Friday, November 11, 2011

Le Nilomètre de Roda
 
La rue El-Miqyas se trouve sur l'île de Roda et elle conduit au Nilomètre appelé Mikyas en langue arabe.
Selon la légende, un premier Nilomètre aurait été construit en ce lieu par Joseph, le fils de Jacob, quand il était ministre du pharaon, c'est-à-dire vers 1500 avant Jésus-Christ.
Historiquement, le Nilomètre de Roda fut construit en 715 sous le règne du calife omeyyade Soleiman Abdel Malek.
Ce Nilomètre fut restauré en 815 par le calife El-Mamoun. Ayant été renversé par une forte crue en 859, le calife El-Moutawakil le fit reconstruire.

Le Nilomètre de Roda Photo Sharobim
En 1092, le calife fatimide Moustansir restaura le Nilomètre qui resta dans le même état jusqu'à l'expédition française de Bonaparte en 1798. Des Mamelouks s'y étaient retranchés et les troupes françaises, en donnant l'assaut à cette forteresse improvisée, détruisirent en partie le Nilomètre. Il fut, par la suite, reconstruit tel que nous le voyons actuellement.
La coupole à multiples faces et pointue qui domine le Nilomètre et les jardins du palais voisin de Monasterly, fut reconstituée d'après une ancienne gravure du voyageur et architecte danois Norden qui visita l'Egypte en 1739. De style pyramidale, cette coupole avait été détruite accidentellement en 1825 à la suite de l'explosion d'une poudrière qui se trouvait non loin de là. Cette poudrière avait été installée par l'architecte français Pascal Coste chargé alors par Mohamed Ali de fournir les munitions à l'armée égyptienne. La coupole du Nilomètre fut reconstruite d'après l'ancienne gravure de Norden.
Ce Nilomètre de Roda est destiné à mesurer la hauteur de la crue du Nil. L'échelle est numérotée jusqu'à 17 coudées (une coudée = 0,540 mètre qui multiplié par 17 coudées = 9,187 mètres).
La crue du Nil était proclamée à 16 coudées.
Dans l'Egypte ancienne, chaque temple construit près du Nil possédait son Nilomètre.
Près du Nilomètre se trouve le palais Monasterly construit vers 1850. Ce palais fut le premier siège de la Ligue arabe au Caire en 1947 et il dépend maintenant du ministère de la culture. La famille de notables Monasterly se constitua en gardienne du Nilomètre.
Non loin du Nilomètre, un escalier descend jusqu'au fleuve et une tradition place en ce lieu la découverte de Moïse par la fille du pharaon. Sous le palais de Monasterly se trouveraient les ruines d'une église copte.
G.V.

Entre deux palais

Les deux lieux ont un très belle construction où se mélangent les styles 
mamelouk et ottoman
Le monde riche de Naguib Mahfouz
"entre deux palais" du Caire fatimide
La célèbre trilogie de Naguib Mahfouz se compose de trois romans: "Bein el-Qasrein" (1956), "Qasr el-Chouq" (1957) et el-Soukkaria" (1957). Ce qui est remarquable c'est que ces trois titres correspondent à des lieux du Caire fatimide où Naguib Mahfouz aimait à flâner. Tout le monde connaît le café Naguib Mahfouz dans la ruelle de Bab el-Badistan en plein centre du khan el-Khalili. Elle est coupée en deux par cette porte el-Badistan construite en 1511.


Par : Gérard Viaud

La rue Qasr el-Chouq commence sur l'artère de Gamaleïa, entre Bab el-Nasr et Sayedna el-Hussein, près de la mosquée de Mahmoud Moharrem construite en 1792. Cette rue passe derrière une autre mosquée, celle de Marzouq el-Ahmadi qui date du XVIIème siècle. Cette rue a donné son nom à un roman de Naguib Mahfouz qui appartient à sa trilogie célèbre.
Photo Sharobim

Cette trilogie se compose de trois romans: "Bein el-Qasrein" (1956), "Qasr el-Chouq" (1957) et el-Soukkaria" (1957). Ce qui est remarquable c'est que ces trois titres correspondent à des lieux du Caire fatimide où Naguib Mahfouz aimait à flâner. "Bein el-Qasrein", entre les deux palais, se trouvait au milieu de la grande rue Moëz Lidine Illah à l'emplacement actuel du palais de Bachtak et du sébil-kouttab d'Abdel Rahman el-Kathouda. C'était, à l'époque fatimide, une grande place encadrée de deux grands et beaux palais.
L'émir Bachtak fit entreprendre les travaux de ce palais en 1335 et ils furent achevés en 1339.
Sous le règne du sultan mamelouk el-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun, au XIVème siècle, un des puissants émirs de sa Cour était Seif Eddine Bachtak el-Nassiri. Cet émir fit ainsi construire un magnifique palais en bordure de la rue Moëz Lidine Illah à l'emplacement d'un ancien palais de l'époque fatimide.
Le palais de Bachtak fut restauré en 1986 par l'Organisme des antiquités égyptiennes en coopération avec l'Institut allemand d'archéologie du Caire. L'un des plus beaux sébiles du Caire est sans conteste celui d'Abdel Rahman katkhouda. Il fut construit en 1744 alors qu'Abdel Rahman était gouverneur du Caire, le katkhouda.
Ce sébile se trouve à l'angle des rues de Moëz Lidine Illah et Darb Qarmis dans le Caire fatimide là où se trouvait à l'époque fatimide la place de Bein el-Qasrein, les deux palais. C'est un très belle construction où se mélangent les styles mamelouk et ottoman. Chacune des trois façades est décorée d'arceaux supportés par des colonnes encadrant de larges fenêtres ogivales garnies de grilles ouvragés. dans le bas de ces grilles se trouvent des orifices permettant de puiser l'eau contenue dans des bassins. A l'étage supérieur est aménagé le kouttab, cette école coranique, entouré d'élégantes colonnettes et dont le plafond est richement décoré.
"Qasr el-Chouq", le palais des épines, a laissé son nom à une ruelle du quartier de Gamaleïa. Elle commence auprès de la mosquée de Mahmoud Moharrem. Il y avait en cette ruelle un palais où un marchand d'esclaves jetait les jeunes filles dans une fosse remplie d'épines si elles étaient récalcitrantes.
Quant à "el-Soukkaria", la ruelle des marchands de sucre, elle se trouve près de la porte de Zouweïla et du sébil-kouttab de Nafissa el-Baïda. Une très belle porte en ferme l'entrée en bordure de la rue Moëz Lidine Illah. Revenons à la rue Qasr el-Chouq. Au XIVème siècle, sous le règne du sultan mamelouk el-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun, il y avait au Caire un riche marchand d'esclaves qui s'appelait Magd Eddine Ibn Yacout el-Khawaga. Chaque année, Magd Eddine organisait des caravanes vers les pays slaves et jusqu'en Perse pour y acheter des esclaves, spécialement des jeunes filles les plus belles possible, et notamment des Circassiennes.
En revenant au Caire, Magd Eddine commençait par enfermer ses esclaves dans son palais pour leur donner une éducation conforme au rôle qu'elles allaient jouer avant de les revendre. Si l'une de ces jeunes filles était récalcitrante elle était jetée dans une fosse remplie d'épines. Les habitants du quartier, connaissant ce procédé, finirent par appeler le palais de Magd Eddine "Qasr el-Chouq" et le nom fut ainsi donné à la rue où se trouvait ce palais. Les jeunes esclaves, leur éducation achevée, étaient vendues sur les marchés du Caire. La rue et le palais el-Soukkaria se trouvent sur la gauche de la rue Moëz Lidine Illah non loin de la porte de Zouweïla. La rue est reconnaissable à une porte qui la fermait autrefois auprès du sébil-kouttab de Nafissa el-Baïda.
Cette rue el-Soukkaria était celle des marchands de sucre. Naguib Mahfouz y plaça le dernier roman de sa trilogie qui s'appelle d'ailleurs "el-Soukkaria".
En 1796, Nafissa el-Baïda fit construire une woukala et un sébil-kouttab près de cette ruelle et en bordure de la rue Moëz Lidine Illah juste en face de la mosquée d'el-Mouayyed.
Nafissa el-Baïda, encore appelée Nafissa el-Mouraddiya el-Baïda, était l'épouse de l'émir mamelouk Mourad bey qui partagea le pouvoir en Egypte avec Ibrahim bey jusqu'à l'arrivée des troupes françaises de Bonaparte. Ces deux chefs mamelouks organisèrent la résistance contre les occupants français. Mourad bey mourut en 1810. L'épouse de Mourad bey, Nafissa el-Baïda, mourut quelques années après son mari, en 1815.
Le chroniqueur de l'époque, le cheikh Abdel Rahman el-Djabarti, rapporta que Sitti Hatoun (un autre nom de Nafissa el-Baïda), l'épouse de Mourad bey, fit construire le han el-Guédid et un abreuvoir près de la porte de Zouweïla. Ce sont la woukala et le sébil-kouttab dont il a été question.
Ainsi le nom de la ruelle el-Soukkaria est rattaché au souvenir d'une grande dame de la fin du XVIIIème siècle au Caire.
Il serait intéressant de savoir ce que devint cette dame alors que son époux combattait les troupe

Wednesday, November 9, 2011





La rue El-Khiyamieh

La rue El-Khiyamieh, celle des fabricants de tentes, est couverte par un plafond de bois. Cette rue, se trouvant juste devant la porte de Zouweïla, fait partie de cette très longue artère qui commençait au faubourg d'El-Husseineia, au nord du Caire, pour emprunter ensuite la rue Moëz Lidine Illah et aller jusqu'au Vieux Caire.
Photo Sharobim
A partir de 1301, sous le règne du sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun, les constructions se multiplièrent énormément et sans ordre au sud de la porte de Zouweïla si bien que les urbanistes du sultan durent intervenir pour mettre de l'ordre dans ces nouvelles constructions : magasins, woukala, palais d'émirs, bains, etc ...
Les urbanistes, par ordre du sultan, se virent contraints de faire abattre quelques nouvelles constructions pour tracer, le plus droit possible, un boulevard qui conduirait de la porte de Zouweïla jusqu'à Saliba et la mosquée d'Ibn Touloun et, par delà, jusqu'au Vieux-Caire.
Ce nouveau tronçon était le prolongement naturel de la rue Moëz Lidine Illah, le fondateur de la ville fatimide du Caire.
Cette longue rue, qui s'appelait la Qasaba, fut le plus long boulevard que connut la ville du Caire à travers sa longue histoire.
Au XVIIIème siècle, un bey ottoman gouverneur de la ville du Caire, Radouan bey, entreprit la réfection de ce long boulevard. De nombreuses maisons tombant en ruine furent reconstruites. Radouan bey édifia en 1736 ce superbe ensemble de la rue El-Khiyamieh connu sous le nom de Qasaba de Radouan bey.
Des maisons, toutes de même style, bordent cette rue. Le premier étage est soutenu par des pieds de cordeaux qui font avancer cet étage au-dessus de la rue. Il en est de même pour le second étage et la rue est recouverte d'un plafond de bois, percé de temps à autre d'une ouverture rectangulaire d'un mètre de long et de trente centimètres environ de largeur qui laisse passer la lumière du jour.
Malgré ces ouvertures, cette rue est la plus sombre de la ville du Caire. Elle s'étend actuellement sur une centaine de mètres.
Cette Qasaba de Radouan bey s'appelle actuellement rue El-Khiyamieh car il s'y trouve de nombreux fabricants de tentes, ces grandes toiles aux couleurs vives avec des dessins géométriques ou s'inspirant des végétaux.
Ces toiles de tentes servent à monter les tentes pour les assemblées mortuaires ou pour les fêtes. Elles masquent encore les magasins en cours réfection et elles sont utilisées pour monter des arcs de triomphe à certaines occasions, comme pour les visites du Président de la République, du gouverneur ou d'un personnage important.
G.V.





Fomm "Bab El-Bahr" dans la ville du Caire
 
La rue de Fom Bab El-Bahr se situe à l'entrée nord de la rue El-Goumhouriya et cette photo, représentée ici, montre l'emplacement approximatif de l'ancienne porte nord-ouest des remparts du Caire, Bab El-Bahr.
Ce mot de Bab El-Bahr, signifie "porte de la mer", car elle était, à l'origine, construite à proximité du Nil qui se faisait appeler "Bahr El-Nil"; mais ce terme de "Bahr" désigne aussi le nord car la grande mer, la Méditerranée, se trouve au nord de l'Egypte. La porte de Bab El-Bahr existait encore vers le milieu du XIXème siècle. Elle était construite sur le modèle de ces portes qui se trouvent encore dans l'enceinte nord de la cité fatimide du Caire, Bab El-Foutouh et Bab El-Nasr.
L'ogive de la porte était encadrée de deux grosses tours crénelées qui occupaient l'emplacement de ces immeubles récents se trouvant à l'entrée de la rue appelée Fom El-Bahr, au coin de l'actuelle rue d'El-Goumhouriya et de la place de Bab-El-Hadid, un nom qui était encore donné à cette porte.
Fabrique poupée 
Il semble que Bab El-Bahr fut démolie lors du tracé de la rue Clot bey sous le règne du Khédive Ismaïl qui avait entrepris la construction de nouveaux quartiers en dehors des remparts du Caire ancien. De cette porte, il ne reste actuellement que le nom de la ruelle de Fom Bab El-Bahr et de la rue qui conduit vers le quartier de Bab El-Chaareïa à la limite de la cité fatimide. Cette rue ancienne est d'ailleurs très pittoresque. Elle a gardé, en partie, ses pavés et elle est bordée de nombreuses boutiques comme elles existaient autrefois. Cette rue est spécialisée, du moins dans son premier tronçon, dans les confiseries et les sucreries. C'est là que se fabriquent les fameuses poupées de sucre du "Mouled El-Nabi", ainsi que les cavaliers et les bateaux en sucreries qui sont le signe populaire de cette fête.
De vieilles maisons, ornées de moucharabiehs et de portes cochères ouvragées, existent toujours dans cette rue, mais, petit à petit, elles tombent en ruine et s'écroulent sous le pic des démolisseurs pour laisser la place à des immeubles modernes.
Ce fut par cette porte de Bab El-Bahr que Bonaparte entra au Caire le 25 juillet 1798. Jean-François Champollion et tous les voyageurs du XIXème siècle ont parlé de cette porte dont les deux vantaux étaient bardés de fer, d'où son nom de Bab El-Hadid, la porte de fer. A partir de cette porte, les voyageurs se rendaient directement dans le quartier proche de l'Ezbékieh.
Juste devant cette porte, se trouvait depuis le XIIème siècle le quartier extra-muros de Maqs qui avait été aménagé lors du retrait du Nil plus à l'ouest. Le constructeur des remparts du Caire, sous le règne de Salah Eddine El-Ayyoubi, le célèbre Qaraqouch, avait construit un hôpital dans ce quartier de Maqs, le premier à avoir existé au Caire bien avant celui du Maristan de Qalaoun rue Moëz Lidine Illah dans le Caire fatimide. Très vite, des marchés et des caravansérails s'établirent devant Bab El-Bahr pour les voyageurs et les marchandises débarquant au port de Boulac. Les chroniqueurs anciens racontent que les installations des négociants étaient nombreuses devant Bab El-Bahr. Il y avait ainsi le foundouk Tourountaï où descendaient les marchands d'huile venant de Syrie. Au mois de mai 1321, lors d'une révolte au Caire, ce foundouk fut incendié et tout fut transformé en chaux. Bab El-Bahr, ce n'est plus qu'un souvenir d'antan. Une rue, celle de Boustan El-Maqsi, rappelle encore ce quartier de Maqs devant la porte. Dans cette dernière rue se trouve le Collège de la Sainte Famille de Faggalah qui débouche devant la cathédrale grecque catholique où se trouvait le palais de Linant de Bellefonds. Dans le prolongement de la ruelle de Fom Bab El-Bahr se trouve le début des rues de Bein El-Harat et de Bab El-Bahr.
G.V.




La rue du marché
des armes au Caire
 

Scraveli-Spyridon
La rue souq El-Silah (le marché des armes) part non loin de la mosquée d'El-Rifaï pour aller rejoindre la rue de Darb El-Ahmar. Elle doit son nom aux fabricants et marchands d'armes qui s'y trouvaient autrefois.
En l'année 1384, le marché des armes s'installa dans cette rue. Auparavant, il se trouvait dans le quartier de Bein El-Qasrein dans le Caire fatimide.
Au XVIIIème siècle, de nombreuses woukala (caravansérails) s'installèrent dans cette rue. La woukala de Youssouf katkhouda (1709) était surtout réservée aux marchands étrangers, les Syriens, les Maghrébins et les Turcs. Il y avait encore la woukala d'Ibrahim katkhouda (1728), celle de Mohamed effendi (1703) et celle d'Ibrahim aga (1749).
En plus de ces woukala, il existait rue souq El-Silah des palais, des mosquées et des sébiles.
Le palais le plus célèbre de cette rue était celui de l'émir Mangak El-Youssoufi El-Silahdar, le porte-glaive du sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun au XIVème siècle. Cet émir avait construit ce palais en 1346. Il n'en reste que le porche d'entrée dont les deux tympans de l'arc étaient décorés du blason de l'émir avec un cimeterre, l'insigne de sa charge. Ce fut dans ce palais que naquit l'historien Aboul Mahsin en 1409.
Dans cette rue de souq El-Silah se trouvent encore la madrassa (école) d'Ilgaï El-Youssoufi construite en 1373, le sébile de Moustapha Sinan (1630) et celui de Rouqayya Doudou (1761).
Un autre monument intéressant de cette rue est le hammam (bain) de l'émir mamelouk Bachtak qui le fit construire en 1341.
Maintenant, dans la rue de souq El-Silah les marchands d'armes se font rares depuis que le Khédive Ismaïl au XIXème siècle centralisa la fabrication des armes. Toutefois, quelques ateliers réparent encore les armes, fusils ou pistolets, maintenant ainsi la réputation de cette ancienne rue du Caire. Mais cette rue n'est plus ce qu'elle était autrefois, car ses monuments tombent en ruine.
La rue souq El-Silah rappelle une page de l'histoire du Caire quand les ateliers fabriquaient les armes.
G.V.