Sunday, November 20, 2011



Le carrefour du birket
El-Qarmout au Caire
 
 
Le birket El-Qarmout, un petit étang, se trouvait pratiquement à la jonction actuelle des rues Emad Eddine et Naguib El-Rihani. Cet étang fut formé lors du retrait des eaux du Nil, entre les XIIème et XIIIème siècles. Le fleuve arrivait pratiquement jusqu'à Bab El-Bahr, une porte encore appelée El-Hadid.
Les terres, à la suite de recul du fleuve en direction de l'ouest, furent occupées par des jardins. Au XIVème siècle, le sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun fit aménager ce quartier en creusant un canal depuis le Nil, au sud jusqu'au khalig El-Nassiri vers l'est. Ce canal traversait le birket El-Qarmout d'où partait un autre petit canal en direction du Qantaret El-Dekka et du grand lac de l'Ezbékieh.


Ce quartier, autour du birket El-Qarmout, fut particulièrement florissant à l'époque ottomane. Les émirs y construisirent de charmants kiosques au milieu des jardins. Ils y tenaient des réunions avec les poètes du Caire et les gens de lettres. Vers la fin du XIXème siècle, le petit étang fut comblé ainsi que les canaux. Le quartier changea d'aspect.
Le premier bâtiment moderne à être construit à cet emplacement fut le club des Princes, un édifice réalisé par l'ingénieur A. Lasciac en 1898. Ce club fut, par la suite, occupé par l'Empire Services Club.
Ce dernier était fréquenté par la haute société du Caire. Il était situé au 186 de la rue Emad Eddine au coin de cette rue et de celle du Qantaret El-Dekka, aujourd'hui Naguib El-Rihani.
Ce club comprenait, au rez-de-chaussée, un vaste bar, le café de Paris. Ses étages comportaient de nombreuses activités avec son cabaret avec orchestre. Parfois, les grands hôtels de l'Ezbékieh et de la rue Ibrahim pacha prenaient le Club en location pour certaines soirées.
Autour de ce carrefour, à l'emplacement du birket El-Qarmout, se trouvaient encore le Studio Misr, le cinéma Cosmo, le Regal Dancing Cabaret et le Doll's Cabaret avec son music-hall.
De nos jours, les activités de ce carrefour ont beaucoup changé. Le Club est occupé par des magasins, des bureaux, et quelques appartements résidentiels, le Studio Misr existe mais est fermé, tandis que le cinéma Cosmo a laissé la place à un grand immeuble.
Même le nom de birket El-Qarmout a disparu de la terminologie cairote.

 
G.V.



La rue teraa El-Boulakiya
 
Une des rues du quartier de Choubra au Caire s'appelle teraa El-Boulakiya, celle du canal de Boulac. En effet, elle occupe l'emplacement d'un ancien canal qui partait du Nil au sud de Boulac pour aller rejoindre vers le nord le canal d'El-Galada.
Ce dernier canal irriguait de nombreux jardins dont ceux d'El-Khalafaoui où les califes fatimides avaient établi une résidence de campagne. Une rue porte encore le nom des Mamelouks, ce qui prouve, peut-être, que les sultans mamelouks continuèrent à fréquenter cette résidence campagnarde qui était encore arrosée par le canal d'El-Boulakiya.
Choubra

Un peu plus au nord d'El-Khalafaoui se trouvait un autre secteur appelé Miniet El-Sirag, une sorte de triangle situé entre trois canaux, ceux d'El-Boulakiya, d'El-Galada et d'El-Dakar. Ce dernier canal était une branche d'El-Boulakiya.
A l'embranchement des deux canaux d'El-Boulakiya et d'El-Dakar, un pont avait été construit portant le nom de Qantaret Miniet El-Sirag. Dans ce triangle se trouvait un monastère de moniales coptes portant le nom de saint Georges qui est mentionné dans les anciennes listes des églises et des couvents.
Tous ces canaux dont il a été question furent comblés à la fin du XIXème siècle et le pont de Miniet El-Sirag n'existe plus. Ces deux quartiers d'El-Khalafaoui et de Miniet El-Sirag sont situés à l'est de la grande rue de Choubra.
Au mois de septembre 1896, les fonctionnaires des services sanitaires voulurent empêcher les riverains d'El-Boulakiya de puiser de l'eau dans le canal, car elle était impropre à la consommation, mais ce fut en vain.
L'urbanisation résolut le problème car dans les dernières années du XIXème siècle le canal fut comblé en raison de l'urbanisation et il laissa la place à une rue qui porta le nom de teraa El-Boulakiya.
Cette rue, tracée sur la largeur de l'ancien canal, devint vite trop étroite et elle fut élargie au mois de juillet 1956. Sans le nom de cette rue, les habitants de Choubra ignoreraient qu'un canal existait portant le nom d'El-Boulakiya.
G.V.

Sunday, November 13, 2011




Le quartier résidentiel très chic,
devenu une zone populaire

En plus de cent ans d'existence, Zeitoun s'est totalement transformé

Zeitoun, le quartier des oliviers, a perdu sa beauté d'antan et les champs plantés d'oliviers ne sont plus. Pourtant il s'en trouvent dans quelques jardins entourant des villas vétustes. Ce quartier est maintenant desservi par le métro du Caire.

par : Gérard Viaud
En plus de cent années d'existence, le quartier de Zeitoun au Caire s'est totalement transformé. De ce quartier résidentiel très chic, il est devenu une zone populaire dans laquelle subsistent toutefois quelques villas entourées de jardins qui attendent la pioche des démolisseurs afin de céder la place à des immeubles modernes. Vers la fin du XIXème siècle, une ligne de chemin de fer longeait des jardins et des champs vers le nord-est du Caire et côtoyait le désert. De temps à autre, des groupes de villas émergeaient au milieu de la verdure dans laquelle les oliviers dominaient. Ces villas étaient presque toutes occupées par de riches employés du gouvernement ou par des étrangers.

L'arbre de la sainte vierge a Zeitoun
étape de la sainte famille en Egypte

A Zeitoun, Yassa bey Ibrahim aménagea un vaste jardin compris entre les rues Sélim El-Aoual, Mansour, Toumambaï et Sennan. Son frère Khalil pacha Ibrahim construisit sur une partie de ce jardin une série de villas toutes de même forme, ainsi que l'église copte orthodoxe. En 1895, les Pères des Missions Africaines choisirent de créer une mission. Les Pères commencèrent par acheter une maison dont l'étage servait de résidence et le rez-de-chaussée de chapelle provisoire. Ils ouvrirent une école pour garçons le 17 septembre 1903 qui fut cédée aux Frères des Ecoles chrétiennes en 1912. Cette maison et celle école se trouvaient en bordure de l'actuelle rue Toumambaï.
Le 15 août 1922, ce fut à Zeitoun une fête à l'occasion de la bénédiction de la nouvelle église paroissiale de Zeitoun et la cérémonie fut présidée par Mgr Jules Girard. Cette église fut construite sur une partie du jardin appartenant à Yassa bey Ibrahim. Au mois de septembre 1896, les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres fondèrent une Institution. Le 1er janvier 1907, une épidémie de diphtérie éclata à Zeitoun. Les annonces de morts se suivaient rapidement.
Le 6 janvier, les services sanitaires vinrent désinfecter la maison et les classes des écoles.



Olivier a Zeitoun

En 1914, l'Angleterre profita de l'alliance turco-germanique pour établir officiellement son protectorat sur l'Egypte. Le 20 décembre 1914, l'Egypte était devenue un sultanat, pour bien marquer son indépendance à l'égard du sultan de la Sublime Porte, avec Hussein 1er qui avait remplacé le Khédive Abbas II Helmi qui était à Constantinople depuis le 20 mai 1914 et que les Anglais empêchaient de revenir en Egypte. Le 19 décembre 1914, le Khédive avait été démis de ses fonctions par le gouvernement de Londres, mais il avait cherché à reprendre le pouvoir.
Les Anglais jugeaient Abbas II Helmi trop nationaliste et trop proche du gouvernement ottoman. En effet, il avait fait cause commune avec les ennemis de Sa Majesté britannique.
Durant les quatre années de guerre, l'Egypte connut une période de prospérité en raison de la présence des troupes alliées
Les autorités britanniques installèrent de vastes camps de soldats dans le désert entre le Caire, Héliopolis et Zeitoun et même jusqu'à Matarieh. De nombreux soldats étaient originaires de Nouvelle-Zélande, d'Australie, d'Irlande et d'Angleterre. Ces installations étaient devenues urgentes afin d'éviter une invasion de l'Egypte par les forces ottomanes alliées à l'Allemagne.
Au courant de l'année 1919, Zeitoun reçut deux visites importantes. Le 9 janvier, ce fut celle du cardinal Bourne, archevêque de Westminster, et le 21 novembre, le délégué du Saint Siège, Mgr Couturier.
Le soir du 8 décembre 1921 la pluie se mit à tomber pendant toute la nuit et le jour suivant, si bien que tout le quartier de Zeitoun fut inondé. Tout le monde se mit à évacuer l'eau à l'abri de parapluies, car il pleuvait comme dans la rue.
A Zeitoun, comme à peu près dans toute l'Egypte, les dégâts causés par ces pluies torrentielles furent considérables et d'innombrables maisons durent être réparées.
Le 20 mars 1928, le président du Syndicat des journalistes français et sous-directeur du Comité de propagande française à l'étranger, M. François Veuillot, donna une conférence à Zeitoun sur les activités féminines en France et il exalta le rôle de la jeune fille dans son foyer et dans la société. M. Veuillot enthousiasma son auditoire.
Selon la tradition copte, la Sainte Famille serait passée à Zeitoun et se serait arrêtée dans un champ planté d'oliviers où fut construit par la suite une petite église pour commémorer l'événement.
Par la suite, l'histoire de Zeitoun se serait arrêtée, pour se confondre avec celle de n'importe quel quartier du Grand-Caire, si un événement était survenu avec les apparitions de la Vierge Marie à l'église copte orthodoxe de Zeitoun en 1968.
En effet, à partir du 2 avril de cette année-là, les gens du quartier, Musulmans et Chrétiens, commencèrent à voir la Vierge apparaître au-dessus des coupoles de la petite église. Tout commença le 2 avril vers trois heures du matin quand les ouvriers d'un garage voisin de l'église aperçurent une femme marchant sur le rebord de la terrasse de l'église.
Les ouvriers commencèrent par interpeller cette femme pour la mettre en garde contre le danger qu'elle courait à marcher ainsi. Mais ils se rendirent compte que c'était une vision de lumière qui disparut au bout d'un certain temps. A partir de cette date, les foules se rassemblèrent chaque soir à Zeitoun pour apercevoir cette forme lumineuse et tous furent convaincus que c'était la Vierge. Ces apparitions furent confirmées par le patriarche copte orthodoxe Chenouda III et une fête fut instituée le 2 avril de chaque année pour commémorer le début de ces apparitions.
Une grande cathédrale a été construite non loin de la petite église et nombreux sont les pèlerins qui se rendent chaque année à Zeitoun.
Une charmante histoire est rattachée à Zeitoun. Sur le grand terrain de 3.000 mètres carrés que les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres avaient acheté pour construire leur pensionnat, les Sœurs entretenaient une vache qui donnait son lait et permettait de faire tourner la saquieh pour arroser le jardin.
Mais, un beau jour, la vache donna naissance à un veau. Selon l'habitude française, le veau lui fut retiré. La vache se fâcha et ne donna plus son lait pendant au moins une année. Dans le jardin, du côté de la rue, il y avait une superbe treille qui donnait de beaux raisins. Un jour, les Sœurs trouvèrent sur la teille deux messieurs qui picoraient les raisins. Une d'elles se hasarda à leur demander s'ils trouvaient le raisin bon. Honteux et confus, ils quittèrent leur perchoir en disant: "Mille pardons, madame, mille pardons!".
A cette époque, la Compagnie des eaux ne fournissait pas encore la région de Zeitoun et chaque maison devait avoir sa saquieh mue par une vache. La Roussette des Sœurs remplissait ce pénible travail.
Un jour, Salem, un jeune homme de 18 ou 19 ans qui s'était attaché au service de la communauté, fouetta rudement Roussette qui, effrayée, tomba dans le puits de la saquieh. Salem se précipita à son secours et des hommes vinrent l'aider. Mais Roussette mourut pendant qu'elle était hissée hors de la saquieh. Toute la communauté accourut pour voir ce qui se passait. Deux religieuses françaises, de passage à Zeitoun, témoin de l'accident furent toutes bouleversées.
Une voisine, Mme Gripon, en entendant tout ce bruit autour de la saquieh, accourut à son tour et elle se trouva devant le cadavre de la vache qu'elle avait vendue aux Sœurs. Elle se mit à pleurer en disant au milieu de ses larmes: "Roussette, ma Roussette, ma fille, ma pauvre fille!".
Pour la communauté, ce fut une grande perte qui fut suivie de plusieurs autres. En effet, les roues de la saquieh brisèrent les jambes d'une nouvelle vache et plusieurs autres périrent épuisées par un travail trop pénible. Heureusement, en 1899, la Compagnie des eaux s'installa à Zeitoun et mit fin, par le fait même à ces pertes de vaches et à ces soucis.

Quand l'été est caniculaire et la chaleur suffocante
Le "Sébil" reste une merveilleuse fontaine
 
La chaleur suffocante fait que la population est toujours à la recherche de quoi s'abreuver. Quoi de plus désaltérant qu'un peu d'eau fraiche pour étancher sa soif par cet été caniculaire.
Quand on sillonne les rues du Caire, dans presque tous les quartiers, devant certains immeubles, près d'un arbre, on trouve ces grosses cruches à la panse énorme qui ne sont autre que les "zirs". L'eau que l'on y met est toujours fraîche. Recouverts d'une planche en bois sur lequel est posé un quart en métal, il offre aux passants assoiffés quelques gorgées d'eau fraiche. Plus moderne, certains commerçants et propriétaires de locaux ont construit des mini-lavabos avec quelques robinets pour servir dans le même but. Toutes ces habitudes sont apparues après la disparition de ce qui représentait un des joyaux de l'architecture islamique le "Sébil".
Photo Sharobim

Du temps de l'Empire ottoman on comptait plus de 300 fontaines publiques. Enfoncée dans une facade d'immeuble où à l'angle d'un édifice on pouvait remarquer au haut de l'étage où se trouvait le "Sébil" le "kouttab" école coranique. Construit en pierre, le "Sébil", garni d'arcades souvent ouvragées présente au passant à travers des vasques son eau retenue dans de grandes citernes souterraines. Avant 1860, les porteurs de gourdes en peau de chèvres sillonnaient les rues du Caire afin de vendre l'eau potable.
Pour les amoureux d'art islamique ils peuvent aller flaner dans toute la rue Muiz El-Dine, rue Port-Said; là, ils pourront en admirer au moins 92 dans le vieux Caire. Les deux tiers de ces Sébils aux alentours de la Citadelle datent des 16ème et 17ème siècle. Le "Sébil" mamelouk" rectangulaire à grilles carrées se trouve dans l'ensemble architectural du sultan Qalaoun et Ghouri ainsi que celui du sultan Qaitbey. Quant aux fontaines ottomanes, elles sont de forme arrondie et les grilles sont ouvragées et dotées d'auvant en bois sculpté. Vous pourrez aller admirer le Sébil kouttab de Néfissa Baida (1796)face à la mosquée Al- Mouayad. Quant à celui de Oum Abbas ( 1867) il se trouve presqu'en face du Sébil Qaitbay.
En les comparant avec les "fontaines modernes" construites aujourd'hui dans les rues du Caire on ne peut que se dire que l'intention est bonne de penser à ceux qui ont soif et qui financièrement parlant ne peuvent pas, toujours étancher leur soif à coup de bouteilles de boissons gazeuses. Même certaines stations de métro sont dotées de quelques robinets "coldair". Seulement combien il aurait été plus agréable, qu'au lieu de ces laideurs, combien même, bien intentionnées, de faire appel à nos jeunes talents sortis fraichement de la faculté d'architecture. Laissons leurs inspirations, planter à travers les rues du Caire les "Sébil" du 21 èmé siècle.
L' ancienne chanson disait: "Atchane ya sabaya dellouni alal sébil". J'ai soif ô jeune montre moi le chemin du sébil.

Saturday, November 12, 2011



L'île de Roda au Caire

Dans les premières décennies du XIXème
siècle, Ibrahim pacha fit dessiner un jardin au Manial
Les merveilleux jardins
de l'île de Roda au Caire


Sur une carte de la ville du Caire datant de 1875, l'île de Roda était couverte de jardins avec des spécimens d'arbres et de plantes rares comme le figuier des pagodes de l'Inde, appelé aussi arbre des banians, l'ébénier, le bois de rose, le bois de satin, le bois d'acajou, le tamarinier, le sagoutier, l'arbre à suif, etc... Maintenant cette île a été urbanisée.Les premières constructions furent le Nilomètre, les casernes des Mamelouks puis le palais du Manial. De tous ces jardins il ne subsiste que celui du Manial et du Nilomètre.
Sur l'île de Roda se trouve le Nilomètre appelé Mikyas en langue arabe. Avant la construction du Grand-Barrage d'Assouan, en 1960, ce Nilomètre avait une grande importance pour mesurer en pics et en quirats (ou en coudées) la montée des eaux du fleuve dont dépendait la prospérité de l'Egypte.
Selon la légende, un premier Nilomètre aurait été construit en ce lieu par Joseph, le fils de Jacob, quand il était ministre du pharaon, c'est-à-dire vers 1500 avant Jésus-Christ.
Historiquement, le Nilomètre de Roda fut construit en 715 sous le règne du calife omeyyade Soleiman Abdel Malek. 
Ce Nilomètre fut restauré en 815 par le calife El-Mamoun. Ayant été renversé par une forte crue en 859, le calife El-Moutawakil le fit reconstruire.
En 1092, le calife fatimide Moustansir restaura le Nilomètre qui resta dans le même état jusqu'à l'expédition française de Bonaparte en 1798. Des Mamelouks s'y étaient retranchés et les troupes françaises, en donnant l'assaut à cette forteresse improvisée, détruisirent en partie le Nilomètre. Il fut, par la suite, reconstruit tel que nous le voyons actuellement.
La coupole à multiples faces et pointue qui domine le Nilomètre et les jardins du palais voisin de Monasterly, fut reconstituée d'après une ancienne gravure du voyageur et architecte danois Norden qui visita l'Egypte en 1739. De style pyramidale, cette coupole avait été détruite accidentellement en 1825 à la suite de l'explosion d'une poudrière qui se trouvait non loin de là. Cette poudrière avait été installée par l'architecte français Pascal Coste chargé alors par Mohamed Ali de fournir les munitions à l'armée égyptienne. La coupole du Nilomètre fut reconstruite d'après l'ancienne gravure de Norden.
Près du Nilomètre se trouve le palais Monasterly construit vers 1850. Ce palais fut le premier siège de la Ligue arabe au Caire en 1947 et il dépend maintenant du ministère de la Culture. La famille de notables Monasterly se constitua en gardienne du Nilomètre.
Vue du Nil (Roda)

Ce palais est devenu un Centre culturel. Non loin du Nilomètre, une maison vient d'être transformée en Musée d'Oum Kalsoum. Ces différents éléments font donc de l'extrémité sud de l'île de Roda un important centre culturel et touristique.

Le sultan Saleh Negm Eddine Ayyoub fit acheter un grand nombre d'esclaves sur les marchés au nord de la mer Noire, dans le Caucase et aux environs de la mer Caspienne. 
Robustesse, sveltesse et beauté, voilà les conditions que le sultan avait posées à ses émissaires chargés d'acheter ces esclaves.
Le sultan logea ses esclaves dans des casernements construits sur l'île de Roda en face de la ville du Caire. Comme ils habitaient au milieu du fleuve (Bahr en arabe) ces premiers Mamelouks, un mot désignant les esclaves, furent appelés "Bahrides".
Dans les premières décennies du XIXème siècle, Ibrahim pacha, le fils du Grand Mohamed Ali, fit dessiner un jardin au Manial. Il y fit planter des arbres et des arbustes aux essences variées sur une superficie de plus de 60.000 mètres carrés.
Cette partie de l'île de Roda se fit appeler Manial en raison de la présence d'une résidence d'un émir mamelouk qui portait ce nom.
Parmi les espèces d'arbres et d'arbustes plantées dans le jardin du Manial, il y avait le figuier des pagodes d'Inde, encore appelé banian, l'ébénier, le bois de rose, le bois de satin, le bois d'acajou, le tamarinier, le sagoutier, l'arbre à suif, les différents palmiers et les espèces innombrables de cactus.
Le jardin est très beau avec des collections d'arbres tropicaux, de plantes rares et des fleurs. Il y a des bambous gigantesques de plus de 20 mètres de haut. Parmi les plantes rares de ce jardin, il faut citer les cocos flexuosa, les latanias borbonica, les eucalyptus globulus, les framboisiers, les tamaris, les manguiers, les papayers, les mimosées, les bananiers et bien d'autres encore. Il y a encore un coin pour les différentes espèces de cactus.
Vers la fin du XIXème siècle, ce jardin était quelque peu abandonné. Le prince Mohamed Ali Tewfick jeta son dévolu sur ce jardin pour y construire un palais dans la partie nord-est.
Les travaux de construction du palais commencèrent en 1901 pour ne s'achever qu'en 1929. Par la suite, le prince Mohamed Ali poursuivit des travaux d'embellissement. Il voulut qu'après sa mort son palais fut transformé en Musée. Mohamed Ali était né au Caire le 9 novembre 1875. Il était le fils du Khédive Tewfick, et le frère du Khédive Abbas II Helmi. Il était ainsi le petit fils du Grand Mohamed Ali le fondateur de la dynastie.
Mohamed Ali avait épousé une Française, Alice Imond. Entre ses nombreux voyages à l'étranger, il résidait en son palais du Manial avec son épouse. Il y habita jusqu'à son départ en exil, le 17 septembre 1952 à la suite de la Révolution du mois de juillet qui avait renversé le roi Farouk. Le prince Mohamed Ali mourut en Suisse en 1954.
Le Musée des animaux du Manial fut installé tout d'abord en 1962 par le roi Farouk à Inchass puis transféré au Manial.
Il existe encore un Musée qui fut inauguré en 1938. Il présente des souvenirs du prince Mohamed Ali dont un calendrier portant encore la date du 16 septembre 1952, date du départ du prince.

G.V