Saturday, December 31, 2011


Avec ses rares momies, plantes et animaux empaillés
Le musée d'ancienne agriculture,
une perle dans l'Histoire

 
par : Marwa Mourad Une perle dans l'histoire, un grand ouvrage désormais inscrit dans le registre des civilisations et des innovations: c'est le musée d'ancienne agriculture égyptienne qui se trouve au sein du musée égyptien d'agriculture. Il comprend des pièces antiques uniques remontant dans le temps depuis l'époque préhistorique jusqu'à la fin de l'Egypte pharaonique. Visite.
"L'originalité du musée égyptien d'agriculture réside dans le fait qu'il détient une collection antique agricole la plus rare du monde. Cette collection raconte l'histoire de l'évolution de l'agriculture égyptienne depuis l'ère préhistorique jusqu'à l'histoire moderne (19ème siècle). Ce musée est l'un de ceux qui se trouvent ici", a souligné M. Mohamed Al-Aqad, surveillant général des musées et des expositions agricoles et directeur du musée égyptien d'Agriculture.
L'ancienne civilisation égyptienne s'est caractérisée par l'agriculture, vu que la première fonction de la plupart des Egyptiens était soit l'agriculture soit l'élevage des animaux. Les Anciens Egyptiens étaient les premiers paysans dans l'histoire. Ils ont inventé des équipements et des appareils, creusé les canaux, fondé des ponts et bonifié les terres. Ils ont connu depuis des milliers d'années la science de la superficie, dessiné des cartes agricoles et utilisé les dates dès 4241 av. Jésus Christ.
Leur préoccupation était accordée aux animaux, et ce pour des fondements religieux. Ils ont cru que ces animaux étaient des symboles des dieux. Ainsi, ils les ont bien traités.
"Tamri" (la terre aimable), "Ta Akht" (la terre fertile de l'inondation), "Baqa" (l'olivier ou la verte) tels sont les noms qui ont été donnés par les pharaons à l'Egypte et qui reflètent la forte relation qui existe entre eux et la terre.
"Une collection de pièces antiques agricoles et animales qui date de l'ancienne ère, époque de la pierre, jusqu'à la fin de l'époque pharaonique, est présente dans ce musée. Elle est exposée d'une façon saillante qui va de pair avec les moyens scientifiques les plus sophistiqués au niveau de l'éclairage, et les moyens utilisés pour l'exposition. Ce musée comprend un réseau de circuit télévisé, une diffusion auditive et visuelle sur les pièces exposées, des laboratoires pour les repérages, les modifications et la lutte contre les insectes et les microbes", a indiqué Hassan Khatab, haut responsable du musée d'ancienne agriculture égyptienne.
En se dirigeant vers ce musée, le visiteur trouvera à l'entrée un vaste jardin d'aspect pharaonique. Un bassin d'eau, des plantes, des arbres, des fleurs et des statues de l'ère pharaonique embellissent ce jardin. Un grand portail s'ouvre. Ensuite le visiteur se trouve aussitôt au premier étage du musée qui renferme toute la beauté et la magie d'une civilisation millénaire.
Au premier étage
L'entrée, la salle des dieux, la salle des grands visiteurs et la grande salle de l'exposition, voici le contenu de cet étage. La première chose qui frappe est surtout les statues de quelques rois qui se sont dévoués pour l'agriculture, l'irrigation et la bonification des terres. Deux grandes maquettes reflétant l'action des paysans dans la bonification des terres et dans l'élevage des animaux sont visibles sur les deux côtés de l'entrée.
En contemplant ces statues et ces tableaux à l'entrée, le visiteur se trouve dans la salle des dieux où apparaissent certaines statues appartenant à des dieux en étroite relation avec l'agriculture.
Les pharaons étaient généralement des agriculteurs de première importance. Ils avaient des dieux pour l'agriculture et plus précisément:
- Oziris et sa femme Isis, les dieux de l'agriculture, de la verdure et de la réincarnation.
- Sékht, le dieu des champs.
- Nébr, le dieu des grains.
- Habi, le dieu de l'inondation du Nil.
A proximité de ces statues il y a le corps d'une paysanne égyptienne, le sarcophage d'un enfant qui date de la nuit des temps, 3000 ans av. Jésus Christ (c'est-à-dire deux fois plus ancien que celui du Prophète Moussa), une exposition sur les moyens employés pour l'empaillage des animaux, des volailles et la conservation des poissons.
En pénétrant la salle des grands visiteurs, il s'y trouve des scènes de moisson, de récolte, de plantation, de pêche ainsi que quelques échantillons représentant les plus importantes expositions agricoles et animales.
Grande salle d'exposition
Toujours au premier étage, mais dans la grande salle d'exposition il y a quatre parties: la maison de l'esprit, les équipements en pierre, la salle de l'industrie et celle des récoltes.
"Dans la maison de l'esprit, le visiteur y trouve des aliments, des boisons et des meubles conservés auprès de la momie. L'Ancien Egyptien a cru à l'au-delà. Alors, il a mis aux côtés de la momie tous ses besoins", a indiqué M. Hassan Khatab.
Puis, le visiteur traverse la pièce où se trouvent les équipements agricoles façonnés de pierre datant de l'ère préhistorique. Ensuite, se trouve le coin des opérations propres à l'industrialisation agricole comme le vin. Enfin, dans le quatrième coin il y a une exposition de récoltes conservées telles que le blé, le pain, les pizzas pharaoniques, les pâtés, les grains, les tissus, les légumes, les fruits…
Second étage
Le second étage est un étage élégant comptant deux salles: la salle des papyrus et celle des animaux. La toute première c'est la salle des papyrus. Bien sûr, tout le monde sait que les papyrus avaient une grande valeur chez les pharaons. Ces feuilles symbolisent le Delta.
La salle du musée comprend une exposition de papyrus tout en retraçant les étapes depuis la plantation jusqu'à l'industrialisation. "Les papyrus sont présentés d'une façon très sophistiquée. L'éclairage a été exécuté par des ingénieurs, maîtres d'œuvre. Chaque chose ici est bien étudiée", a souligné M. Hassan qui ouvre tout en parlant le portail de la salle des animaux. Les visiteurs du musée se trouvent stupéfiés face à cette salle où il y a certaines momies, quelques statues et des scènes de l'histoire vécue:
- animaux de pierre datant de l'ère préhistorique.
- volailles sauvages.
- animaux domestiques tels que chiens, chats,…
- poissons.
- dessins et caricatures ayant une relation avec les animaux.
"Ainsi vous pouvez constater que l'Ancien Egyptien était un artisan qui a été profondément influencé par l'agriculture. Cela apparaît sur ses gravures, ses statues et ses temples. Les plantes, les fleurs, les arbres et les fruits ont été sa première source d'inspiration dans l'architecture et les accessoires employés. De plus, la plupart des lettres qui constituent l'alphabet égyptien (les hiéroglyphes), ont une origine agricole. Leurs chansons, leurs contes même leur foi religieuse ont été influencés par l'agriculture", a conclu M. Hassan Khatab.

Le tramway des Pyramides
 
 
A la fin du XIXème siècle, il était très facile de se rendre au Pyramides de Guiza grâce au tramway électrique. le voyage durait une heure ou une heure et quart au maximum.

Au mois d'avril 1896, le Comité des concessions des tramways du Caire avait examiné plusieurs demandes qui lui avaient été présentées dans le but d'obtenir la concession d'une ligne de tramways entre le Caire et les Pyramides. Un des postulants avait été la maison de M. de la Hault qui construisait les lignes de tramways du Caire. Il était alors proposé d'établir la ligne du côté sud de la route des Pyramides qui avait été aménagée l'année précédente et sur un remblai indépendant. La ligne devait partir de la station de l'octroi se trouvant près du pont de Qasr El-Nil sur l'île de Boulac, traverserait le petit Nil sur le pont des Anglais et longerait ensuite cette route des Pyramides jusqu'au Mena House. Cette combinaison devait permettre aux voyageurs de partir au point le plus rapproché du Caire et simplifier l'examen des produits quittant le Caire ou y arrivant par les fonctionnaires de l'octroi. De nombreuses personnes doutaient au Caire du succès de cette entreprise en raison du coût important sur le plan financier.




Pourtant cela fut réalisé en 1898. Le 9 juin 1898, la presse égyptienne annonçait "que le public cairote, à l'exception des âniers et des automédons de voitures de place, apprendra avec plaisir que la ligne de tramways des Pyramides est en bonne voie d'achèvement. Elle sera fonctionnelle probablement au mois de novembre prochain".

La ligne des Pyramides, en raison de la grande distance, avait ses prix particuliers de 30 millièmes en première classe et de 15 en seconde. Mais jusqu'au château de Guiza, les prix étaient de 10 et 5 millièmes comme au Caire. Ce tramway avait une sirène particulière à haut timbre pour avertir, disait-on, les bufflesses et autres animaux qui traversaient les rails. Le coach, qui couvrait le trajet entre le Mena House construit en 1888 et la ville du Caire, fut lui aussi supprimé.

La station de départ se trouvait donc sur l'île de Boulac (El-Guézireh) près du pont de Qasr El-Nil et le tramway franchissait ensuite le pont des Anglais. Un première station se trouvait devant le jardin zoologique, en face du débarcadère des bateaux qui amenaient les voyageurs du Vieux-Caire. Cinq minutes plus loin, le tramway s'arrêtait devant le château de Guiza qui avait abrité de 1889 à 1902 le Musée des antiquités égyptiennes. A partir du château de Guiza, le tramway s'enfonçait dans les terres en direction des Pyramides, laissant à sa gauche le village de Guiza. La ligne du tramway électrique était bordée, sur la droite, par la route des Pyramides. Les tramways circulaient de 7 heures du matin jusqu'à 9 heures du soir, ce qui donnait aux touristes tout le temps voulu pour visiter le site des Pyramides.
G.V.

Tuesday, December 27, 2011




Kobri El-Lamoun n'est plus




 
La place Ramsès a souvent changé de visage au cours de sa longue histoire et Kobri El-Lamoun n'est plus qu'un souvenir. Elle fut créée au XIIème siècle devant les nouveaux remparts construits par ordre de Salah Eddine El-Ayyoubi et en bordure des rives du Nil qui se trouvaient en ces lieux, Boulac étant alors une île. Elle se situait devant la porte nord de la cité, Bab El-Bahr, ou porte de la mer, et elle portait encore le nom de Bab El-Hadid. Elle fut appelée ensuite Midan Bab El-Hadid, la place de la porte de fer.
Au fur et à mesure que le Nil se retira vers l'ouest, la place prit de nouvelles extensions en étant le carrefour des marchands venant du Delta, du port de Boulac et du Proche-Orient où ils déchargeaient leurs marchandises.

Gare centrale du Caire
Au XIVème siècle, le sultan Ibn Qalaoun creusa au milieu de cette place le khalig El-Nassiri qui venait du Nil pour aller rejoindre le khalig El-Masri. Au centre de la place, un pont fut jeté au-dessus de ce nouveau canal qui fut appelé "Kobri El-Lamoun", car de nombreux jardins de citronniers se trouvaient en bordure de la place et des vendeurs offraient sur ce pont leurs agrumes aux passants. L'ancienne gare du train d'El-Marg et de Suez a gardé pendant longtemps le souvenir de ce pont en s'appelant la gare de Kobri El-Lamoun.
Au milieu de ce jardin de Bab El-Hadid, à l'emplacement de ce qui fut la gare de Kobri El-Lamoun, se trouvait un petit lac entouré de guinguettes et de cafés où les promeneurs venaient s'asseoir à l'ombre de tonnelles. C'était le rendez-vous de tout le beau monde du Caire. Quand la gare des chemins de fer fut construite en 1855, les jardins qui bordaient la place de Bab El-Hadid disparurent.
En 1899, le canal d'Ismaïlieh, qui traversait cette place, fut comblé et un autre, portant le même nom, fut creusé au nord de Choubra. Par le fait même, le pont de "Kobri El-Lamoun" disparut. Le tramway débouchant de la rue Clot bey fut alors prolongé jusqu'à Choubra en traversant la place de Bab El-Hadid. Lors de la construction du pont de Choubra, au-dessus de la ligne de chemin de fer conduisant vers la Haute-Egypte, le tramway de Choubra fut détourné vers Qolali. Cette ligne de Choubra fut supprimée en 1992 en prévision de la construction du métro souterrain conduisant de Choubra El-Kheima à la place Ramsès, dans son premier tronçon.
Vers les années 30, la place de Bab El-Hadid, qui était traversée par le métro d'Héliopolis, fut réaménagée et la statue du "Réveil de l'Egypte" du sculpteur Mahmoud Moukhtar fut placée au milieu de cette vaste zone, en bordure de la ligne du métro et juste en face de l'entrée de la rue Clot bey. Elle était dressée sur un socle élevé. Mais, le 24 février 1955, cette statue céda la place au colosse de Ramsès II en provenance de l'ancienne ville de Memphis.
G.V.



La rue El-Soukkaria

La rue El-Soukkaria se trouve sur la gauche de la rue Moëz Lidine Illah non loin de la porte de Zouweïla. Elle est reconnaissable à une porte qui la fermait autrefois auprès du sébil-kouttab de Nafissa El-Baïda.

Cette rue El-Soukkaria était celle des marchands de sucre. Naguib Mahfouz y plaça le dernier roman de sa trilogie qui s'appelle d'alleurs "El-Soukkaria".
En 1796, Nafissa El-Baïda fit construire une woukala et un sébilkouttab près de cette ruelle et en bordure de la rue Moëz Lidine Illah juste en face de la mosquée d'El-Mouayyed.
Nafissa El-Baïda, encore appelée Nafissa El-Mouraddiya El-Baïda, était l'épouse de l'émir mamelouk Mourad bey qui partagea le pouvoir en Egypte avec Ibrahim bey jusqu'à l'arrivée des troupes françaises de Bonaparte. Ces deux chefs mamelouks organisèrent la résistance contre les occupants français. Mourad bey mourut en 1810.
L'épouse de Mourad bey, Nafissa El-Baïda, mourut quelques années après son mari, en 1815.
Le chroniqueur de l'époque, le cheikh Abdel Rahman El-Djabarti, rapporta que Sitti Hatoum (un autre nom de Nafissa El-Baïda), l'épouse de Mourad bey, fit construire le han El-Guédid et un abreuvoir près de la porte de Zouweïla. Ce sont la woukala et le sébil-kouttab dont il a été question.
Ainsi le nom de la ruelle El-Soukkaria est rattaché au souvenir d'une grande dame de la fin du XVIIIème siècle au Caire.
Il serait intéressant de savoir ce que devint cette dame alors que son époux combattfait les troupes de Bonaparte. Peut-être s'était-elle enfuie avec Mourad bey vers la Haute-Egypte où le puissant émir organisa la résistance à partir d'Assiout.
G.V.




La rue El-Tarbiah

La rue El-Tarbiah se trouve dans le Caire fatimide et est parallèle à la rue Moëz Lidine Illah. Elle commence dans le quartier des épices pour s'achever dans celui d'El-Ghourieh, mais elle est coupée en deux par la grande rue d'El-Azhar.
A son origine, cette rue n'avait que 90 centimètres de large. Il y a cinquante ans, cette rue valait au moins douze millions de livres égyptiennes, car elle habillait 28 millions de personnes et les commerçants y vendaient chaque jour au moins 1.250.000 mètres d'étoffes.


Cette rue s'était tout d'abord spécialisée dans le commerce des parfums. En 1827, quand Mohamed Ali introduisit la culture du coton en Egypte, cette rue changea de vocation et ses commerçants commencèrent à vendre des étoffes. Une première boutique de tissus en coton s'ouvrit. Les voisins, voyant que le commerce des cotonnades permettait de faire de gros bénéfices abandonnèrent les arômes pour se lancer dans le coton. Ce fut ainsi que le commerce de cette rue se transforma et s'appela "El-Tarbiah", ces carrés d'étoffe dont les femmes entourent leurs têtes, des espèces de châles.

Les marchands de la rue El-Tarbiah parcouraient les campagnes du Delta pour acheter les cotonnades tissées dans de petits ateliers. Ils achetaient ces tissus peu cher et les revendaient à bon prix.
Très vite, les habitants de Mahalla El-Kobra, cette ville du Delta devenue un grand centre de tissage, vinrent ouvrir boutique dans la rue El-Tarbiah qu'il inondèrent de leurs marchandises. Parmi eux se trouvaient des grossistes.
La rue El-Tarbiah entra ainsi dans l'histoire du commerce du coton sous le règne de Mohamed Ali. Très vite, les grossistes de cette rue se mirent à couvrir le marché de toute l'Egypte, puis le Hedjaz, le Soudan et jusqu'au Maroc. Les cotonnades égyptiennes, sous toutes leurs formes, étaient très prisées.
Aller rue El-Tarbiah voulait dire aller acheter des cotonnades. Mais de nos jours l'aspect commerçant de cette rue a changé même si quelques boutiques exposent encore des tissus de tout genre.
G.V.