Saturday, November 12, 2011



L'île de Roda au Caire

Dans les premières décennies du XIXème
siècle, Ibrahim pacha fit dessiner un jardin au Manial
Les merveilleux jardins
de l'île de Roda au Caire


Sur une carte de la ville du Caire datant de 1875, l'île de Roda était couverte de jardins avec des spécimens d'arbres et de plantes rares comme le figuier des pagodes de l'Inde, appelé aussi arbre des banians, l'ébénier, le bois de rose, le bois de satin, le bois d'acajou, le tamarinier, le sagoutier, l'arbre à suif, etc... Maintenant cette île a été urbanisée.Les premières constructions furent le Nilomètre, les casernes des Mamelouks puis le palais du Manial. De tous ces jardins il ne subsiste que celui du Manial et du Nilomètre.
Sur l'île de Roda se trouve le Nilomètre appelé Mikyas en langue arabe. Avant la construction du Grand-Barrage d'Assouan, en 1960, ce Nilomètre avait une grande importance pour mesurer en pics et en quirats (ou en coudées) la montée des eaux du fleuve dont dépendait la prospérité de l'Egypte.
Selon la légende, un premier Nilomètre aurait été construit en ce lieu par Joseph, le fils de Jacob, quand il était ministre du pharaon, c'est-à-dire vers 1500 avant Jésus-Christ.
Historiquement, le Nilomètre de Roda fut construit en 715 sous le règne du calife omeyyade Soleiman Abdel Malek. 
Ce Nilomètre fut restauré en 815 par le calife El-Mamoun. Ayant été renversé par une forte crue en 859, le calife El-Moutawakil le fit reconstruire.
En 1092, le calife fatimide Moustansir restaura le Nilomètre qui resta dans le même état jusqu'à l'expédition française de Bonaparte en 1798. Des Mamelouks s'y étaient retranchés et les troupes françaises, en donnant l'assaut à cette forteresse improvisée, détruisirent en partie le Nilomètre. Il fut, par la suite, reconstruit tel que nous le voyons actuellement.
La coupole à multiples faces et pointue qui domine le Nilomètre et les jardins du palais voisin de Monasterly, fut reconstituée d'après une ancienne gravure du voyageur et architecte danois Norden qui visita l'Egypte en 1739. De style pyramidale, cette coupole avait été détruite accidentellement en 1825 à la suite de l'explosion d'une poudrière qui se trouvait non loin de là. Cette poudrière avait été installée par l'architecte français Pascal Coste chargé alors par Mohamed Ali de fournir les munitions à l'armée égyptienne. La coupole du Nilomètre fut reconstruite d'après l'ancienne gravure de Norden.
Près du Nilomètre se trouve le palais Monasterly construit vers 1850. Ce palais fut le premier siège de la Ligue arabe au Caire en 1947 et il dépend maintenant du ministère de la Culture. La famille de notables Monasterly se constitua en gardienne du Nilomètre.
Vue du Nil (Roda)

Ce palais est devenu un Centre culturel. Non loin du Nilomètre, une maison vient d'être transformée en Musée d'Oum Kalsoum. Ces différents éléments font donc de l'extrémité sud de l'île de Roda un important centre culturel et touristique.

Le sultan Saleh Negm Eddine Ayyoub fit acheter un grand nombre d'esclaves sur les marchés au nord de la mer Noire, dans le Caucase et aux environs de la mer Caspienne. 
Robustesse, sveltesse et beauté, voilà les conditions que le sultan avait posées à ses émissaires chargés d'acheter ces esclaves.
Le sultan logea ses esclaves dans des casernements construits sur l'île de Roda en face de la ville du Caire. Comme ils habitaient au milieu du fleuve (Bahr en arabe) ces premiers Mamelouks, un mot désignant les esclaves, furent appelés "Bahrides".
Dans les premières décennies du XIXème siècle, Ibrahim pacha, le fils du Grand Mohamed Ali, fit dessiner un jardin au Manial. Il y fit planter des arbres et des arbustes aux essences variées sur une superficie de plus de 60.000 mètres carrés.
Cette partie de l'île de Roda se fit appeler Manial en raison de la présence d'une résidence d'un émir mamelouk qui portait ce nom.
Parmi les espèces d'arbres et d'arbustes plantées dans le jardin du Manial, il y avait le figuier des pagodes d'Inde, encore appelé banian, l'ébénier, le bois de rose, le bois de satin, le bois d'acajou, le tamarinier, le sagoutier, l'arbre à suif, les différents palmiers et les espèces innombrables de cactus.
Le jardin est très beau avec des collections d'arbres tropicaux, de plantes rares et des fleurs. Il y a des bambous gigantesques de plus de 20 mètres de haut. Parmi les plantes rares de ce jardin, il faut citer les cocos flexuosa, les latanias borbonica, les eucalyptus globulus, les framboisiers, les tamaris, les manguiers, les papayers, les mimosées, les bananiers et bien d'autres encore. Il y a encore un coin pour les différentes espèces de cactus.
Vers la fin du XIXème siècle, ce jardin était quelque peu abandonné. Le prince Mohamed Ali Tewfick jeta son dévolu sur ce jardin pour y construire un palais dans la partie nord-est.
Les travaux de construction du palais commencèrent en 1901 pour ne s'achever qu'en 1929. Par la suite, le prince Mohamed Ali poursuivit des travaux d'embellissement. Il voulut qu'après sa mort son palais fut transformé en Musée. Mohamed Ali était né au Caire le 9 novembre 1875. Il était le fils du Khédive Tewfick, et le frère du Khédive Abbas II Helmi. Il était ainsi le petit fils du Grand Mohamed Ali le fondateur de la dynastie.
Mohamed Ali avait épousé une Française, Alice Imond. Entre ses nombreux voyages à l'étranger, il résidait en son palais du Manial avec son épouse. Il y habita jusqu'à son départ en exil, le 17 septembre 1952 à la suite de la Révolution du mois de juillet qui avait renversé le roi Farouk. Le prince Mohamed Ali mourut en Suisse en 1954.
Le Musée des animaux du Manial fut installé tout d'abord en 1962 par le roi Farouk à Inchass puis transféré au Manial.
Il existe encore un Musée qui fut inauguré en 1938. Il présente des souvenirs du prince Mohamed Ali dont un calendrier portant encore la date du 16 septembre 1952, date du départ du prince.

G.V

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