Showing posts with label Quartier. Show all posts
Showing posts with label Quartier. Show all posts

Saturday, March 17, 2012

GEZIRA SPORTING CLUB

The link below takes you to the web site of (GSC) with the History of the Gezira Sporting Club, Zamalek Cairo and much more.

Click here --->   Gezira Sporting Club Zamalek


View of the Lido pool after renovation (Photo, October-2008 - Mike Sharobim)


Tuesday, December 27, 2011




La rue El-Soukkaria

La rue El-Soukkaria se trouve sur la gauche de la rue Moëz Lidine Illah non loin de la porte de Zouweïla. Elle est reconnaissable à une porte qui la fermait autrefois auprès du sébil-kouttab de Nafissa El-Baïda.

Cette rue El-Soukkaria était celle des marchands de sucre. Naguib Mahfouz y plaça le dernier roman de sa trilogie qui s'appelle d'alleurs "El-Soukkaria".
En 1796, Nafissa El-Baïda fit construire une woukala et un sébilkouttab près de cette ruelle et en bordure de la rue Moëz Lidine Illah juste en face de la mosquée d'El-Mouayyed.
Nafissa El-Baïda, encore appelée Nafissa El-Mouraddiya El-Baïda, était l'épouse de l'émir mamelouk Mourad bey qui partagea le pouvoir en Egypte avec Ibrahim bey jusqu'à l'arrivée des troupes françaises de Bonaparte. Ces deux chefs mamelouks organisèrent la résistance contre les occupants français. Mourad bey mourut en 1810.
L'épouse de Mourad bey, Nafissa El-Baïda, mourut quelques années après son mari, en 1815.
Le chroniqueur de l'époque, le cheikh Abdel Rahman El-Djabarti, rapporta que Sitti Hatoum (un autre nom de Nafissa El-Baïda), l'épouse de Mourad bey, fit construire le han El-Guédid et un abreuvoir près de la porte de Zouweïla. Ce sont la woukala et le sébil-kouttab dont il a été question.
Ainsi le nom de la ruelle El-Soukkaria est rattaché au souvenir d'une grande dame de la fin du XVIIIème siècle au Caire.
Il serait intéressant de savoir ce que devint cette dame alors que son époux combattfait les troupes de Bonaparte. Peut-être s'était-elle enfuie avec Mourad bey vers la Haute-Egypte où le puissant émir organisa la résistance à partir d'Assiout.
G.V.

Saturday, December 17, 2011









Moëz Lidine Illah, une rue au cœur du Caire islamique 
Un musée d'architecture
 médiévale exposé en plein air







 
 

Par : Marwa Mourad et Dalia Hamam


Les nombreux monuments historiques de la civilisation islamique et ses vestiges attirent l'attention du monde entier, touristes étrangers et les Egyptiens eux-mêmes. Dans la fameuse rue de Moëz Lidine Illah, les monuments islamiques fournissent une vue présente fascinante d'une époque passée. Une visite s'imposait.
Les experts de l'Unesco jugent la rue de Moëz Lidine Illah comme un chef-d'œuvre monumental islamique d'un Caire antique. Cette rue rassemble des trésors, regroupe différents siècles islamiques. Il était naturel de continuer à protéger cette région. Cette rue s'étend entre Bab El-Foutouh et Bab Zouweïla et croise la place d'El-Azhar. C'était l'axe d'origine du Caire fatimide. Située en plein cœur du Caire, une partie très active de tous les secteurs où la foule et les bruits recouvrent le charme de l'Orient et les parures les plus magnifiques du Caire islamique. Richesses et diversités historiques, modèles surprenants de l'architecture islamique en Egypte, transforment ce lieu en un musée de grandeur naturelle, sur un site d'origine, inchangé depuis dans un cadre médiéval. Les visites se multiplient dans ce lieu resté historique.

  •    Complexe de Barsbaï El-Ashraf
Plus connu chez l'habitant sous le nom d'Al-Ashrafiya, d'après son fondateur le sultan El-Ashraf Barsbaï. L'action politique la plus renommée de Barsbaï a été la conquête de Chypre en 1426.
Un complexe comme tant d'autres, El-Ashrafiya n'est pas exceptionnelle en taille ou en architecture. Il est cependant encore bien solide, en bon état, typiquement mamelouke. Formé d'une cour centrale entourée par quatre iwans. Un dôme formé de pierres et découpé couvre le mausolée qui a été prévu pour le sultan mais contient réellement les dépouilles de son épouse et de son fils. La partie gauche de la façade est un sébile-kouttab. Son entrée est imposante et largement fréquentée par des négociants et les marchands ambulants.

  •      Madrassa d'El-Salih Negm
Le complexe représente le premier exemple connu d'un tombeau rattaché à une Madrassa (école). Cette Madrassa était également la première construction destinée à contenir chacune des quatre écoles légales propres aux Sunnites, chacune dans un iwan séparé. Cette tradition évoluera plus tard avec les prochaines deux cents années sous les Mameloukes. Cette Madrassa a été construite sur des parties de l'énorme emplacement occupé par le palais oriental des Fatimides. La façade est en partie cachée par des fonds de commerce. Elle soutient un minaret au-dessus d'une porte richement décorée. La porte est l'entrée de la ruelle connue aujourd'hui comme Haret El-Salihiya qui sépare les deux ailes de la Madrassa.
Juste sur la gauche de cette porte se trouve l'entrée d'une cour ouverte, avec les restes de la Madrassa, mise en évidence. Un mausolée y a été joint et où le Sultan El-Salih est enterré a été construit plus tard par sa veuve, Shagaret Eddor.

  •      Bab El-Foutouh
La Porte des conquêtes "Bab El-Foutouh" est l'entrée nord de la fortification fatimide qui a par le passé enfermé dans ses murs un centre original du Caire. Comme la mosquée du Sultan Hassan et d'Ibn Touloun, Bab El-Foutouh a été plus d'une fois, citée dans les récits des 18ème et 19ème par les voyageurs de ces siècles. La porte a été placée en 1087 par Djamali l'Arménien pour remplacer une ancienne porte environ 200 mètres au sud. 



  •      Madrassa de Barqouq
Barqouq (la prune) était à l'origine un esclave circassien qui est devenu le premier sultan circassien à régner en Egypte.
Construite après le modèle de la Madrassa du Sultan Hassan, Madrassa de Barqouq est un plan cruciforme typique. Elle se distingue par un minaret octogonal élégant et unique en son genre, caractérisé par la finesse de ses dessins gravés sur le marbre.


 

Moëz Lidine Illah en quelques mots

La dynastie des Fatimides a régné sur l'Egypte durant deux siècles, de 969 à 1171. Cette famille descend de Fatima la fille du Prophète - d'où leur nom -, et de son époux Ali, cousin du Prophète Mohamed.
Moëz Lidine Illah, devenu calife fatimide en 341 de l'Hégire (952 après Jésus-Christ) succédait ainsi à son père Mansour Abi Taher Ismaïl, troisième calife fatimide. Moëz était un homme intellectuel affamé de sciences et de littérature qui maîtrisait les langues. Intelligent et respectueux, il a adopté une politique sage et a formé une forte armée. L'Egypte était parmi ses premières priorités. Il attendait impatiemment l'occasion pour la conquérir. Il a rassemblé une énorme armée estimée à 100 mille soldats pour conquérir l'Egypte; il a nommé Gawhar El-Saqueli à la tête de cette armée. Il est ainsi entré en Egypte en 358 de l'Hégire (969 après Jésus-Christ). Moëz Lidine Illah le Fatimide a passé la plupart de sa vie au Maroc. Il n'est resté en Egypte que trois années. Cependant, cette courte période eut une grande influence sur son Etat. Il a réussi à transporter le centre de son Etat au Caire et fondé un gouvernement puissant qui a réalisé avec succès un essor religieux, culturel et social. Moëz a rendu l'Egypte, le Centre d'intérêt du Monde islamique. La mort le surpris au Caire en 365 de l'Hégire (975 après Jésus-Christ).

Sunday, December 11, 2011


Le quartier d'Ismaïlieh au Caire




par : Gérard Viaud


Le quartier d'Ismaïlieh au Caire occupe maintenant le centre-ville. Il fut construit sous le règne du Khédive pacha (1863-1879). Toutes les constructions de ce quartier avaient été réalisées à l'européenne où le goût italien prédominait.
Le Midan (place) Talaat Harb, encore appelé Soliman pacha, est un des grands carrefours au centre-ville du Caire. Il s'y croisent les rues de Talaat Harb, de Mohamed Bassiouni (jadis Antikhana) et de Sabri Abou El-Alam.
Au milieu de la place trône la statue de Talaat Harb.
La rue Soliman pacha, maintenant appelée Talaat Harb, commence place El-Tahrir (de la Libération) pour s'achever rue du 26 Juillet. Elle traversait la place où s'élevait, jusqu'en 1952, la statue de Soliman pacha qui fut remplacée par celle de Talaat Harb, un financier de la fin du XIXème siècle qui fonda la Banque Misr.
La rue de Qasr El-Nil, en plein centre-ville, commence place El-Tahrir (de la Libération) pour s'achever rue El-Goumhouriya. Elle prit le nom du palais de Qasr El-Nil qui avait été construit en 1854 sous le règne de Mohamed Saïd pacha par l'architecte italien Pantanelli assisté de son compatriote Piattoli. En 1868, Ismaïl pacha fit restaurer ce palais pour en faire sa résidence d'été.

La rue de Qasr El-Nil, créée au XIXème siècle, était une des plus élégantes du Caire. Elle était bordée de résidences particulières et de magasins de luxe qui étalaient les dernières modes venues de Paris et de Londres.
Dans cette rue se trouvait l'hôtel Savoy, le rendez-vous de toute l'aristocratie du Caire. Cette belle rue était bordée d'arbres, comme toutes celles de ce nouveau quartier qui avait été fondé par le Khédive Ismaïl. Toutes les constructions de ce quartier avaient été réalisées à l'européenne où le goût italien prédominait.
La rue de Qasr El-Nil est restée une grande rue commerçante du Caire avec de très beaux magasins.
Le 6 février 2001, une plaque commémorative avait été apposée sur l'immeuble Immobilia au centre-ville du Caire en mémoire de Naguib El-Rihani.
Cette plaque, en arabe et en français, rappelle que Naguib El-Rihani a vécu dans cet immeuble entre 1938 et 1949. Il habitait dans l'appartement 321 au troisième étage.
Au mois d'octobre 1900, une nouvelle rue avait été ouverte au Caire dont le besoin se faisait sentir depuis longtemps. Cette rue partait de la Banque nationale d'Egypte (fondée au Caire en 1898), traversait la rue de Qasr El-Nil pour déboucher sur la rue El-Manakh (actuellement Abdel Khalek Sarouat). Elle s'appelait rue Chawarby et toutes les propriétés du voisinage de cette rue appartenant au pacha du même nom avaient été expropriées.
Cette rue avait son prolongement jusqu'à la Bourse des valeurs, actuellement rue Chérifein. Cette dernière rue est maintenant devenue une rue piétonne. Dans le centre-ville du Caire, une nouvelle zone piétonne a été aménagée et elle comprend des tronçons des rues Elfi, Zakaria Ahmed et Sarray El-Ezbékieh.
Le contrat pour la construction de la rue et de ses trottoirs avait été passé avec la même maison qui construisait au même moment le nouveau Musée des antiquités égyptiennes près des casernes britanniques de Qasr El-Nil.
L'hôtel Savoy su Caire se trouvait au coin des rues Qasr El-Nil et Soliman pacha en bordure du rond-point de Qasr El-Nil. Il avait été construit à la fin du XIXème siècle avec 180 chambres par George Nungovich Company Ldt qui d'ailleurs en était le propriétaire.
C'était une superbe installation avec un excellent restaurant. La clientèle de ce restaurant était la plus distinguée du Caire et les officiers et fonctionnaires anglais s'y pressaient.
Chaque samedi soir, le bal hebdomadaire rassemblait l'élite de la ville dans les salons du Savoy où les toilettes de la dernière mode, venues de Londres et de Paris, pouvaient se voir et étaient d'un luxe inouï. La pension complète, pour ceux qui voulaient résider dans cet hôtel, était de 60 piastres par jour.
C'était le lieu idéal pour résider au centre-ville où les rues, bordées d'arbres, étaient parcourues par les landaus, les coupées et les calèches. Quelques ânes montés se faufilaient entre les voitures.
L'hôtel Savoy devint très vite trop petit et son propriétaire en augmenta le nombre des chambres à 300 dont 80 avaient des cabinets de toilette et une salle de bains. Il y avait même un salon de coiffure pour hommes et femmes dans cet hôtel luxueux.
Les hôtes y trouvaient encore, en plus du restaurant, des salons à louer, un bar américain, un billard, un jardin et un tennis. La grande salle de bal servait aussi pour les grands banquets et les réceptions.
Voici les prix qui étaient pratiqués en 1910 dans cet hôtel. La location à la journée pour une chambre à un lit était de 40 piastres, de 70 piastres pour une chambre à deux lits, de 80 piastres pour un salon, de 200 piastres pour un appartement privé comprenant une salle de bains, un salon et une chambre à coucher.
Quant aux repas, les consommateurs devaient payer 10 piastres pour le déjeuner du matin, le dîner était à 35 piastres et ceux qui voulaient une pension complète devaient verser 90 piastres par jour.
L'hôtel Savoy n'existe plus, il a été remplacé par une banque. Les arbres ont aussi disparu et la statue de Soliman pacha a été remplacée par celle du banquier Talaat Harb. La statue de Soliman pacha se trouve maintenant dans le jardin du Musée militaire de la Citadelle du Caire près de la statue équestre de son ami Ibrahim pacha qui est une reproduction de celle qui existe sur la place de l'Opéra au Caire.
Maintenant autour de cette place au centre du Caire se trouvent des agences de voyages, des librairies, etc...
Qui était Soliman pacha dont tout le monde parle ?
Soliman pacha fut le compagnon d'armée d'Ibrahim pacha, le fils de Mohamed Ali. D'origine française, Soliman pacha fut un officier de l'armée de Napoléon 1er sous le nom de colonel Sèves.
A l'âge de 35 ans, Sèves passa par l'Egypte en 1815 en route vers la Perse. Il avait quitté la France à la suite de l'abdication de Napoléon et de son exil à l'île de Sainte Hélène.
Au cours de son passage au Caire, le colonel Sèves fut présenté à Mohamed Ali qui le pressa de rester en Egypte pour se mettre à son service. Avec son fils, Ibrahim pacha, Mohamed Ali avait entrepris de moderniser son armée et en retenant le colonel Sèves il espérait profiter de l'expérience d'un officier de l'armée napoléonienne. Son vœu fut pleinement exaucé car le jeune officier français fut véritablement à la hauteur de la tâche qui lui avait été demandée.
Très vite, Sèves se prit d'amitié pour Ibrahim pacha et ils travaillèrent ensemble de longues années pour faire de l'armée égyptienne une force puissante et moderne. Entre-temps, le colonel Sèves s'était marié avec une Egyptienne en prenant le nom de Soliman.
En 1822, Soliman pacha avait déjà formé et entraîné 10 bataillons égyptiens. Selon les méthodes napoléoniennes, il avait rodé ses troupes à toutes sortes d'exercices militaires et aux différentes formes de combats. Avec ses jeunes troupes, il participa à la campagne de Grèce de 1825 à 1827.
Au Caire, Soliman pacha habitait dans une propriété sur les bords du Nil en face de l'île de Roda, entre l'aqueduc de la Citadelle et le Vieux-Caire. Entre deux campagnes, lorsque ses obligations militaires le lui permettaient, Soliman pacha se retirait dans sa propriété pour y mener une vie familiale calme et tranquille.
Ce fut dans cette propriété que Soliman pacha s'éteignit après avoir passé 44 années de sa vie au service de l'Egypte. Il fut enseveli dans un mausolée construit dans le jardin de sa propriété. Ce mausolée existe toujours.
Une statue de Soliman pacha fut placée au milieu du rond-point de Qasr El-Nil au Caire, une œuvre du sculpteur français Henri-Alfred Marie Jacquemart qui réalisa aussi la statue équestre de Mohamed Ali d'Alexandrie. Cette statue de bronze représentait Soliman pacha en tenue d'officier de cette époque: un pantalon bouffant, retombant sur des bottes, était serré par une large ceinture. Portant tarbouche sur la tête, Soliman pacha tenait une épée dans sa main gauche.
Cette statue fut enlevée à la suite de la Révolution de 1952 et remplacée par celle de Talaat Harb.

Sunday, November 20, 2011



Le carrefour du birket
El-Qarmout au Caire
 
 
Le birket El-Qarmout, un petit étang, se trouvait pratiquement à la jonction actuelle des rues Emad Eddine et Naguib El-Rihani. Cet étang fut formé lors du retrait des eaux du Nil, entre les XIIème et XIIIème siècles. Le fleuve arrivait pratiquement jusqu'à Bab El-Bahr, une porte encore appelée El-Hadid.
Les terres, à la suite de recul du fleuve en direction de l'ouest, furent occupées par des jardins. Au XIVème siècle, le sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun fit aménager ce quartier en creusant un canal depuis le Nil, au sud jusqu'au khalig El-Nassiri vers l'est. Ce canal traversait le birket El-Qarmout d'où partait un autre petit canal en direction du Qantaret El-Dekka et du grand lac de l'Ezbékieh.


Ce quartier, autour du birket El-Qarmout, fut particulièrement florissant à l'époque ottomane. Les émirs y construisirent de charmants kiosques au milieu des jardins. Ils y tenaient des réunions avec les poètes du Caire et les gens de lettres. Vers la fin du XIXème siècle, le petit étang fut comblé ainsi que les canaux. Le quartier changea d'aspect.
Le premier bâtiment moderne à être construit à cet emplacement fut le club des Princes, un édifice réalisé par l'ingénieur A. Lasciac en 1898. Ce club fut, par la suite, occupé par l'Empire Services Club.
Ce dernier était fréquenté par la haute société du Caire. Il était situé au 186 de la rue Emad Eddine au coin de cette rue et de celle du Qantaret El-Dekka, aujourd'hui Naguib El-Rihani.
Ce club comprenait, au rez-de-chaussée, un vaste bar, le café de Paris. Ses étages comportaient de nombreuses activités avec son cabaret avec orchestre. Parfois, les grands hôtels de l'Ezbékieh et de la rue Ibrahim pacha prenaient le Club en location pour certaines soirées.
Autour de ce carrefour, à l'emplacement du birket El-Qarmout, se trouvaient encore le Studio Misr, le cinéma Cosmo, le Regal Dancing Cabaret et le Doll's Cabaret avec son music-hall.
De nos jours, les activités de ce carrefour ont beaucoup changé. Le Club est occupé par des magasins, des bureaux, et quelques appartements résidentiels, le Studio Misr existe mais est fermé, tandis que le cinéma Cosmo a laissé la place à un grand immeuble.
Même le nom de birket El-Qarmout a disparu de la terminologie cairote.

 
G.V.

Sunday, November 13, 2011




Le quartier résidentiel très chic,
devenu une zone populaire

En plus de cent ans d'existence, Zeitoun s'est totalement transformé

Zeitoun, le quartier des oliviers, a perdu sa beauté d'antan et les champs plantés d'oliviers ne sont plus. Pourtant il s'en trouvent dans quelques jardins entourant des villas vétustes. Ce quartier est maintenant desservi par le métro du Caire.

par : Gérard Viaud
En plus de cent années d'existence, le quartier de Zeitoun au Caire s'est totalement transformé. De ce quartier résidentiel très chic, il est devenu une zone populaire dans laquelle subsistent toutefois quelques villas entourées de jardins qui attendent la pioche des démolisseurs afin de céder la place à des immeubles modernes. Vers la fin du XIXème siècle, une ligne de chemin de fer longeait des jardins et des champs vers le nord-est du Caire et côtoyait le désert. De temps à autre, des groupes de villas émergeaient au milieu de la verdure dans laquelle les oliviers dominaient. Ces villas étaient presque toutes occupées par de riches employés du gouvernement ou par des étrangers.

L'arbre de la sainte vierge a Zeitoun
étape de la sainte famille en Egypte

A Zeitoun, Yassa bey Ibrahim aménagea un vaste jardin compris entre les rues Sélim El-Aoual, Mansour, Toumambaï et Sennan. Son frère Khalil pacha Ibrahim construisit sur une partie de ce jardin une série de villas toutes de même forme, ainsi que l'église copte orthodoxe. En 1895, les Pères des Missions Africaines choisirent de créer une mission. Les Pères commencèrent par acheter une maison dont l'étage servait de résidence et le rez-de-chaussée de chapelle provisoire. Ils ouvrirent une école pour garçons le 17 septembre 1903 qui fut cédée aux Frères des Ecoles chrétiennes en 1912. Cette maison et celle école se trouvaient en bordure de l'actuelle rue Toumambaï.
Le 15 août 1922, ce fut à Zeitoun une fête à l'occasion de la bénédiction de la nouvelle église paroissiale de Zeitoun et la cérémonie fut présidée par Mgr Jules Girard. Cette église fut construite sur une partie du jardin appartenant à Yassa bey Ibrahim. Au mois de septembre 1896, les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres fondèrent une Institution. Le 1er janvier 1907, une épidémie de diphtérie éclata à Zeitoun. Les annonces de morts se suivaient rapidement.
Le 6 janvier, les services sanitaires vinrent désinfecter la maison et les classes des écoles.



Olivier a Zeitoun

En 1914, l'Angleterre profita de l'alliance turco-germanique pour établir officiellement son protectorat sur l'Egypte. Le 20 décembre 1914, l'Egypte était devenue un sultanat, pour bien marquer son indépendance à l'égard du sultan de la Sublime Porte, avec Hussein 1er qui avait remplacé le Khédive Abbas II Helmi qui était à Constantinople depuis le 20 mai 1914 et que les Anglais empêchaient de revenir en Egypte. Le 19 décembre 1914, le Khédive avait été démis de ses fonctions par le gouvernement de Londres, mais il avait cherché à reprendre le pouvoir.
Les Anglais jugeaient Abbas II Helmi trop nationaliste et trop proche du gouvernement ottoman. En effet, il avait fait cause commune avec les ennemis de Sa Majesté britannique.
Durant les quatre années de guerre, l'Egypte connut une période de prospérité en raison de la présence des troupes alliées
Les autorités britanniques installèrent de vastes camps de soldats dans le désert entre le Caire, Héliopolis et Zeitoun et même jusqu'à Matarieh. De nombreux soldats étaient originaires de Nouvelle-Zélande, d'Australie, d'Irlande et d'Angleterre. Ces installations étaient devenues urgentes afin d'éviter une invasion de l'Egypte par les forces ottomanes alliées à l'Allemagne.
Au courant de l'année 1919, Zeitoun reçut deux visites importantes. Le 9 janvier, ce fut celle du cardinal Bourne, archevêque de Westminster, et le 21 novembre, le délégué du Saint Siège, Mgr Couturier.
Le soir du 8 décembre 1921 la pluie se mit à tomber pendant toute la nuit et le jour suivant, si bien que tout le quartier de Zeitoun fut inondé. Tout le monde se mit à évacuer l'eau à l'abri de parapluies, car il pleuvait comme dans la rue.
A Zeitoun, comme à peu près dans toute l'Egypte, les dégâts causés par ces pluies torrentielles furent considérables et d'innombrables maisons durent être réparées.
Le 20 mars 1928, le président du Syndicat des journalistes français et sous-directeur du Comité de propagande française à l'étranger, M. François Veuillot, donna une conférence à Zeitoun sur les activités féminines en France et il exalta le rôle de la jeune fille dans son foyer et dans la société. M. Veuillot enthousiasma son auditoire.
Selon la tradition copte, la Sainte Famille serait passée à Zeitoun et se serait arrêtée dans un champ planté d'oliviers où fut construit par la suite une petite église pour commémorer l'événement.
Par la suite, l'histoire de Zeitoun se serait arrêtée, pour se confondre avec celle de n'importe quel quartier du Grand-Caire, si un événement était survenu avec les apparitions de la Vierge Marie à l'église copte orthodoxe de Zeitoun en 1968.
En effet, à partir du 2 avril de cette année-là, les gens du quartier, Musulmans et Chrétiens, commencèrent à voir la Vierge apparaître au-dessus des coupoles de la petite église. Tout commença le 2 avril vers trois heures du matin quand les ouvriers d'un garage voisin de l'église aperçurent une femme marchant sur le rebord de la terrasse de l'église.
Les ouvriers commencèrent par interpeller cette femme pour la mettre en garde contre le danger qu'elle courait à marcher ainsi. Mais ils se rendirent compte que c'était une vision de lumière qui disparut au bout d'un certain temps. A partir de cette date, les foules se rassemblèrent chaque soir à Zeitoun pour apercevoir cette forme lumineuse et tous furent convaincus que c'était la Vierge. Ces apparitions furent confirmées par le patriarche copte orthodoxe Chenouda III et une fête fut instituée le 2 avril de chaque année pour commémorer le début de ces apparitions.
Une grande cathédrale a été construite non loin de la petite église et nombreux sont les pèlerins qui se rendent chaque année à Zeitoun.
Une charmante histoire est rattachée à Zeitoun. Sur le grand terrain de 3.000 mètres carrés que les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres avaient acheté pour construire leur pensionnat, les Sœurs entretenaient une vache qui donnait son lait et permettait de faire tourner la saquieh pour arroser le jardin.
Mais, un beau jour, la vache donna naissance à un veau. Selon l'habitude française, le veau lui fut retiré. La vache se fâcha et ne donna plus son lait pendant au moins une année. Dans le jardin, du côté de la rue, il y avait une superbe treille qui donnait de beaux raisins. Un jour, les Sœurs trouvèrent sur la teille deux messieurs qui picoraient les raisins. Une d'elles se hasarda à leur demander s'ils trouvaient le raisin bon. Honteux et confus, ils quittèrent leur perchoir en disant: "Mille pardons, madame, mille pardons!".
A cette époque, la Compagnie des eaux ne fournissait pas encore la région de Zeitoun et chaque maison devait avoir sa saquieh mue par une vache. La Roussette des Sœurs remplissait ce pénible travail.
Un jour, Salem, un jeune homme de 18 ou 19 ans qui s'était attaché au service de la communauté, fouetta rudement Roussette qui, effrayée, tomba dans le puits de la saquieh. Salem se précipita à son secours et des hommes vinrent l'aider. Mais Roussette mourut pendant qu'elle était hissée hors de la saquieh. Toute la communauté accourut pour voir ce qui se passait. Deux religieuses françaises, de passage à Zeitoun, témoin de l'accident furent toutes bouleversées.
Une voisine, Mme Gripon, en entendant tout ce bruit autour de la saquieh, accourut à son tour et elle se trouva devant le cadavre de la vache qu'elle avait vendue aux Sœurs. Elle se mit à pleurer en disant au milieu de ses larmes: "Roussette, ma Roussette, ma fille, ma pauvre fille!".
Pour la communauté, ce fut une grande perte qui fut suivie de plusieurs autres. En effet, les roues de la saquieh brisèrent les jambes d'une nouvelle vache et plusieurs autres périrent épuisées par un travail trop pénible. Heureusement, en 1899, la Compagnie des eaux s'installa à Zeitoun et mit fin, par le fait même à ces pertes de vaches et à ces soucis.

Friday, November 11, 2011



Une nouvelle ville créée par le baron Empain
Ville du Soleil, l'ancienne cité d'Héliopolis 
renait au XXème siècle
L'ancienne cité d'Héliopolis, qui se dressait dans les régions de Matarieh, Zeitoun et Aïn Chams, a survécu dans la nouvelle Héliopolis. A l'aube du XXème siècle, lorsque le baron Edouard Empain jeta son dévolu sur l'emplacement actuel d'Héliopolis, cette région n'était qu'un désert. Ce fut en 1904, au cours de l'un de ses voyages en Egypte, que ce grand industriel belge conçut le projet de fonder Héliopolis. Le 13 mai 1905, le baron Empain acheta 2.500 hectares de désert, surface qui fut portée par la suite à 8.000 hectares. 

par : Gérard Viaud

Ces achats furent financés par les immenses fortunes du baron Empain et de Boghos pacha Nubar. Il choisit pour sa fondation, le nom d'Héliopolis en raison de la proximité de l'ancienne cité d'Héliopolis, la ville du Soleil, nom que les Grecs avaient donné à la cité pharaonique de On.
La ville de On doit son origine au culte du dieu Ra en Egypte dès les premières dynasties. Bien qu'elle fut la capitale du XIIIème nom de la Basse-Egypte, cette ville ne joua pas un rôle important dans la vie politique du pays, ses activités étant surtout orientées vers l'élaboration théologique des dogmes de la religion égyptienne.
La cité de On fut citée à différentes reprises dans la Bible comme dans Ezéchiel 30: 17 ou dans Isaïe 19: 18. Elle fut saccagée en partie par Nabuchodonosor en 568 avant Jésus-Christ et ruinée par Cambyse en 525. La vaste plaine d'Héliopolis fut un champ de bataille à plusieurs reprises au cours de sa longue histoire. En 524 avant Jésus-Christ, le Perse Cambyse, arrivant par le désert oriental, s'apprêtait à envahir l'Egypte, mais ses troupes furent stoppées par une forte résistance égyptienne à l'orée du Delta près de la ville de On. En effet, Cambyse avait mis le siège devant la cité. Les habitants de On, pour tenter de briser ce siège, décidèrent une sortie. La bataille fut terrible, mais les défenseurs de la cité succombèrent sous les coups de l'envahisseur et la ville tomba entre les mains de Cambyse. Les temples et les monuments de la cité furent détruits.
Il y a 2000 ans, l'ancienne cité d'Héliopolis reçut la visite de la Sainte Famille.
La ville soleil

Au terme de son périple dans le Delta, la Sainte Famille arriva à Héliopolis où les 365 statues de la ville s'écroulèrent devant Jésus et sa mère. Les voyageurs allèrent ensuite trouver refuge sous un sycomore qui ouvrit son tronc pour abriter la mère et l'enfant qui fit jaillir une source d'eau.
Dès le IVème siècle, une chapelle avait été construite près de l'arbre de la Vierge. Une table de pierre, servant d'autel, était placée devant une niche où brûlait une lampe. Détruite à plusieurs reprises, cette chapelle devint la propriété des Franciscains en 1597. En 1660, la chapelle fut transformée en mosquée, mais les Chrétiens pouvaient venir y prier.
En l869, le Khédive Ismaïl acheta le jardin de baumiers, où se trouvait l'arbre de la Vierge, la source et la chapelle, et il l'offrit à l'impératrice des Français Eugénie venue en Egypte pour l'inauguration du Canal de Suez. Abandonnée par la suite, la chapelle tomba en ruines et les Jésuites construisirent non loin une chapelle moderne qui fut consacrée le 6 décembre 1904.
Quant à l'arbre de la Vierge, il eut aussi son histoire. Il aurait été planté par la reine Cléopâtre au milieu d'un jardin de baumiers.
Près de l'arbre, se trouve une auge en pierre dans laquelle la Vierge aurait pétri son pain et une autre pour laver son enfant. La source, un moment disparue, a été dégagée et restaurée avec les structures destinées à recevoir la saquieh. Les femmes qui veulent être enceintes passent sur le pont se trouvant entre les deux ouvertures de la source.
L'arbre et la source sont enfermés dans un enclos qui est un lieu historique et classé par le Conseil supérieur des antiquités.
En 640 après Jésus-Christ, les troupes d'Amr Ibn El-As se présentèrent aux portes de l'Egypte afin de libérer le pays de l'occupation byzantine. Au mois de juillet 640, une sanglante bataille se déroula dans la plaine d'Héliopolis entre les armées arabe et byzantine. Cette défaite des Byzantins ouvrit à Amr Ibn El-As les portes de l'Egypte.
En 1517, la plaine d'Héliopolis redevint un champ de bataille entre les armées ottomanes de Sélim 1er et les Mamelouks qui furent battus.
En 1800, les troupes ottomanes s'avancèrent jusqu'à la plaine d'Héliopolis afin de tenter de déloger les Français d'Egypte. Le 20 mars 1800, les troupes du général Kléber donnèrent l'assaut et la victoire française, fut totale.
Ce fut ainsi près d'une antique cité, d'un souvenir de la Sainte Famille et d'un champ de bataille que le baron Empain décida de construire la nouvelle Héliopolis.
En 1906, le baron Empain, promoteur de la Société des Oasis d'Héliopolis et président de son Conseil d'administration, entreprit d'édifier cette nouvelle cité dans le désert. Il alla trouver Mgr Augustin Duret à Choubra, nouvel évêque du vicariat apostolique du Delta du Nil, et il lui proposa de construire une cathédrale en plein centre de la nouvelle cité à condition que l'évêque accepterait de résider à Héliopolis.
Mgr Duret accepta cette proposition conditionnée et le 24 novembre 1910 le Vatican donna son feu vert à l'évêque.
Dans un coin de cette mer de sable qu'on appelait le désert d'Arabie et qui commençait aux portes du Caire pour aller finir à Suez et à la mer Rouge, s'éleva, comme par enchantement, une opulente forêt de coupoles, de dômes, de tours et de pignons en arabesques: gracieuse floraison du vieux style arabe. Cette ville, sortie des sables du désert, excite toujours l'admiration, par ses quartiers féeriques en styles arabe, hindou, chinois et japonais, par ses monuments imposants, ses avenues spacieuses, sa position sanitaire et son orientation. Elle est, de plus, reliée au Caire, dont elle fait désormais partie, par un métropolitain.
Héliopolis fut une création exemplaire et unique au Caire grâce à la personnalité de son auteur le baron Empain. Tout la distingue des réalisations faites à cette époque: le plan d'abord, inspiré des cités jardins, le fort marquage de son centre autour de la basilique, ses infrastructures et ses équipements sportifs, scolaires et hôteliers, ses espaces verts, l'originalité de ses habitations et des règlements d'urbanisme très précis qui ont présidé à sa construction.
Tous ces éléments font d'Héliopolis un ensemble urbain très cohérent au contraire de toutes les réalisations de la même époque.
En 1931, Héliopolis, autour de sa basilique, possédait son Palace Hôtel (devenu palais présidentiel), son palais hindou du baron Empain, son hippodrome, des jardins et des parcs, son Sporting Club, ses cinémas, ses mosquées, ses églises et ses nombreuses écoles. M. le baron Empain pour recevoir l'église byzantine, réduction de Sainte Sophie de Constantinople, dont il veut doter l'opulente cité et qu'il destine, dans sa pensée, à devenir la cathédrale de Mgr Duret.
Ce monument, qui a été le couronnement chrétien de cette oeuvre gigantesque, s'élèvera non loin de l'antique "Ville du Soleil" (Héliopolis), où Moïse fut formé dans la science des Egyptiens, près de Matarieh où la tradition fait arrêter la Sainte Famille. Le baron Empain se fit construire à Héliopolis un palais de style hindou qui dénote un peu au milieu des palais et des villas de style arabe.
Quand il mourut en Belgique en 1937 selon son testament il voulut être enterré en Egypte. Sa dépouille mortelle fut transportée jusqu'en son palais et une procession solennelle le conduisit en la basilique d'Héliopolis. Il repose dans un caveau situé en dessous du choeur de la basilique.
L'Egypte possède une basilique dédiée à Notre-Dame de Fatima. La première pierre de cette basilique à Héliopolis fut posée le 7 novembre 1951 par le patriarche chaldéen catholique Joseph II Ghanima. Ce sanctuaire fut achevé en 1953 et la première messe y fut célébrée le 13 mai de cette même année en la fête de Notre-Dame de Fatima.
Les travaux de construction furent menés sous la direction du vicaire patriarcal chaldéen, Mgr Emmanuel Rassam, et l'architecte Charles Ayrout.
Non loin de Notre-Dame de Fatima, se trouve le Foyer de la Vierge Marie à Héliopolis pour les personnes âgées.
En 1955, les religieuses abandonnèrent leur maison de Choubra pour aller s'installer dans un bâtiment neuf et spacieux à Héliopolis, dans un quartier relativement calme non loin de l'église de Notre-Dame de Fatima. Cette nouvelle maison, au milieu d'un jardin, pouvait accueillir jusqu'à 220 personnes. C'est l'actuel Foyer de la Vierge pour les personnes âgées qui est dirigé par neuf religieuses coopérant avec une vingtaine d'employés.
En 1956, un dispensaire fut adjoint à ce Foyer. Il reçoit chaque jour de nombreux malades du quartier dans ses différents services: médecine générale, gynécologie, petite chirurgie, soins dentaires, etc... Plusieurs médecins collaborent avec ce dispensaire.

Entre deux palais

Les deux lieux ont un très belle construction où se mélangent les styles 
mamelouk et ottoman
Le monde riche de Naguib Mahfouz
"entre deux palais" du Caire fatimide
La célèbre trilogie de Naguib Mahfouz se compose de trois romans: "Bein el-Qasrein" (1956), "Qasr el-Chouq" (1957) et el-Soukkaria" (1957). Ce qui est remarquable c'est que ces trois titres correspondent à des lieux du Caire fatimide où Naguib Mahfouz aimait à flâner. Tout le monde connaît le café Naguib Mahfouz dans la ruelle de Bab el-Badistan en plein centre du khan el-Khalili. Elle est coupée en deux par cette porte el-Badistan construite en 1511.


Par : Gérard Viaud

La rue Qasr el-Chouq commence sur l'artère de Gamaleïa, entre Bab el-Nasr et Sayedna el-Hussein, près de la mosquée de Mahmoud Moharrem construite en 1792. Cette rue passe derrière une autre mosquée, celle de Marzouq el-Ahmadi qui date du XVIIème siècle. Cette rue a donné son nom à un roman de Naguib Mahfouz qui appartient à sa trilogie célèbre.
Photo Sharobim

Cette trilogie se compose de trois romans: "Bein el-Qasrein" (1956), "Qasr el-Chouq" (1957) et el-Soukkaria" (1957). Ce qui est remarquable c'est que ces trois titres correspondent à des lieux du Caire fatimide où Naguib Mahfouz aimait à flâner. "Bein el-Qasrein", entre les deux palais, se trouvait au milieu de la grande rue Moëz Lidine Illah à l'emplacement actuel du palais de Bachtak et du sébil-kouttab d'Abdel Rahman el-Kathouda. C'était, à l'époque fatimide, une grande place encadrée de deux grands et beaux palais.
L'émir Bachtak fit entreprendre les travaux de ce palais en 1335 et ils furent achevés en 1339.
Sous le règne du sultan mamelouk el-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun, au XIVème siècle, un des puissants émirs de sa Cour était Seif Eddine Bachtak el-Nassiri. Cet émir fit ainsi construire un magnifique palais en bordure de la rue Moëz Lidine Illah à l'emplacement d'un ancien palais de l'époque fatimide.
Le palais de Bachtak fut restauré en 1986 par l'Organisme des antiquités égyptiennes en coopération avec l'Institut allemand d'archéologie du Caire. L'un des plus beaux sébiles du Caire est sans conteste celui d'Abdel Rahman katkhouda. Il fut construit en 1744 alors qu'Abdel Rahman était gouverneur du Caire, le katkhouda.
Ce sébile se trouve à l'angle des rues de Moëz Lidine Illah et Darb Qarmis dans le Caire fatimide là où se trouvait à l'époque fatimide la place de Bein el-Qasrein, les deux palais. C'est un très belle construction où se mélangent les styles mamelouk et ottoman. Chacune des trois façades est décorée d'arceaux supportés par des colonnes encadrant de larges fenêtres ogivales garnies de grilles ouvragés. dans le bas de ces grilles se trouvent des orifices permettant de puiser l'eau contenue dans des bassins. A l'étage supérieur est aménagé le kouttab, cette école coranique, entouré d'élégantes colonnettes et dont le plafond est richement décoré.
"Qasr el-Chouq", le palais des épines, a laissé son nom à une ruelle du quartier de Gamaleïa. Elle commence auprès de la mosquée de Mahmoud Moharrem. Il y avait en cette ruelle un palais où un marchand d'esclaves jetait les jeunes filles dans une fosse remplie d'épines si elles étaient récalcitrantes.
Quant à "el-Soukkaria", la ruelle des marchands de sucre, elle se trouve près de la porte de Zouweïla et du sébil-kouttab de Nafissa el-Baïda. Une très belle porte en ferme l'entrée en bordure de la rue Moëz Lidine Illah. Revenons à la rue Qasr el-Chouq. Au XIVème siècle, sous le règne du sultan mamelouk el-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun, il y avait au Caire un riche marchand d'esclaves qui s'appelait Magd Eddine Ibn Yacout el-Khawaga. Chaque année, Magd Eddine organisait des caravanes vers les pays slaves et jusqu'en Perse pour y acheter des esclaves, spécialement des jeunes filles les plus belles possible, et notamment des Circassiennes.
En revenant au Caire, Magd Eddine commençait par enfermer ses esclaves dans son palais pour leur donner une éducation conforme au rôle qu'elles allaient jouer avant de les revendre. Si l'une de ces jeunes filles était récalcitrante elle était jetée dans une fosse remplie d'épines. Les habitants du quartier, connaissant ce procédé, finirent par appeler le palais de Magd Eddine "Qasr el-Chouq" et le nom fut ainsi donné à la rue où se trouvait ce palais. Les jeunes esclaves, leur éducation achevée, étaient vendues sur les marchés du Caire. La rue et le palais el-Soukkaria se trouvent sur la gauche de la rue Moëz Lidine Illah non loin de la porte de Zouweïla. La rue est reconnaissable à une porte qui la fermait autrefois auprès du sébil-kouttab de Nafissa el-Baïda.
Cette rue el-Soukkaria était celle des marchands de sucre. Naguib Mahfouz y plaça le dernier roman de sa trilogie qui s'appelle d'ailleurs "el-Soukkaria".
En 1796, Nafissa el-Baïda fit construire une woukala et un sébil-kouttab près de cette ruelle et en bordure de la rue Moëz Lidine Illah juste en face de la mosquée d'el-Mouayyed.
Nafissa el-Baïda, encore appelée Nafissa el-Mouraddiya el-Baïda, était l'épouse de l'émir mamelouk Mourad bey qui partagea le pouvoir en Egypte avec Ibrahim bey jusqu'à l'arrivée des troupes françaises de Bonaparte. Ces deux chefs mamelouks organisèrent la résistance contre les occupants français. Mourad bey mourut en 1810. L'épouse de Mourad bey, Nafissa el-Baïda, mourut quelques années après son mari, en 1815.
Le chroniqueur de l'époque, le cheikh Abdel Rahman el-Djabarti, rapporta que Sitti Hatoun (un autre nom de Nafissa el-Baïda), l'épouse de Mourad bey, fit construire le han el-Guédid et un abreuvoir près de la porte de Zouweïla. Ce sont la woukala et le sébil-kouttab dont il a été question.
Ainsi le nom de la ruelle el-Soukkaria est rattaché au souvenir d'une grande dame de la fin du XVIIIème siècle au Caire.
Il serait intéressant de savoir ce que devint cette dame alors que son époux combattait les troupe

Wednesday, November 9, 2011





La rue El-Khiyamieh

La rue El-Khiyamieh, celle des fabricants de tentes, est couverte par un plafond de bois. Cette rue, se trouvant juste devant la porte de Zouweïla, fait partie de cette très longue artère qui commençait au faubourg d'El-Husseineia, au nord du Caire, pour emprunter ensuite la rue Moëz Lidine Illah et aller jusqu'au Vieux Caire.
Photo Sharobim
A partir de 1301, sous le règne du sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun, les constructions se multiplièrent énormément et sans ordre au sud de la porte de Zouweïla si bien que les urbanistes du sultan durent intervenir pour mettre de l'ordre dans ces nouvelles constructions : magasins, woukala, palais d'émirs, bains, etc ...
Les urbanistes, par ordre du sultan, se virent contraints de faire abattre quelques nouvelles constructions pour tracer, le plus droit possible, un boulevard qui conduirait de la porte de Zouweïla jusqu'à Saliba et la mosquée d'Ibn Touloun et, par delà, jusqu'au Vieux-Caire.
Ce nouveau tronçon était le prolongement naturel de la rue Moëz Lidine Illah, le fondateur de la ville fatimide du Caire.
Cette longue rue, qui s'appelait la Qasaba, fut le plus long boulevard que connut la ville du Caire à travers sa longue histoire.
Au XVIIIème siècle, un bey ottoman gouverneur de la ville du Caire, Radouan bey, entreprit la réfection de ce long boulevard. De nombreuses maisons tombant en ruine furent reconstruites. Radouan bey édifia en 1736 ce superbe ensemble de la rue El-Khiyamieh connu sous le nom de Qasaba de Radouan bey.
Des maisons, toutes de même style, bordent cette rue. Le premier étage est soutenu par des pieds de cordeaux qui font avancer cet étage au-dessus de la rue. Il en est de même pour le second étage et la rue est recouverte d'un plafond de bois, percé de temps à autre d'une ouverture rectangulaire d'un mètre de long et de trente centimètres environ de largeur qui laisse passer la lumière du jour.
Malgré ces ouvertures, cette rue est la plus sombre de la ville du Caire. Elle s'étend actuellement sur une centaine de mètres.
Cette Qasaba de Radouan bey s'appelle actuellement rue El-Khiyamieh car il s'y trouve de nombreux fabricants de tentes, ces grandes toiles aux couleurs vives avec des dessins géométriques ou s'inspirant des végétaux.
Ces toiles de tentes servent à monter les tentes pour les assemblées mortuaires ou pour les fêtes. Elles masquent encore les magasins en cours réfection et elles sont utilisées pour monter des arcs de triomphe à certaines occasions, comme pour les visites du Président de la République, du gouverneur ou d'un personnage important.
G.V.





Fomm "Bab El-Bahr" dans la ville du Caire
 
La rue de Fom Bab El-Bahr se situe à l'entrée nord de la rue El-Goumhouriya et cette photo, représentée ici, montre l'emplacement approximatif de l'ancienne porte nord-ouest des remparts du Caire, Bab El-Bahr.
Ce mot de Bab El-Bahr, signifie "porte de la mer", car elle était, à l'origine, construite à proximité du Nil qui se faisait appeler "Bahr El-Nil"; mais ce terme de "Bahr" désigne aussi le nord car la grande mer, la Méditerranée, se trouve au nord de l'Egypte. La porte de Bab El-Bahr existait encore vers le milieu du XIXème siècle. Elle était construite sur le modèle de ces portes qui se trouvent encore dans l'enceinte nord de la cité fatimide du Caire, Bab El-Foutouh et Bab El-Nasr.
L'ogive de la porte était encadrée de deux grosses tours crénelées qui occupaient l'emplacement de ces immeubles récents se trouvant à l'entrée de la rue appelée Fom El-Bahr, au coin de l'actuelle rue d'El-Goumhouriya et de la place de Bab-El-Hadid, un nom qui était encore donné à cette porte.
Fabrique poupée 
Il semble que Bab El-Bahr fut démolie lors du tracé de la rue Clot bey sous le règne du Khédive Ismaïl qui avait entrepris la construction de nouveaux quartiers en dehors des remparts du Caire ancien. De cette porte, il ne reste actuellement que le nom de la ruelle de Fom Bab El-Bahr et de la rue qui conduit vers le quartier de Bab El-Chaareïa à la limite de la cité fatimide. Cette rue ancienne est d'ailleurs très pittoresque. Elle a gardé, en partie, ses pavés et elle est bordée de nombreuses boutiques comme elles existaient autrefois. Cette rue est spécialisée, du moins dans son premier tronçon, dans les confiseries et les sucreries. C'est là que se fabriquent les fameuses poupées de sucre du "Mouled El-Nabi", ainsi que les cavaliers et les bateaux en sucreries qui sont le signe populaire de cette fête.
De vieilles maisons, ornées de moucharabiehs et de portes cochères ouvragées, existent toujours dans cette rue, mais, petit à petit, elles tombent en ruine et s'écroulent sous le pic des démolisseurs pour laisser la place à des immeubles modernes.
Ce fut par cette porte de Bab El-Bahr que Bonaparte entra au Caire le 25 juillet 1798. Jean-François Champollion et tous les voyageurs du XIXème siècle ont parlé de cette porte dont les deux vantaux étaient bardés de fer, d'où son nom de Bab El-Hadid, la porte de fer. A partir de cette porte, les voyageurs se rendaient directement dans le quartier proche de l'Ezbékieh.
Juste devant cette porte, se trouvait depuis le XIIème siècle le quartier extra-muros de Maqs qui avait été aménagé lors du retrait du Nil plus à l'ouest. Le constructeur des remparts du Caire, sous le règne de Salah Eddine El-Ayyoubi, le célèbre Qaraqouch, avait construit un hôpital dans ce quartier de Maqs, le premier à avoir existé au Caire bien avant celui du Maristan de Qalaoun rue Moëz Lidine Illah dans le Caire fatimide. Très vite, des marchés et des caravansérails s'établirent devant Bab El-Bahr pour les voyageurs et les marchandises débarquant au port de Boulac. Les chroniqueurs anciens racontent que les installations des négociants étaient nombreuses devant Bab El-Bahr. Il y avait ainsi le foundouk Tourountaï où descendaient les marchands d'huile venant de Syrie. Au mois de mai 1321, lors d'une révolte au Caire, ce foundouk fut incendié et tout fut transformé en chaux. Bab El-Bahr, ce n'est plus qu'un souvenir d'antan. Une rue, celle de Boustan El-Maqsi, rappelle encore ce quartier de Maqs devant la porte. Dans cette dernière rue se trouve le Collège de la Sainte Famille de Faggalah qui débouche devant la cathédrale grecque catholique où se trouvait le palais de Linant de Bellefonds. Dans le prolongement de la ruelle de Fom Bab El-Bahr se trouve le début des rues de Bein El-Harat et de Bab El-Bahr.
G.V.




La rue du marché
des armes au Caire
 

Scraveli-Spyridon
La rue souq El-Silah (le marché des armes) part non loin de la mosquée d'El-Rifaï pour aller rejoindre la rue de Darb El-Ahmar. Elle doit son nom aux fabricants et marchands d'armes qui s'y trouvaient autrefois.
En l'année 1384, le marché des armes s'installa dans cette rue. Auparavant, il se trouvait dans le quartier de Bein El-Qasrein dans le Caire fatimide.
Au XVIIIème siècle, de nombreuses woukala (caravansérails) s'installèrent dans cette rue. La woukala de Youssouf katkhouda (1709) était surtout réservée aux marchands étrangers, les Syriens, les Maghrébins et les Turcs. Il y avait encore la woukala d'Ibrahim katkhouda (1728), celle de Mohamed effendi (1703) et celle d'Ibrahim aga (1749).
En plus de ces woukala, il existait rue souq El-Silah des palais, des mosquées et des sébiles.
Le palais le plus célèbre de cette rue était celui de l'émir Mangak El-Youssoufi El-Silahdar, le porte-glaive du sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun au XIVème siècle. Cet émir avait construit ce palais en 1346. Il n'en reste que le porche d'entrée dont les deux tympans de l'arc étaient décorés du blason de l'émir avec un cimeterre, l'insigne de sa charge. Ce fut dans ce palais que naquit l'historien Aboul Mahsin en 1409.
Dans cette rue de souq El-Silah se trouvent encore la madrassa (école) d'Ilgaï El-Youssoufi construite en 1373, le sébile de Moustapha Sinan (1630) et celui de Rouqayya Doudou (1761).
Un autre monument intéressant de cette rue est le hammam (bain) de l'émir mamelouk Bachtak qui le fit construire en 1341.
Maintenant, dans la rue de souq El-Silah les marchands d'armes se font rares depuis que le Khédive Ismaïl au XIXème siècle centralisa la fabrication des armes. Toutefois, quelques ateliers réparent encore les armes, fusils ou pistolets, maintenant ainsi la réputation de cette ancienne rue du Caire. Mais cette rue n'est plus ce qu'elle était autrefois, car ses monuments tombent en ruine.
La rue souq El-Silah rappelle une page de l'histoire du Caire quand les ateliers fabriquaient les armes.
G.V.