el-Baïda. Une très belle porte en ferme l'entrée en bordure de la rue Moëz Lidine Illah. Revenons à la rue Qasr el-Chouq. Au XIVème siècle, sous le règne du sultan mamelouk el-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun, il y avait au Caire un riche marchand d'esclaves qui s'appelait Magd Eddine Ibn Yacout el-Khawaga. Chaque année, Magd Eddine organisait des caravanes vers les pays slaves et jusqu'en Perse pour y acheter des esclaves, spécialement des jeunes filles les plus belles possible, et notamment des Circassiennes.
En revenant au Caire, Magd Eddine commençait par enfermer ses esclaves dans son palais pour leur donner une éducation conforme au rôle qu'elles allaient jouer avant de les revendre. Si l'une de ces jeunes filles était récalcitrante elle était jetée dans une fosse remplie d'épines. Les habitants du quartier, connaissant ce procédé, finirent par appeler le palais de Magd Eddine "Qasr el-Chouq" et le nom fut ainsi donné à la rue où se trouvait ce palais. Les jeunes esclaves, leur éducation achevée, étaient vendues sur les marchés du Caire. La rue et le palais el-Soukkaria se trouvent sur la gauche de la rue Moëz Lidine Illah non loin de la porte de Zouweïla. La rue est reconnaissable à une porte qui la fermait autrefois auprès du sébil-kouttab de Nafissa el-Baïda.
Cette rue el-Soukkaria était celle des marchands de sucre. Naguib Mahfouz y plaça le dernier roman de sa trilogie qui s'appelle d'ailleurs "el-Soukkaria".
En 1796, Nafissa el-Baïda fit construire une woukala et un sébil-kouttab près de cette ruelle et en bordure de la rue Moëz Lidine Illah juste en face de la mosquée d'el-Mouayyed.
Nafissa el-Baïda, encore appelée Nafissa el-Mouraddiya el-Baïda, était l'épouse de l'émir mamelouk Mourad bey qui partagea le pouvoir en Egypte avec Ibrahim bey jusqu'à l'arrivée des troupes françaises de Bonaparte. Ces deux chefs mamelouks organisèrent la résistance contre les occupants français. Mourad bey mourut en 1810. L'épouse de Mourad bey, Nafissa el-Baïda, mourut quelques années après son mari, en 1815.
Le chroniqueur de l'époque, le cheikh Abdel Rahman el-Djabarti, rapporta que Sitti Hatoun (un autre nom de Nafissa el-Baïda), l'épouse de Mourad bey, fit construire le han el-Guédid et un abreuvoir près de la porte de Zouweïla. Ce sont la woukala et le sébil-kouttab dont il a été question.
Ainsi le nom de la ruelle el-Soukkaria est rattaché au souvenir d'une grande dame de la fin du XVIIIème siècle au Caire.
Il serait intéressant de savoir ce que devint cette dame alors que son époux combattait les troupe

Wednesday, November 9, 2011





La rue El-Khiyamieh

La rue El-Khiyamieh, celle des fabricants de tentes, est couverte par un plafond de bois. Cette rue, se trouvant juste devant la porte de Zouweïla, fait partie de cette très longue artère qui commençait au faubourg d'El-Husseineia, au nord du Caire, pour emprunter ensuite la rue Moëz Lidine Illah et aller jusqu'au Vieux Caire.
Photo Sharobim
A partir de 1301, sous le règne du sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun, les constructions se multiplièrent énormément et sans ordre au sud de la porte de Zouweïla si bien que les urbanistes du sultan durent intervenir pour mettre de l'ordre dans ces nouvelles constructions : magasins, woukala, palais d'émirs, bains, etc ...
Les urbanistes, par ordre du sultan, se virent contraints de faire abattre quelques nouvelles constructions pour tracer, le plus droit possible, un boulevard qui conduirait de la porte de Zouweïla jusqu'à Saliba et la mosquée d'Ibn Touloun et, par delà, jusqu'au Vieux-Caire.
Ce nouveau tronçon était le prolongement naturel de la rue Moëz Lidine Illah, le fondateur de la ville fatimide du Caire.
Cette longue rue, qui s'appelait la Qasaba, fut le plus long boulevard que connut la ville du Caire à travers sa longue histoire.
Au XVIIIème siècle, un bey ottoman gouverneur de la ville du Caire, Radouan bey, entreprit la réfection de ce long boulevard. De nombreuses maisons tombant en ruine furent reconstruites. Radouan bey édifia en 1736 ce superbe ensemble de la rue El-Khiyamieh connu sous le nom de Qasaba de Radouan bey.
Des maisons, toutes de même style, bordent cette rue. Le premier étage est soutenu par des pieds de cordeaux qui font avancer cet étage au-dessus de la rue. Il en est de même pour le second étage et la rue est recouverte d'un plafond de bois, percé de temps à autre d'une ouverture rectangulaire d'un mètre de long et de trente centimètres environ de largeur qui laisse passer la lumière du jour.
Malgré ces ouvertures, cette rue est la plus sombre de la ville du Caire. Elle s'étend actuellement sur une centaine de mètres.
Cette Qasaba de Radouan bey s'appelle actuellement rue El-Khiyamieh car il s'y trouve de nombreux fabricants de tentes, ces grandes toiles aux couleurs vives avec des dessins géométriques ou s'inspirant des végétaux.
Ces toiles de tentes servent à monter les tentes pour les assemblées mortuaires ou pour les fêtes. Elles masquent encore les magasins en cours réfection et elles sont utilisées pour monter des arcs de triomphe à certaines occasions, comme pour les visites du Président de la République, du gouverneur ou d'un personnage important.
G.V.





Fomm "Bab El-Bahr" dans la ville du Caire
 
La rue de Fom Bab El-Bahr se situe à l'entrée nord de la rue El-Goumhouriya et cette photo, représentée ici, montre l'emplacement approximatif de l'ancienne porte nord-ouest des remparts du Caire, Bab El-Bahr.
Ce mot de Bab El-Bahr, signifie "porte de la mer", car elle était, à l'origine, construite à proximité du Nil qui se faisait appeler "Bahr El-Nil"; mais ce terme de "Bahr" désigne aussi le nord car la grande mer, la Méditerranée, se trouve au nord de l'Egypte. La porte de Bab El-Bahr existait encore vers le milieu du XIXème siècle. Elle était construite sur le modèle de ces portes qui se trouvent encore dans l'enceinte nord de la cité fatimide du Caire, Bab El-Foutouh et Bab El-Nasr.
L'ogive de la porte était encadrée de deux grosses tours crénelées qui occupaient l'emplacement de ces immeubles récents se trouvant à l'entrée de la rue appelée Fom El-Bahr, au coin de l'actuelle rue d'El-Goumhouriya et de la place de Bab-El-Hadid, un nom qui était encore donné à cette porte.
Fabrique poupée 
Il semble que Bab El-Bahr fut démolie lors du tracé de la rue Clot bey sous le règne du Khédive Ismaïl qui avait entrepris la construction de nouveaux quartiers en dehors des remparts du Caire ancien. De cette porte, il ne reste actuellement que le nom de la ruelle de Fom Bab El-Bahr et de la rue qui conduit vers le quartier de Bab El-Chaareïa à la limite de la cité fatimide. Cette rue ancienne est d'ailleurs très pittoresque. Elle a gardé, en partie, ses pavés et elle est bordée de nombreuses boutiques comme elles existaient autrefois. Cette rue est spécialisée, du moins dans son premier tronçon, dans les confiseries et les sucreries. C'est là que se fabriquent les fameuses poupées de sucre du "Mouled El-Nabi", ainsi que les cavaliers et les bateaux en sucreries qui sont le signe populaire de cette fête.
De vieilles maisons, ornées de moucharabiehs et de portes cochères ouvragées, existent toujours dans cette rue, mais, petit à petit, elles tombent en ruine et s'écroulent sous le pic des démolisseurs pour laisser la place à des immeubles modernes.
Ce fut par cette porte de Bab El-Bahr que Bonaparte entra au Caire le 25 juillet 1798. Jean-François Champollion et tous les voyageurs du XIXème siècle ont parlé de cette porte dont les deux vantaux étaient bardés de fer, d'où son nom de Bab El-Hadid, la porte de fer. A partir de cette porte, les voyageurs se rendaient directement dans le quartier proche de l'Ezbékieh.
Juste devant cette porte, se trouvait depuis le XIIème siècle le quartier extra-muros de Maqs qui avait été aménagé lors du retrait du Nil plus à l'ouest. Le constructeur des remparts du Caire, sous le règne de Salah Eddine El-Ayyoubi, le célèbre Qaraqouch, avait construit un hôpital dans ce quartier de Maqs, le premier à avoir existé au Caire bien avant celui du Maristan de Qalaoun rue Moëz Lidine Illah dans le Caire fatimide. Très vite, des marchés et des caravansérails s'établirent devant Bab El-Bahr pour les voyageurs et les marchandises débarquant au port de Boulac. Les chroniqueurs anciens racontent que les installations des négociants étaient nombreuses devant Bab El-Bahr. Il y avait ainsi le foundouk Tourountaï où descendaient les marchands d'huile venant de Syrie. Au mois de mai 1321, lors d'une révolte au Caire, ce foundouk fut incendié et tout fut transformé en chaux. Bab El-Bahr, ce n'est plus qu'un souvenir d'antan. Une rue, celle de Boustan El-Maqsi, rappelle encore ce quartier de Maqs devant la porte. Dans cette dernière rue se trouve le Collège de la Sainte Famille de Faggalah qui débouche devant la cathédrale grecque catholique où se trouvait le palais de Linant de Bellefonds. Dans le prolongement de la ruelle de Fom Bab El-Bahr se trouve le début des rues de Bein El-Harat et de Bab El-Bahr.
G.V.




La rue du marché
des armes au Caire
 

Scraveli-Spyridon
La rue souq El-Silah (le marché des armes) part non loin de la mosquée d'El-Rifaï pour aller rejoindre la rue de Darb El-Ahmar. Elle doit son nom aux fabricants et marchands d'armes qui s'y trouvaient autrefois.
En l'année 1384, le marché des armes s'installa dans cette rue. Auparavant, il se trouvait dans le quartier de Bein El-Qasrein dans le Caire fatimide.
Au XVIIIème siècle, de nombreuses woukala (caravansérails) s'installèrent dans cette rue. La woukala de Youssouf katkhouda (1709) était surtout réservée aux marchands étrangers, les Syriens, les Maghrébins et les Turcs. Il y avait encore la woukala d'Ibrahim katkhouda (1728), celle de Mohamed effendi (1703) et celle d'Ibrahim aga (1749).
En plus de ces woukala, il existait rue souq El-Silah des palais, des mosquées et des sébiles.
Le palais le plus célèbre de cette rue était celui de l'émir Mangak El-Youssoufi El-Silahdar, le porte-glaive du sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun au XIVème siècle. Cet émir avait construit ce palais en 1346. Il n'en reste que le porche d'entrée dont les deux tympans de l'arc étaient décorés du blason de l'émir avec un cimeterre, l'insigne de sa charge. Ce fut dans ce palais que naquit l'historien Aboul Mahsin en 1409.
Dans cette rue de souq El-Silah se trouvent encore la madrassa (école) d'Ilgaï El-Youssoufi construite en 1373, le sébile de Moustapha Sinan (1630) et celui de Rouqayya Doudou (1761).
Un autre monument intéressant de cette rue est le hammam (bain) de l'émir mamelouk Bachtak qui le fit construire en 1341.
Maintenant, dans la rue de souq El-Silah les marchands d'armes se font rares depuis que le Khédive Ismaïl au XIXème siècle centralisa la fabrication des armes. Toutefois, quelques ateliers réparent encore les armes, fusils ou pistolets, maintenant ainsi la réputation de cette ancienne rue du Caire. Mais cette rue n'est plus ce qu'elle était autrefois, car ses monuments tombent en ruine.
La rue souq El-Silah rappelle une page de l'histoire du Caire quand les ateliers fabriquaient les armes.
G.V.





 LA WOUKALA
 était à l'époque ce que l'on appelle aujourd'hui "hôtel"
Bazaraa retrouve sa beauté
d'antan et sa grandeur
 
Woukala était à l'époque, ce que l'on appelle aujourd'hui "hôtel". Un établissement répandu dans les siècles passés, qui servait à recevoir les commerçants de passage au Caire. Jadis, les caravanes avaient l'habitude de passer en moyenne une nuit pour pouvoir exposer leurs marchandises le lendemain dans les différents
marchés. 200 woukalas existaient jusqu'au 19ème siècle dans le Caire fatimide, mais au fil des années, il n'en reste que vingt.
par : Dalia Hamam
Parmi les woukalas qui ont résisté au temps, la woukala de Bazaraa. Située dans la rue "Tomboskchiya ". Une rue du Caire fatimide qui commence à la rue de Bab El-Nasr, encore appelée El-Gamaleïa.
Un des chefs-d'œuvre de cette rue est incontestablement celui de Bazaraa. La wekala portait des noms suivant l'époque par exemple elle était connue sous le nom d'El-Kekhia d'après le nom de Hassan Ketkheda. C'est grâce à lui qu'il a préparé spécialement la woukala pour reçevoir les hôtes et leurs marchandises qui étaient déposées au rez-de-chaussée, à leur arrivée. Elle ne prit en fait, le nom de woukala de Bazaraa qu'au XIXème siècle quand elle fut achetée par Mohamed Bazaraa. Cependant, il y a eu un temps où l'activité de Mohamed Bazaraa est passée du bois au savon et aux grains de café, un savon très réputé pour sa teneur en huile. Il s'agit de "Nabolsi" qui existe encore de nos jours et des grains de café venaient du Yémen.
Architecture de Bazaraa
La woukala fait partie de l'architecture des Mamelouks. "Une cour entourée d'un établissement en forme de "U". Elle se compose de deux parties: l'une est commerciale avec 25 cabines ou magasins où les vendeurs avaient l'habitude d'y déposer leurs marchandises. Ce sont des galeries creusées sous la surface de l'établissement. Quant à l'autre partie, ce sont des chambres à coucher; elles sont cependant caractérisées par leur grande superficie à l'image des anciennes constructions de l'époque. Elles sont aussi construites sur deux étages, chaque étage ayant sa propre superficie :1000 mille mètres carrés.
Le premier étage, comprend une pièce, une cuisine et une salle de bain tandis qu'au deuxième niveau, ce sont les chambres à coucher et la terrasse. Les chambres à coucher sont préparées pour convenir aux différentes saisons de l'année. Par exemple, pendant les mois d'été, les gens peuvent passer leur nuit en plein air; quant aux mois d'hiver, ils descendent vers l'intérieur.
Cette deuxième partie, possède une entrée directe vers la rue avec des escaliers qui s'éloignent de la cour.
Ce n'est pas la seule entrée car il en existe une autre, qui est la principale, et qui relie la rue et les 25 fonds de commerce.
L'authenticité de l'architecture est claire dès la façade de la woukala car l'établissement était entouré de deux côtés alors qu'il ne reste que la façade. Elle mesure 25,10 m de hauteur. Les fenêtres sont stylées à l'islamique ancien, les moucharabiehs: ce sont de petits balcons fermés par un grillage qui forme un avant-corps devant les fenêtres. Le mot moucharabiehs vient du verbe "charab", c'est à dire boire. Elles ont été ainsi appelées car les anciens avaient l'habitude d'y déposer des cruches pleines d'eau potable pour les refroidir grâce aux courants d'air.
Ces fenêtres ont d'autres fonctions, elles aident l'air frais à pénétrer à travers les trous, et à atténuer la chaleur quand les rayons du soleil sont forts l'été.
Travaux de restauration de Bazaraa
Beaucoup de raisons ont conduit à la restauration de la woukala: la pollution de l'environnement provenant de la surpopulation du quartier, le délaissement de la woukala depuis longtemps auquel s'est ajouté le tremblement de terre qui a frappé l'Egypte en 1992. Une quantité de fissures et d'affaissements dans les murs et la pierre ont obligé les responsables à restaurer Bazaraa. Aussi, le ministre de la Culture, M. Farouk Hosni, a pris les mesures nécessaires et la décision de lancer les travaux de restauration de la woukala. Le travail a immédiatement commencé en 1992 et s'est terminé en 2001. Mme Suzanne Moubarak, a assisté à l'inauguration en mars 2001 en présence du Premier ministre et du ministre de la Culture.
"La woukala a été trouvée dans un état lamentable. Les déchets couvraient la cour et tous les accès étaient bouchés, les escaliers étaient en ruine et certaines fenêtres ébranlées!", explique M. Alaa Achoure, le responsable de la woukala. Dans ces cas, deux genres de restauration sont à entreprendre, l'une au niveau architectural et l'autre sur le plan technique.
La première est en général, la plus facile et ne demande ni effort ni temps, car il s'agit de restaurer les éléments de base: les plafonds, les sols, les accès et les entrées de la woukala...
Comme dans la restauration des antiquités qui ont besoin d'être rapidement retapées, il était urgent de commencer les opérations.
"Les établissements islamiques comme les mosquées et les écoles coraniques (Les kouttab) sont des travaux complémentaires au quotidien des quartiers islamiques du Caire", assure le responsable de la woukala.
La woukala fait partie d'un centre ville, très actif. C'est le fameux quartier d'El-Gamaleïa, et le fait de le restaurer représente une nécessité pour le patrimoine", continue M. Achoure.
Les travaux de restauration ont coûté environ 7 millions de livres égyptiennes, auxquelles il faut ajouter 8 millions qui seront remis aux propriétaires afin de les indemniser.
Ces opérations ont compris le changement de toutes les portes, les escaliers et les peintures, murs et terrasses y compris. De plus, les réseaux des canalisations d'eau et d'électricité ont été entièrement renouvelés", explique M. Alaa. La mission la plus difficile était la restauration des blocs de pierre qui créent un dessin ou une forme spéciale. Les ingénieurs devaient déplacer avec prudence certaines parties, restaurer les fissures et redonner l'originalité partout.
Neuf ans de labeur permanent pour ranimer le Caire islamique... et voilà que le résultat est surprenant et réel. Le Caire fatimide qui était un rêve, est devenu une réalité...


La rue d'El-Sioufieh
 le sébile d'Oum Abbas
La rue d'El-Sioufieh, encore appelée El-Helmieli, est très riche en monuments anciens. Pour trouver cette rue, le mieux est de se rendre place Salah Eddine au pied de la Citadelle et prendre la rue Cheikhou qui descend vers l'ouest en direction de la rue Saliba et de la mosquée d'Ibn Touloun. A un carrefour se situe le sébile d'Oum Abbas. L'entrée de la rue d'El-Sioufieh se trouve sur la droite prês de ce sébile. La rue débouche ensuite vers le nord sur la rue de la Citadelle, l'ancienne avenue Mohamed Ali. Cette rue est dans le prolongement de celle de Moëz Lidine Illah qui commence à Bab El-Foutouh dans le Caire fatimide.
Relevons quelques monuments situés dans cette rue d'El-Sioufieh. A l'entrée de la rue, sur la gauche, se dresse le sébile d'Oum Abbas construit en 1867 sous le règne du Khédive Ismaïl. Oum Abbas était la mère du vice-roi Abbas qui régna de 1848 à 1854.
Un peu plus loin, sur la droite, se trouve le sébil-kouttab d'Ali Aga construit en 1677 en style mamelouk; ce sébil-kouttab est adossé au palais de l'émir Taz une construction de 1352 qui possède une superbe loggia.
A l'extrémité nord du palais de l'émir Taz, toujours sur la droite, se trouve la zawiya d'El-Aabbar, encore appelée khanka d'El-Boundoukdariya que les gens du quartier dénomment maintenant dabaa d'El-Sioufieh. Cette construction date de 1284.
Plus loin, sur la gauche, c'est le sébil-kouttab de qilzar construit en 1618 en style mamelouk. C'était en même temps une rabaa, c'est-à-dire un habitat collectif.
Juste en face se trouve le tombeau de Hassan Sadaqa construit en 1315 et jouxtant la Madrassa (école) de Sounqour Saadi datée de 1326 au-dessus de laquelle fut édifiée la salle de danses sacrées des derviches Mevlevi, une merveille d'architecture ottomane. Derrière cette salle se trouve le couvent des derviches.
Plus loin, sur la droite, c'est le tombeau de l'émir Alam Eddine Sangar édifié en 1322 et tout près se situe le sébile de Youssef bey construit en 1772.
La rue El-Sioufieh, au pied de la Citadelle du Caire, est une artère qui vaut la peine d'être visitée.
G.V.


La rue Mohamed Ali
David Roberts -1839
L'actuelle rue de la Citadelle, qui conduit de la place El-Ataba El-Khadra à celle de Salah Eddine au pied de la Citadelle, fut tracée au XIXême siècle à travers les vieux quartiers du Caire Ottoman. Elle fut alors appelée "boulevard de Mohamed Ali" en souvenir du fondateur de la dynastie régnante en Egypte.
Avant le tracé de ce boulevard, la place El-Ataba El-Khadra était un cimetière connu sous le nom de cimetière de l'Ezbékieh. Bonaparte, lors de son court séjour en Egypte, avait tenté en vain d'interdire d'y enterrer les morts. Mohamed Ali, après son avènement, réussit à mettre en pratique cette interdiction et il fit transporter les ossements des morts au cimetière El-Chaféi. A l'emplacement du cimetière, Mohamed Ali fit aménager une grande place, plantée d'arbres, qui s'appela dès lors El-Ataba El-Khadra, le seuil vert.
Plus tard, sous le règne du Khédive Ismaïl, l'ingénieur français P. Grand, qui était directeur de la voirie, aménagea le boulevard de Mohamed Ali et construisit des arcades de chaque côté, ce qu'il fit encore rue Clot bey et dans les rues au nord du jardin de l'Ezbékieh.
A l'entrée du boulevard, le Khédive Ismaïl fit placer une statue équestre d'Ibrahim pacha, le fils de Mohamed Ali, qui fut ensuite déplacée devant l'Opéra.
Ce boulevard de Mohamed Ali, long de deux kilomètres, était alors une des plus belles artères du Caire. Très vite des établissements publics s'y installèrent où les Cairotes se rendaient pour y passer les soirées. Les danseuses du boulevard de Mohamed Ali eurent leur temps de célébrité dont tout le monde parle encore au Caire.
De nos jours, les danseuses sont rares dans les cafés de cette rue, mais l'industrie artisanale de la fabrication des instruments de musique est restée dans cette rue.
En effet, des artisans confectionnent dans cette rue tous les instruments traditionnels de la musique égyptienne, dont les fameux "oud" qui sont les ancêtres de la guitare occidentale.
Les arcades de cette rue disparaissent de plus en plus pour laisser la place à des immeubles modernes.
G.V.


Le puits de Moïse au Vieux Caire
Ben Ezra synagogue
au vieux-Caire
Moïse est né en Egypte et y a passé toute sa jeunesse. Un puits, au Vieux Caire, garde le souvenir de ce prophète vénéré par les Musulmans, les Chrétiens et les Juifs. Le Vieux-Caire garde encore le souvenir des prophètes Jérémie et Elie.
Derrière la synagogue juive de Ben Ezra au Vieux-Caire se trouve le puits de Moïse. Depuis le XIIème siècle, cette ancienne église copte de Saint Michel est devenue synagogue. Là Moïse venait prier et le prophète Elie y serait apparu.
Vers 1250 avant Jésus-Christ, Moïse venait se retirer en ce lieu pour prier. Il s'abreuvait avec l'eau du puits. Avant de quitter l'Egypte, Moïse vint en ce lieu pour y prier une dernière fois.
Par la suite, une synagogue portant le nom de Jérémie fut construite en ce lieu, car ce prophète serait venu aussi faire ses dévotions en cet endroit lors de son exil en Egypte.
En effet, en 585 avant Jésus-Christ, Jérémie quitta son pays, ne pouvant plus y vivre en paix, et vint se réfugier en Egypte avec ses compagnons. Il s'installa à Taphnis, encore appelé Daphnae ou Tel Defenneh à 13 kilomètres 500 à l'ouest du Canal de Suez non loin de la ville d'El-Qantara. Taphnis était une ancienne cité pharaonique. Ce fut là que Jérémie écrivit la plupart de ses livres, ou du moins les dicta à son secrétaire Barouk. Son livre des "Lamentations" semble avoir été écrit à Taphnis, car il révèle les sentiments d'un exilé, de celui qui souffre et se lamente sur ce qu'il a perdu.
Jérémie se lamentait si bien qu'il était devenu odieux à ses compatriotes qui le lapidèrent en 583, du moins selon certaines traditions. Il fut enterré sur place et son tombeau devint, par la suite, un lieu de pèlerinage. La poussière prise sur la tombe servait à éloigner les aspics et les crocodiles et aussi à s'en protéger.
Plus tard, après la fondation d'Alexandrie en 331 avant Jésus-Christ, Alexandre le Grand fit transporter les restes du prophète Jérémie dans sa nouvelle cité et ils furent déposés sous le portique du Tétrapyle, situé sur la grande artère de la ville allant d'est en ouest.
Lors de leur invasion de l'Egypte, en 30 avant Jésus-Christ, les Romains détruisirent cette synagogue de Jérémie. A la suite de l'invasion arabe, au VIIème siècles, les Coptes obtinrent du général arabe Amr Ibn El-As, l'autorisation de construire une église en ce lieu.
En l'année 1115 le grand rabbin Abraham Ben Ezra vint de Jérusalem en Egypte. Il se rendit sur le lieu où Moïse et Jérémie avaient fait leurs dévotions. Il s'adressa aux autorités fatimides et leur fit part de ce qu'il savait sur l'emplacement de l'ancienne synagogue en revendiquant le droit d'entrer en possession du terrain.
Le patriarche copte orthodoxe d'Alexandrie de l'époque, Macarios II, le 69ème successeur de Saint Marc, donna son assentiment. Ben Ezra transforma l'église en synagogue et c'est pour cela qu'elle porte son nom. En échange, il aurait donné au patriarche copte une caisse de 12 kilos d'or.

G.V.