Wednesday, November 9, 2011






Fomm "Bab El-Bahr" dans la ville du Caire
 
La rue de Fom Bab El-Bahr se situe à l'entrée nord de la rue El-Goumhouriya et cette photo, représentée ici, montre l'emplacement approximatif de l'ancienne porte nord-ouest des remparts du Caire, Bab El-Bahr.
Ce mot de Bab El-Bahr, signifie "porte de la mer", car elle était, à l'origine, construite à proximité du Nil qui se faisait appeler "Bahr El-Nil"; mais ce terme de "Bahr" désigne aussi le nord car la grande mer, la Méditerranée, se trouve au nord de l'Egypte. La porte de Bab El-Bahr existait encore vers le milieu du XIXème siècle. Elle était construite sur le modèle de ces portes qui se trouvent encore dans l'enceinte nord de la cité fatimide du Caire, Bab El-Foutouh et Bab El-Nasr.
L'ogive de la porte était encadrée de deux grosses tours crénelées qui occupaient l'emplacement de ces immeubles récents se trouvant à l'entrée de la rue appelée Fom El-Bahr, au coin de l'actuelle rue d'El-Goumhouriya et de la place de Bab-El-Hadid, un nom qui était encore donné à cette porte.
Fabrique poupée 
Il semble que Bab El-Bahr fut démolie lors du tracé de la rue Clot bey sous le règne du Khédive Ismaïl qui avait entrepris la construction de nouveaux quartiers en dehors des remparts du Caire ancien. De cette porte, il ne reste actuellement que le nom de la ruelle de Fom Bab El-Bahr et de la rue qui conduit vers le quartier de Bab El-Chaareïa à la limite de la cité fatimide. Cette rue ancienne est d'ailleurs très pittoresque. Elle a gardé, en partie, ses pavés et elle est bordée de nombreuses boutiques comme elles existaient autrefois. Cette rue est spécialisée, du moins dans son premier tronçon, dans les confiseries et les sucreries. C'est là que se fabriquent les fameuses poupées de sucre du "Mouled El-Nabi", ainsi que les cavaliers et les bateaux en sucreries qui sont le signe populaire de cette fête.
De vieilles maisons, ornées de moucharabiehs et de portes cochères ouvragées, existent toujours dans cette rue, mais, petit à petit, elles tombent en ruine et s'écroulent sous le pic des démolisseurs pour laisser la place à des immeubles modernes.
Ce fut par cette porte de Bab El-Bahr que Bonaparte entra au Caire le 25 juillet 1798. Jean-François Champollion et tous les voyageurs du XIXème siècle ont parlé de cette porte dont les deux vantaux étaient bardés de fer, d'où son nom de Bab El-Hadid, la porte de fer. A partir de cette porte, les voyageurs se rendaient directement dans le quartier proche de l'Ezbékieh.
Juste devant cette porte, se trouvait depuis le XIIème siècle le quartier extra-muros de Maqs qui avait été aménagé lors du retrait du Nil plus à l'ouest. Le constructeur des remparts du Caire, sous le règne de Salah Eddine El-Ayyoubi, le célèbre Qaraqouch, avait construit un hôpital dans ce quartier de Maqs, le premier à avoir existé au Caire bien avant celui du Maristan de Qalaoun rue Moëz Lidine Illah dans le Caire fatimide. Très vite, des marchés et des caravansérails s'établirent devant Bab El-Bahr pour les voyageurs et les marchandises débarquant au port de Boulac. Les chroniqueurs anciens racontent que les installations des négociants étaient nombreuses devant Bab El-Bahr. Il y avait ainsi le foundouk Tourountaï où descendaient les marchands d'huile venant de Syrie. Au mois de mai 1321, lors d'une révolte au Caire, ce foundouk fut incendié et tout fut transformé en chaux. Bab El-Bahr, ce n'est plus qu'un souvenir d'antan. Une rue, celle de Boustan El-Maqsi, rappelle encore ce quartier de Maqs devant la porte. Dans cette dernière rue se trouve le Collège de la Sainte Famille de Faggalah qui débouche devant la cathédrale grecque catholique où se trouvait le palais de Linant de Bellefonds. Dans le prolongement de la ruelle de Fom Bab El-Bahr se trouve le début des rues de Bein El-Harat et de Bab El-Bahr.
G.V.




La rue du marché
des armes au Caire
 

Scraveli-Spyridon
La rue souq El-Silah (le marché des armes) part non loin de la mosquée d'El-Rifaï pour aller rejoindre la rue de Darb El-Ahmar. Elle doit son nom aux fabricants et marchands d'armes qui s'y trouvaient autrefois.
En l'année 1384, le marché des armes s'installa dans cette rue. Auparavant, il se trouvait dans le quartier de Bein El-Qasrein dans le Caire fatimide.
Au XVIIIème siècle, de nombreuses woukala (caravansérails) s'installèrent dans cette rue. La woukala de Youssouf katkhouda (1709) était surtout réservée aux marchands étrangers, les Syriens, les Maghrébins et les Turcs. Il y avait encore la woukala d'Ibrahim katkhouda (1728), celle de Mohamed effendi (1703) et celle d'Ibrahim aga (1749).
En plus de ces woukala, il existait rue souq El-Silah des palais, des mosquées et des sébiles.
Le palais le plus célèbre de cette rue était celui de l'émir Mangak El-Youssoufi El-Silahdar, le porte-glaive du sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun au XIVème siècle. Cet émir avait construit ce palais en 1346. Il n'en reste que le porche d'entrée dont les deux tympans de l'arc étaient décorés du blason de l'émir avec un cimeterre, l'insigne de sa charge. Ce fut dans ce palais que naquit l'historien Aboul Mahsin en 1409.
Dans cette rue de souq El-Silah se trouvent encore la madrassa (école) d'Ilgaï El-Youssoufi construite en 1373, le sébile de Moustapha Sinan (1630) et celui de Rouqayya Doudou (1761).
Un autre monument intéressant de cette rue est le hammam (bain) de l'émir mamelouk Bachtak qui le fit construire en 1341.
Maintenant, dans la rue de souq El-Silah les marchands d'armes se font rares depuis que le Khédive Ismaïl au XIXème siècle centralisa la fabrication des armes. Toutefois, quelques ateliers réparent encore les armes, fusils ou pistolets, maintenant ainsi la réputation de cette ancienne rue du Caire. Mais cette rue n'est plus ce qu'elle était autrefois, car ses monuments tombent en ruine.
La rue souq El-Silah rappelle une page de l'histoire du Caire quand les ateliers fabriquaient les armes.
G.V.





 LA WOUKALA
 était à l'époque ce que l'on appelle aujourd'hui "hôtel"
Bazaraa retrouve sa beauté
d'antan et sa grandeur
 
Woukala était à l'époque, ce que l'on appelle aujourd'hui "hôtel". Un établissement répandu dans les siècles passés, qui servait à recevoir les commerçants de passage au Caire. Jadis, les caravanes avaient l'habitude de passer en moyenne une nuit pour pouvoir exposer leurs marchandises le lendemain dans les différents
marchés. 200 woukalas existaient jusqu'au 19ème siècle dans le Caire fatimide, mais au fil des années, il n'en reste que vingt.
par : Dalia Hamam
Parmi les woukalas qui ont résisté au temps, la woukala de Bazaraa. Située dans la rue "Tomboskchiya ". Une rue du Caire fatimide qui commence à la rue de Bab El-Nasr, encore appelée El-Gamaleïa.
Un des chefs-d'œuvre de cette rue est incontestablement celui de Bazaraa. La wekala portait des noms suivant l'époque par exemple elle était connue sous le nom d'El-Kekhia d'après le nom de Hassan Ketkheda. C'est grâce à lui qu'il a préparé spécialement la woukala pour reçevoir les hôtes et leurs marchandises qui étaient déposées au rez-de-chaussée, à leur arrivée. Elle ne prit en fait, le nom de woukala de Bazaraa qu'au XIXème siècle quand elle fut achetée par Mohamed Bazaraa. Cependant, il y a eu un temps où l'activité de Mohamed Bazaraa est passée du bois au savon et aux grains de café, un savon très réputé pour sa teneur en huile. Il s'agit de "Nabolsi" qui existe encore de nos jours et des grains de café venaient du Yémen.
Architecture de Bazaraa
La woukala fait partie de l'architecture des Mamelouks. "Une cour entourée d'un établissement en forme de "U". Elle se compose de deux parties: l'une est commerciale avec 25 cabines ou magasins où les vendeurs avaient l'habitude d'y déposer leurs marchandises. Ce sont des galeries creusées sous la surface de l'établissement. Quant à l'autre partie, ce sont des chambres à coucher; elles sont cependant caractérisées par leur grande superficie à l'image des anciennes constructions de l'époque. Elles sont aussi construites sur deux étages, chaque étage ayant sa propre superficie :1000 mille mètres carrés.
Le premier étage, comprend une pièce, une cuisine et une salle de bain tandis qu'au deuxième niveau, ce sont les chambres à coucher et la terrasse. Les chambres à coucher sont préparées pour convenir aux différentes saisons de l'année. Par exemple, pendant les mois d'été, les gens peuvent passer leur nuit en plein air; quant aux mois d'hiver, ils descendent vers l'intérieur.
Cette deuxième partie, possède une entrée directe vers la rue avec des escaliers qui s'éloignent de la cour.
Ce n'est pas la seule entrée car il en existe une autre, qui est la principale, et qui relie la rue et les 25 fonds de commerce.
L'authenticité de l'architecture est claire dès la façade de la woukala car l'établissement était entouré de deux côtés alors qu'il ne reste que la façade. Elle mesure 25,10 m de hauteur. Les fenêtres sont stylées à l'islamique ancien, les moucharabiehs: ce sont de petits balcons fermés par un grillage qui forme un avant-corps devant les fenêtres. Le mot moucharabiehs vient du verbe "charab", c'est à dire boire. Elles ont été ainsi appelées car les anciens avaient l'habitude d'y déposer des cruches pleines d'eau potable pour les refroidir grâce aux courants d'air.
Ces fenêtres ont d'autres fonctions, elles aident l'air frais à pénétrer à travers les trous, et à atténuer la chaleur quand les rayons du soleil sont forts l'été.
Travaux de restauration de Bazaraa
Beaucoup de raisons ont conduit à la restauration de la woukala: la pollution de l'environnement provenant de la surpopulation du quartier, le délaissement de la woukala depuis longtemps auquel s'est ajouté le tremblement de terre qui a frappé l'Egypte en 1992. Une quantité de fissures et d'affaissements dans les murs et la pierre ont obligé les responsables à restaurer Bazaraa. Aussi, le ministre de la Culture, M. Farouk Hosni, a pris les mesures nécessaires et la décision de lancer les travaux de restauration de la woukala. Le travail a immédiatement commencé en 1992 et s'est terminé en 2001. Mme Suzanne Moubarak, a assisté à l'inauguration en mars 2001 en présence du Premier ministre et du ministre de la Culture.
"La woukala a été trouvée dans un état lamentable. Les déchets couvraient la cour et tous les accès étaient bouchés, les escaliers étaient en ruine et certaines fenêtres ébranlées!", explique M. Alaa Achoure, le responsable de la woukala. Dans ces cas, deux genres de restauration sont à entreprendre, l'une au niveau architectural et l'autre sur le plan technique.
La première est en général, la plus facile et ne demande ni effort ni temps, car il s'agit de restaurer les éléments de base: les plafonds, les sols, les accès et les entrées de la woukala...
Comme dans la restauration des antiquités qui ont besoin d'être rapidement retapées, il était urgent de commencer les opérations.
"Les établissements islamiques comme les mosquées et les écoles coraniques (Les kouttab) sont des travaux complémentaires au quotidien des quartiers islamiques du Caire", assure le responsable de la woukala.
La woukala fait partie d'un centre ville, très actif. C'est le fameux quartier d'El-Gamaleïa, et le fait de le restaurer représente une nécessité pour le patrimoine", continue M. Achoure.
Les travaux de restauration ont coûté environ 7 millions de livres égyptiennes, auxquelles il faut ajouter 8 millions qui seront remis aux propriétaires afin de les indemniser.
Ces opérations ont compris le changement de toutes les portes, les escaliers et les peintures, murs et terrasses y compris. De plus, les réseaux des canalisations d'eau et d'électricité ont été entièrement renouvelés", explique M. Alaa. La mission la plus difficile était la restauration des blocs de pierre qui créent un dessin ou une forme spéciale. Les ingénieurs devaient déplacer avec prudence certaines parties, restaurer les fissures et redonner l'originalité partout.
Neuf ans de labeur permanent pour ranimer le Caire islamique... et voilà que le résultat est surprenant et réel. Le Caire fatimide qui était un rêve, est devenu une réalité...


La rue d'El-Sioufieh
 le sébile d'Oum Abbas
La rue d'El-Sioufieh, encore appelée El-Helmieli, est très riche en monuments anciens. Pour trouver cette rue, le mieux est de se rendre place Salah Eddine au pied de la Citadelle et prendre la rue Cheikhou qui descend vers l'ouest en direction de la rue Saliba et de la mosquée d'Ibn Touloun. A un carrefour se situe le sébile d'Oum Abbas. L'entrée de la rue d'El-Sioufieh se trouve sur la droite prês de ce sébile. La rue débouche ensuite vers le nord sur la rue de la Citadelle, l'ancienne avenue Mohamed Ali. Cette rue est dans le prolongement de celle de Moëz Lidine Illah qui commence à Bab El-Foutouh dans le Caire fatimide.
Relevons quelques monuments situés dans cette rue d'El-Sioufieh. A l'entrée de la rue, sur la gauche, se dresse le sébile d'Oum Abbas construit en 1867 sous le règne du Khédive Ismaïl. Oum Abbas était la mère du vice-roi Abbas qui régna de 1848 à 1854.
Un peu plus loin, sur la droite, se trouve le sébil-kouttab d'Ali Aga construit en 1677 en style mamelouk; ce sébil-kouttab est adossé au palais de l'émir Taz une construction de 1352 qui possède une superbe loggia.
A l'extrémité nord du palais de l'émir Taz, toujours sur la droite, se trouve la zawiya d'El-Aabbar, encore appelée khanka d'El-Boundoukdariya que les gens du quartier dénomment maintenant dabaa d'El-Sioufieh. Cette construction date de 1284.
Plus loin, sur la gauche, c'est le sébil-kouttab de qilzar construit en 1618 en style mamelouk. C'était en même temps une rabaa, c'est-à-dire un habitat collectif.
Juste en face se trouve le tombeau de Hassan Sadaqa construit en 1315 et jouxtant la Madrassa (école) de Sounqour Saadi datée de 1326 au-dessus de laquelle fut édifiée la salle de danses sacrées des derviches Mevlevi, une merveille d'architecture ottomane. Derrière cette salle se trouve le couvent des derviches.
Plus loin, sur la droite, c'est le tombeau de l'émir Alam Eddine Sangar édifié en 1322 et tout près se situe le sébile de Youssef bey construit en 1772.
La rue El-Sioufieh, au pied de la Citadelle du Caire, est une artère qui vaut la peine d'être visitée.
G.V.


La rue Mohamed Ali
David Roberts -1839
L'actuelle rue de la Citadelle, qui conduit de la place El-Ataba El-Khadra à celle de Salah Eddine au pied de la Citadelle, fut tracée au XIXême siècle à travers les vieux quartiers du Caire Ottoman. Elle fut alors appelée "boulevard de Mohamed Ali" en souvenir du fondateur de la dynastie régnante en Egypte.
Avant le tracé de ce boulevard, la place El-Ataba El-Khadra était un cimetière connu sous le nom de cimetière de l'Ezbékieh. Bonaparte, lors de son court séjour en Egypte, avait tenté en vain d'interdire d'y enterrer les morts. Mohamed Ali, après son avènement, réussit à mettre en pratique cette interdiction et il fit transporter les ossements des morts au cimetière El-Chaféi. A l'emplacement du cimetière, Mohamed Ali fit aménager une grande place, plantée d'arbres, qui s'appela dès lors El-Ataba El-Khadra, le seuil vert.
Plus tard, sous le règne du Khédive Ismaïl, l'ingénieur français P. Grand, qui était directeur de la voirie, aménagea le boulevard de Mohamed Ali et construisit des arcades de chaque côté, ce qu'il fit encore rue Clot bey et dans les rues au nord du jardin de l'Ezbékieh.
A l'entrée du boulevard, le Khédive Ismaïl fit placer une statue équestre d'Ibrahim pacha, le fils de Mohamed Ali, qui fut ensuite déplacée devant l'Opéra.
Ce boulevard de Mohamed Ali, long de deux kilomètres, était alors une des plus belles artères du Caire. Très vite des établissements publics s'y installèrent où les Cairotes se rendaient pour y passer les soirées. Les danseuses du boulevard de Mohamed Ali eurent leur temps de célébrité dont tout le monde parle encore au Caire.
De nos jours, les danseuses sont rares dans les cafés de cette rue, mais l'industrie artisanale de la fabrication des instruments de musique est restée dans cette rue.
En effet, des artisans confectionnent dans cette rue tous les instruments traditionnels de la musique égyptienne, dont les fameux "oud" qui sont les ancêtres de la guitare occidentale.
Les arcades de cette rue disparaissent de plus en plus pour laisser la place à des immeubles modernes.
G.V.