Friday, November 11, 2011



Une nouvelle ville créée par le baron Empain
Ville du Soleil, l'ancienne cité d'Héliopolis 
renait au XXème siècle
L'ancienne cité d'Héliopolis, qui se dressait dans les régions de Matarieh, Zeitoun et Aïn Chams, a survécu dans la nouvelle Héliopolis. A l'aube du XXème siècle, lorsque le baron Edouard Empain jeta son dévolu sur l'emplacement actuel d'Héliopolis, cette région n'était qu'un désert. Ce fut en 1904, au cours de l'un de ses voyages en Egypte, que ce grand industriel belge conçut le projet de fonder Héliopolis. Le 13 mai 1905, le baron Empain acheta 2.500 hectares de désert, surface qui fut portée par la suite à 8.000 hectares. 

par : Gérard Viaud

Ces achats furent financés par les immenses fortunes du baron Empain et de Boghos pacha Nubar. Il choisit pour sa fondation, le nom d'Héliopolis en raison de la proximité de l'ancienne cité d'Héliopolis, la ville du Soleil, nom que les Grecs avaient donné à la cité pharaonique de On.
La ville de On doit son origine au culte du dieu Ra en Egypte dès les premières dynasties. Bien qu'elle fut la capitale du XIIIème nom de la Basse-Egypte, cette ville ne joua pas un rôle important dans la vie politique du pays, ses activités étant surtout orientées vers l'élaboration théologique des dogmes de la religion égyptienne.
La cité de On fut citée à différentes reprises dans la Bible comme dans Ezéchiel 30: 17 ou dans Isaïe 19: 18. Elle fut saccagée en partie par Nabuchodonosor en 568 avant Jésus-Christ et ruinée par Cambyse en 525. La vaste plaine d'Héliopolis fut un champ de bataille à plusieurs reprises au cours de sa longue histoire. En 524 avant Jésus-Christ, le Perse Cambyse, arrivant par le désert oriental, s'apprêtait à envahir l'Egypte, mais ses troupes furent stoppées par une forte résistance égyptienne à l'orée du Delta près de la ville de On. En effet, Cambyse avait mis le siège devant la cité. Les habitants de On, pour tenter de briser ce siège, décidèrent une sortie. La bataille fut terrible, mais les défenseurs de la cité succombèrent sous les coups de l'envahisseur et la ville tomba entre les mains de Cambyse. Les temples et les monuments de la cité furent détruits.
Il y a 2000 ans, l'ancienne cité d'Héliopolis reçut la visite de la Sainte Famille.
La ville soleil

Au terme de son périple dans le Delta, la Sainte Famille arriva à Héliopolis où les 365 statues de la ville s'écroulèrent devant Jésus et sa mère. Les voyageurs allèrent ensuite trouver refuge sous un sycomore qui ouvrit son tronc pour abriter la mère et l'enfant qui fit jaillir une source d'eau.
Dès le IVème siècle, une chapelle avait été construite près de l'arbre de la Vierge. Une table de pierre, servant d'autel, était placée devant une niche où brûlait une lampe. Détruite à plusieurs reprises, cette chapelle devint la propriété des Franciscains en 1597. En 1660, la chapelle fut transformée en mosquée, mais les Chrétiens pouvaient venir y prier.
En l869, le Khédive Ismaïl acheta le jardin de baumiers, où se trouvait l'arbre de la Vierge, la source et la chapelle, et il l'offrit à l'impératrice des Français Eugénie venue en Egypte pour l'inauguration du Canal de Suez. Abandonnée par la suite, la chapelle tomba en ruines et les Jésuites construisirent non loin une chapelle moderne qui fut consacrée le 6 décembre 1904.
Quant à l'arbre de la Vierge, il eut aussi son histoire. Il aurait été planté par la reine Cléopâtre au milieu d'un jardin de baumiers.
Près de l'arbre, se trouve une auge en pierre dans laquelle la Vierge aurait pétri son pain et une autre pour laver son enfant. La source, un moment disparue, a été dégagée et restaurée avec les structures destinées à recevoir la saquieh. Les femmes qui veulent être enceintes passent sur le pont se trouvant entre les deux ouvertures de la source.
L'arbre et la source sont enfermés dans un enclos qui est un lieu historique et classé par le Conseil supérieur des antiquités.
En 640 après Jésus-Christ, les troupes d'Amr Ibn El-As se présentèrent aux portes de l'Egypte afin de libérer le pays de l'occupation byzantine. Au mois de juillet 640, une sanglante bataille se déroula dans la plaine d'Héliopolis entre les armées arabe et byzantine. Cette défaite des Byzantins ouvrit à Amr Ibn El-As les portes de l'Egypte.
En 1517, la plaine d'Héliopolis redevint un champ de bataille entre les armées ottomanes de Sélim 1er et les Mamelouks qui furent battus.
En 1800, les troupes ottomanes s'avancèrent jusqu'à la plaine d'Héliopolis afin de tenter de déloger les Français d'Egypte. Le 20 mars 1800, les troupes du général Kléber donnèrent l'assaut et la victoire française, fut totale.
Ce fut ainsi près d'une antique cité, d'un souvenir de la Sainte Famille et d'un champ de bataille que le baron Empain décida de construire la nouvelle Héliopolis.
En 1906, le baron Empain, promoteur de la Société des Oasis d'Héliopolis et président de son Conseil d'administration, entreprit d'édifier cette nouvelle cité dans le désert. Il alla trouver Mgr Augustin Duret à Choubra, nouvel évêque du vicariat apostolique du Delta du Nil, et il lui proposa de construire une cathédrale en plein centre de la nouvelle cité à condition que l'évêque accepterait de résider à Héliopolis.
Mgr Duret accepta cette proposition conditionnée et le 24 novembre 1910 le Vatican donna son feu vert à l'évêque.
Dans un coin de cette mer de sable qu'on appelait le désert d'Arabie et qui commençait aux portes du Caire pour aller finir à Suez et à la mer Rouge, s'éleva, comme par enchantement, une opulente forêt de coupoles, de dômes, de tours et de pignons en arabesques: gracieuse floraison du vieux style arabe. Cette ville, sortie des sables du désert, excite toujours l'admiration, par ses quartiers féeriques en styles arabe, hindou, chinois et japonais, par ses monuments imposants, ses avenues spacieuses, sa position sanitaire et son orientation. Elle est, de plus, reliée au Caire, dont elle fait désormais partie, par un métropolitain.
Héliopolis fut une création exemplaire et unique au Caire grâce à la personnalité de son auteur le baron Empain. Tout la distingue des réalisations faites à cette époque: le plan d'abord, inspiré des cités jardins, le fort marquage de son centre autour de la basilique, ses infrastructures et ses équipements sportifs, scolaires et hôteliers, ses espaces verts, l'originalité de ses habitations et des règlements d'urbanisme très précis qui ont présidé à sa construction.
Tous ces éléments font d'Héliopolis un ensemble urbain très cohérent au contraire de toutes les réalisations de la même époque.
En 1931, Héliopolis, autour de sa basilique, possédait son Palace Hôtel (devenu palais présidentiel), son palais hindou du baron Empain, son hippodrome, des jardins et des parcs, son Sporting Club, ses cinémas, ses mosquées, ses églises et ses nombreuses écoles. M. le baron Empain pour recevoir l'église byzantine, réduction de Sainte Sophie de Constantinople, dont il veut doter l'opulente cité et qu'il destine, dans sa pensée, à devenir la cathédrale de Mgr Duret.
Ce monument, qui a été le couronnement chrétien de cette oeuvre gigantesque, s'élèvera non loin de l'antique "Ville du Soleil" (Héliopolis), où Moïse fut formé dans la science des Egyptiens, près de Matarieh où la tradition fait arrêter la Sainte Famille. Le baron Empain se fit construire à Héliopolis un palais de style hindou qui dénote un peu au milieu des palais et des villas de style arabe.
Quand il mourut en Belgique en 1937 selon son testament il voulut être enterré en Egypte. Sa dépouille mortelle fut transportée jusqu'en son palais et une procession solennelle le conduisit en la basilique d'Héliopolis. Il repose dans un caveau situé en dessous du choeur de la basilique.
L'Egypte possède une basilique dédiée à Notre-Dame de Fatima. La première pierre de cette basilique à Héliopolis fut posée le 7 novembre 1951 par le patriarche chaldéen catholique Joseph II Ghanima. Ce sanctuaire fut achevé en 1953 et la première messe y fut célébrée le 13 mai de cette même année en la fête de Notre-Dame de Fatima.
Les travaux de construction furent menés sous la direction du vicaire patriarcal chaldéen, Mgr Emmanuel Rassam, et l'architecte Charles Ayrout.
Non loin de Notre-Dame de Fatima, se trouve le Foyer de la Vierge Marie à Héliopolis pour les personnes âgées.
En 1955, les religieuses abandonnèrent leur maison de Choubra pour aller s'installer dans un bâtiment neuf et spacieux à Héliopolis, dans un quartier relativement calme non loin de l'église de Notre-Dame de Fatima. Cette nouvelle maison, au milieu d'un jardin, pouvait accueillir jusqu'à 220 personnes. C'est l'actuel Foyer de la Vierge pour les personnes âgées qui est dirigé par neuf religieuses coopérant avec une vingtaine d'employés.
En 1956, un dispensaire fut adjoint à ce Foyer. Il reçoit chaque jour de nombreux malades du quartier dans ses différents services: médecine générale, gynécologie, petite chirurgie, soins dentaires, etc... Plusieurs médecins collaborent avec ce dispensaire.

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