Tuesday, December 27, 2011




La rue El-Soukkaria

La rue El-Soukkaria se trouve sur la gauche de la rue Moëz Lidine Illah non loin de la porte de Zouweïla. Elle est reconnaissable à une porte qui la fermait autrefois auprès du sébil-kouttab de Nafissa El-Baïda.

Cette rue El-Soukkaria était celle des marchands de sucre. Naguib Mahfouz y plaça le dernier roman de sa trilogie qui s'appelle d'alleurs "El-Soukkaria".
En 1796, Nafissa El-Baïda fit construire une woukala et un sébilkouttab près de cette ruelle et en bordure de la rue Moëz Lidine Illah juste en face de la mosquée d'El-Mouayyed.
Nafissa El-Baïda, encore appelée Nafissa El-Mouraddiya El-Baïda, était l'épouse de l'émir mamelouk Mourad bey qui partagea le pouvoir en Egypte avec Ibrahim bey jusqu'à l'arrivée des troupes françaises de Bonaparte. Ces deux chefs mamelouks organisèrent la résistance contre les occupants français. Mourad bey mourut en 1810.
L'épouse de Mourad bey, Nafissa El-Baïda, mourut quelques années après son mari, en 1815.
Le chroniqueur de l'époque, le cheikh Abdel Rahman El-Djabarti, rapporta que Sitti Hatoum (un autre nom de Nafissa El-Baïda), l'épouse de Mourad bey, fit construire le han El-Guédid et un abreuvoir près de la porte de Zouweïla. Ce sont la woukala et le sébil-kouttab dont il a été question.
Ainsi le nom de la ruelle El-Soukkaria est rattaché au souvenir d'une grande dame de la fin du XVIIIème siècle au Caire.
Il serait intéressant de savoir ce que devint cette dame alors que son époux combattfait les troupes de Bonaparte. Peut-être s'était-elle enfuie avec Mourad bey vers la Haute-Egypte où le puissant émir organisa la résistance à partir d'Assiout.
G.V.




La rue El-Tarbiah

La rue El-Tarbiah se trouve dans le Caire fatimide et est parallèle à la rue Moëz Lidine Illah. Elle commence dans le quartier des épices pour s'achever dans celui d'El-Ghourieh, mais elle est coupée en deux par la grande rue d'El-Azhar.
A son origine, cette rue n'avait que 90 centimètres de large. Il y a cinquante ans, cette rue valait au moins douze millions de livres égyptiennes, car elle habillait 28 millions de personnes et les commerçants y vendaient chaque jour au moins 1.250.000 mètres d'étoffes.


Cette rue s'était tout d'abord spécialisée dans le commerce des parfums. En 1827, quand Mohamed Ali introduisit la culture du coton en Egypte, cette rue changea de vocation et ses commerçants commencèrent à vendre des étoffes. Une première boutique de tissus en coton s'ouvrit. Les voisins, voyant que le commerce des cotonnades permettait de faire de gros bénéfices abandonnèrent les arômes pour se lancer dans le coton. Ce fut ainsi que le commerce de cette rue se transforma et s'appela "El-Tarbiah", ces carrés d'étoffe dont les femmes entourent leurs têtes, des espèces de châles.

Les marchands de la rue El-Tarbiah parcouraient les campagnes du Delta pour acheter les cotonnades tissées dans de petits ateliers. Ils achetaient ces tissus peu cher et les revendaient à bon prix.
Très vite, les habitants de Mahalla El-Kobra, cette ville du Delta devenue un grand centre de tissage, vinrent ouvrir boutique dans la rue El-Tarbiah qu'il inondèrent de leurs marchandises. Parmi eux se trouvaient des grossistes.
La rue El-Tarbiah entra ainsi dans l'histoire du commerce du coton sous le règne de Mohamed Ali. Très vite, les grossistes de cette rue se mirent à couvrir le marché de toute l'Egypte, puis le Hedjaz, le Soudan et jusqu'au Maroc. Les cotonnades égyptiennes, sous toutes leurs formes, étaient très prisées.
Aller rue El-Tarbiah voulait dire aller acheter des cotonnades. Mais de nos jours l'aspect commerçant de cette rue a changé même si quelques boutiques exposent encore des tissus de tout genre.
G.V.

Saturday, December 17, 2011









Moëz Lidine Illah, une rue au cœur du Caire islamique 
Un musée d'architecture
 médiévale exposé en plein air







 
 

Par : Marwa Mourad et Dalia Hamam


Les nombreux monuments historiques de la civilisation islamique et ses vestiges attirent l'attention du monde entier, touristes étrangers et les Egyptiens eux-mêmes. Dans la fameuse rue de Moëz Lidine Illah, les monuments islamiques fournissent une vue présente fascinante d'une époque passée. Une visite s'imposait.
Les experts de l'Unesco jugent la rue de Moëz Lidine Illah comme un chef-d'œuvre monumental islamique d'un Caire antique. Cette rue rassemble des trésors, regroupe différents siècles islamiques. Il était naturel de continuer à protéger cette région. Cette rue s'étend entre Bab El-Foutouh et Bab Zouweïla et croise la place d'El-Azhar. C'était l'axe d'origine du Caire fatimide. Située en plein cœur du Caire, une partie très active de tous les secteurs où la foule et les bruits recouvrent le charme de l'Orient et les parures les plus magnifiques du Caire islamique. Richesses et diversités historiques, modèles surprenants de l'architecture islamique en Egypte, transforment ce lieu en un musée de grandeur naturelle, sur un site d'origine, inchangé depuis dans un cadre médiéval. Les visites se multiplient dans ce lieu resté historique.

  •    Complexe de Barsbaï El-Ashraf
Plus connu chez l'habitant sous le nom d'Al-Ashrafiya, d'après son fondateur le sultan El-Ashraf Barsbaï. L'action politique la plus renommée de Barsbaï a été la conquête de Chypre en 1426.
Un complexe comme tant d'autres, El-Ashrafiya n'est pas exceptionnelle en taille ou en architecture. Il est cependant encore bien solide, en bon état, typiquement mamelouke. Formé d'une cour centrale entourée par quatre iwans. Un dôme formé de pierres et découpé couvre le mausolée qui a été prévu pour le sultan mais contient réellement les dépouilles de son épouse et de son fils. La partie gauche de la façade est un sébile-kouttab. Son entrée est imposante et largement fréquentée par des négociants et les marchands ambulants.

  •      Madrassa d'El-Salih Negm
Le complexe représente le premier exemple connu d'un tombeau rattaché à une Madrassa (école). Cette Madrassa était également la première construction destinée à contenir chacune des quatre écoles légales propres aux Sunnites, chacune dans un iwan séparé. Cette tradition évoluera plus tard avec les prochaines deux cents années sous les Mameloukes. Cette Madrassa a été construite sur des parties de l'énorme emplacement occupé par le palais oriental des Fatimides. La façade est en partie cachée par des fonds de commerce. Elle soutient un minaret au-dessus d'une porte richement décorée. La porte est l'entrée de la ruelle connue aujourd'hui comme Haret El-Salihiya qui sépare les deux ailes de la Madrassa.
Juste sur la gauche de cette porte se trouve l'entrée d'une cour ouverte, avec les restes de la Madrassa, mise en évidence. Un mausolée y a été joint et où le Sultan El-Salih est enterré a été construit plus tard par sa veuve, Shagaret Eddor.

  •      Bab El-Foutouh
La Porte des conquêtes "Bab El-Foutouh" est l'entrée nord de la fortification fatimide qui a par le passé enfermé dans ses murs un centre original du Caire. Comme la mosquée du Sultan Hassan et d'Ibn Touloun, Bab El-Foutouh a été plus d'une fois, citée dans les récits des 18ème et 19ème par les voyageurs de ces siècles. La porte a été placée en 1087 par Djamali l'Arménien pour remplacer une ancienne porte environ 200 mètres au sud. 



  •      Madrassa de Barqouq
Barqouq (la prune) était à l'origine un esclave circassien qui est devenu le premier sultan circassien à régner en Egypte.
Construite après le modèle de la Madrassa du Sultan Hassan, Madrassa de Barqouq est un plan cruciforme typique. Elle se distingue par un minaret octogonal élégant et unique en son genre, caractérisé par la finesse de ses dessins gravés sur le marbre.


 

Moëz Lidine Illah en quelques mots

La dynastie des Fatimides a régné sur l'Egypte durant deux siècles, de 969 à 1171. Cette famille descend de Fatima la fille du Prophète - d'où leur nom -, et de son époux Ali, cousin du Prophète Mohamed.
Moëz Lidine Illah, devenu calife fatimide en 341 de l'Hégire (952 après Jésus-Christ) succédait ainsi à son père Mansour Abi Taher Ismaïl, troisième calife fatimide. Moëz était un homme intellectuel affamé de sciences et de littérature qui maîtrisait les langues. Intelligent et respectueux, il a adopté une politique sage et a formé une forte armée. L'Egypte était parmi ses premières priorités. Il attendait impatiemment l'occasion pour la conquérir. Il a rassemblé une énorme armée estimée à 100 mille soldats pour conquérir l'Egypte; il a nommé Gawhar El-Saqueli à la tête de cette armée. Il est ainsi entré en Egypte en 358 de l'Hégire (969 après Jésus-Christ). Moëz Lidine Illah le Fatimide a passé la plupart de sa vie au Maroc. Il n'est resté en Egypte que trois années. Cependant, cette courte période eut une grande influence sur son Etat. Il a réussi à transporter le centre de son Etat au Caire et fondé un gouvernement puissant qui a réalisé avec succès un essor religieux, culturel et social. Moëz a rendu l'Egypte, le Centre d'intérêt du Monde islamique. La mort le surpris au Caire en 365 de l'Hégire (975 après Jésus-Christ).




 
Un admirateur du pied 
 de Ramsès II à Tanis
 


La tête enturbannée d'un châle blanc, vêtu d'une gallabeya plus blanche encore, pieds nus, l'homme était monté sur un âne trottinant sur la route entre San El-Hagar et Husseineia dans le Delta oriental. Chose particulière, cet homme aux pieds nus avait de superbes babouches blanches suspendues au col de sa monture.


Fidèle aux traditions de ses ancêtres, il ne chaussait ses babouches qu'arrivé à destination, non pas pour devenir comme tout le monde, chaussé, mais pour faire voir que lui aussi savait utiliser cet accessoire pas plus indispensable au costume qu'à la respectabilité. Cet homme, il se faisait appeler Abdou dans son village de San El-Hagar près de l'ancienne cité pharaonique de Tanis. Il avait des idées bien arrêtées sur les pieds. Sans le savoir , il avait hérité ces idées de ses ancêtres.
Pour Abdou, si la tête est la partie la plus respectable de l'homme et c'est pour cela qu'elle doit toujours être couverte, les pieds, quant à eux, sont aussi le signe de cette respectabilité. "L'homme se reconnaît à ses pieds", répétait-il souvent. Les siens, tant il les soignait, n'avaient de rivaux qu'en ceux du colosse de Ramsès II dans les ruines de Tanis, près d'un mètre de largeur, ou ceux encore plus délicats de la douce Néfertari blottie entre ses jambes. Ces pieds géants de Ramsès II, ou cette délicieuse épouse royale, Abdou aimait les contempler, les caresser, les admirer, car pour lui ils symbolisaient ce qu'il y a de plus beau dans la constitution humaine. Pour Abdou, avoir de beaux pieds, c'était posséder la vertu, le savoir-vivre, toutes les qualités nécessaires à la vie. Pour lui, de vilains pieds signifiaient bêtise et mauvais esprit.

Abdou, monté sur son âne, se rendait donc à Husseineia. Un jour par semaine, il visitait la ville voisine pour le marché du mardi. L'âne attaché, Abdou chaussait ses babouches et faisait son tour du marché, saluant les connaissances, marchandant un bout de tissu, une paire de babouches, bien qu'il n'avait pas l'intention d'acheter quoi que ce soit. Des babouches, les dernières achetées dataient au moins de quinze ans, allant et venant toujours pieds nus.
Son tour du marché accompli, Abdou venait s'installer au café de la place. Précautionneusement, il retirait ses babouches qu'il polissait avec son mouchoir de poche, quitte à l'utiliser ensuite à des fins nasales. Ce rite accompli, il sirotait un café qu'il n'avait pas besoin de commander, le garçon connaissant les habitudes de son client.
Sans le savoir, Abdou vivait des traditions de l'Egypte ancienne. En effet, les Egyptiens marchaient nu-pieds, les sandales n'étant pas un accessoire indispensable au costume. Cependant, lorsqu'ils se rendaient en visite, les gens riches se faisaient accompagner de serviteurs dont l'un était chargé de porter les sandales. Ils ne les chaussaient qu'une fois arrivés à destination. Une des hautes fonctions de la Cour royale était le "porte-sandales" du roi.
Si les Egyptiens portaient rarement des sandales, le savoir-vivre les interdisait quand il s'agissait de se présenter devant une personne d'un rang plus élevé que soi. Faveur suprême, c'était d'être autorisé à se présenter chaussé devant le roi. Les sandales, alors, valaient mille fois mieux que n'importe quelle décoration royale.
Les pieds, cent fois par jour les Egyptiens les lavaient, les oignaient d'huile et de parfums. Des pédicures peuplaient les trottoirs des rues et les cours des maisons nobles. C'était un bon métier. Bracelets, anneaux et bagues ornaient les pieds. Recouverts d'or et d'émeraudes, les pieds manifestaient la richesse et la noblesse du propriétaire. "Ton pieds te conduira où tu veux aller", un dicton traduisant excellemment bien la valeur de ce membre du corps. Si l'esprit commande, ce sont les pieds qui font passer de l'ordre à la réalisation. Ils sont alors symboles de volonté.
G.V.

Sunday, December 11, 2011


Le quartier d'Ismaïlieh au Caire




par : Gérard Viaud


Le quartier d'Ismaïlieh au Caire occupe maintenant le centre-ville. Il fut construit sous le règne du Khédive pacha (1863-1879). Toutes les constructions de ce quartier avaient été réalisées à l'européenne où le goût italien prédominait.
Le Midan (place) Talaat Harb, encore appelé Soliman pacha, est un des grands carrefours au centre-ville du Caire. Il s'y croisent les rues de Talaat Harb, de Mohamed Bassiouni (jadis Antikhana) et de Sabri Abou El-Alam.
Au milieu de la place trône la statue de Talaat Harb.
La rue Soliman pacha, maintenant appelée Talaat Harb, commence place El-Tahrir (de la Libération) pour s'achever rue du 26 Juillet. Elle traversait la place où s'élevait, jusqu'en 1952, la statue de Soliman pacha qui fut remplacée par celle de Talaat Harb, un financier de la fin du XIXème siècle qui fonda la Banque Misr.
La rue de Qasr El-Nil, en plein centre-ville, commence place El-Tahrir (de la Libération) pour s'achever rue El-Goumhouriya. Elle prit le nom du palais de Qasr El-Nil qui avait été construit en 1854 sous le règne de Mohamed Saïd pacha par l'architecte italien Pantanelli assisté de son compatriote Piattoli. En 1868, Ismaïl pacha fit restaurer ce palais pour en faire sa résidence d'été.

La rue de Qasr El-Nil, créée au XIXème siècle, était une des plus élégantes du Caire. Elle était bordée de résidences particulières et de magasins de luxe qui étalaient les dernières modes venues de Paris et de Londres.
Dans cette rue se trouvait l'hôtel Savoy, le rendez-vous de toute l'aristocratie du Caire. Cette belle rue était bordée d'arbres, comme toutes celles de ce nouveau quartier qui avait été fondé par le Khédive Ismaïl. Toutes les constructions de ce quartier avaient été réalisées à l'européenne où le goût italien prédominait.
La rue de Qasr El-Nil est restée une grande rue commerçante du Caire avec de très beaux magasins.
Le 6 février 2001, une plaque commémorative avait été apposée sur l'immeuble Immobilia au centre-ville du Caire en mémoire de Naguib El-Rihani.
Cette plaque, en arabe et en français, rappelle que Naguib El-Rihani a vécu dans cet immeuble entre 1938 et 1949. Il habitait dans l'appartement 321 au troisième étage.
Au mois d'octobre 1900, une nouvelle rue avait été ouverte au Caire dont le besoin se faisait sentir depuis longtemps. Cette rue partait de la Banque nationale d'Egypte (fondée au Caire en 1898), traversait la rue de Qasr El-Nil pour déboucher sur la rue El-Manakh (actuellement Abdel Khalek Sarouat). Elle s'appelait rue Chawarby et toutes les propriétés du voisinage de cette rue appartenant au pacha du même nom avaient été expropriées.
Cette rue avait son prolongement jusqu'à la Bourse des valeurs, actuellement rue Chérifein. Cette dernière rue est maintenant devenue une rue piétonne. Dans le centre-ville du Caire, une nouvelle zone piétonne a été aménagée et elle comprend des tronçons des rues Elfi, Zakaria Ahmed et Sarray El-Ezbékieh.
Le contrat pour la construction de la rue et de ses trottoirs avait été passé avec la même maison qui construisait au même moment le nouveau Musée des antiquités égyptiennes près des casernes britanniques de Qasr El-Nil.
L'hôtel Savoy su Caire se trouvait au coin des rues Qasr El-Nil et Soliman pacha en bordure du rond-point de Qasr El-Nil. Il avait été construit à la fin du XIXème siècle avec 180 chambres par George Nungovich Company Ldt qui d'ailleurs en était le propriétaire.
C'était une superbe installation avec un excellent restaurant. La clientèle de ce restaurant était la plus distinguée du Caire et les officiers et fonctionnaires anglais s'y pressaient.
Chaque samedi soir, le bal hebdomadaire rassemblait l'élite de la ville dans les salons du Savoy où les toilettes de la dernière mode, venues de Londres et de Paris, pouvaient se voir et étaient d'un luxe inouï. La pension complète, pour ceux qui voulaient résider dans cet hôtel, était de 60 piastres par jour.
C'était le lieu idéal pour résider au centre-ville où les rues, bordées d'arbres, étaient parcourues par les landaus, les coupées et les calèches. Quelques ânes montés se faufilaient entre les voitures.
L'hôtel Savoy devint très vite trop petit et son propriétaire en augmenta le nombre des chambres à 300 dont 80 avaient des cabinets de toilette et une salle de bains. Il y avait même un salon de coiffure pour hommes et femmes dans cet hôtel luxueux.
Les hôtes y trouvaient encore, en plus du restaurant, des salons à louer, un bar américain, un billard, un jardin et un tennis. La grande salle de bal servait aussi pour les grands banquets et les réceptions.
Voici les prix qui étaient pratiqués en 1910 dans cet hôtel. La location à la journée pour une chambre à un lit était de 40 piastres, de 70 piastres pour une chambre à deux lits, de 80 piastres pour un salon, de 200 piastres pour un appartement privé comprenant une salle de bains, un salon et une chambre à coucher.
Quant aux repas, les consommateurs devaient payer 10 piastres pour le déjeuner du matin, le dîner était à 35 piastres et ceux qui voulaient une pension complète devaient verser 90 piastres par jour.
L'hôtel Savoy n'existe plus, il a été remplacé par une banque. Les arbres ont aussi disparu et la statue de Soliman pacha a été remplacée par celle du banquier Talaat Harb. La statue de Soliman pacha se trouve maintenant dans le jardin du Musée militaire de la Citadelle du Caire près de la statue équestre de son ami Ibrahim pacha qui est une reproduction de celle qui existe sur la place de l'Opéra au Caire.
Maintenant autour de cette place au centre du Caire se trouvent des agences de voyages, des librairies, etc...
Qui était Soliman pacha dont tout le monde parle ?
Soliman pacha fut le compagnon d'armée d'Ibrahim pacha, le fils de Mohamed Ali. D'origine française, Soliman pacha fut un officier de l'armée de Napoléon 1er sous le nom de colonel Sèves.
A l'âge de 35 ans, Sèves passa par l'Egypte en 1815 en route vers la Perse. Il avait quitté la France à la suite de l'abdication de Napoléon et de son exil à l'île de Sainte Hélène.
Au cours de son passage au Caire, le colonel Sèves fut présenté à Mohamed Ali qui le pressa de rester en Egypte pour se mettre à son service. Avec son fils, Ibrahim pacha, Mohamed Ali avait entrepris de moderniser son armée et en retenant le colonel Sèves il espérait profiter de l'expérience d'un officier de l'armée napoléonienne. Son vœu fut pleinement exaucé car le jeune officier français fut véritablement à la hauteur de la tâche qui lui avait été demandée.
Très vite, Sèves se prit d'amitié pour Ibrahim pacha et ils travaillèrent ensemble de longues années pour faire de l'armée égyptienne une force puissante et moderne. Entre-temps, le colonel Sèves s'était marié avec une Egyptienne en prenant le nom de Soliman.
En 1822, Soliman pacha avait déjà formé et entraîné 10 bataillons égyptiens. Selon les méthodes napoléoniennes, il avait rodé ses troupes à toutes sortes d'exercices militaires et aux différentes formes de combats. Avec ses jeunes troupes, il participa à la campagne de Grèce de 1825 à 1827.
Au Caire, Soliman pacha habitait dans une propriété sur les bords du Nil en face de l'île de Roda, entre l'aqueduc de la Citadelle et le Vieux-Caire. Entre deux campagnes, lorsque ses obligations militaires le lui permettaient, Soliman pacha se retirait dans sa propriété pour y mener une vie familiale calme et tranquille.
Ce fut dans cette propriété que Soliman pacha s'éteignit après avoir passé 44 années de sa vie au service de l'Egypte. Il fut enseveli dans un mausolée construit dans le jardin de sa propriété. Ce mausolée existe toujours.
Une statue de Soliman pacha fut placée au milieu du rond-point de Qasr El-Nil au Caire, une œuvre du sculpteur français Henri-Alfred Marie Jacquemart qui réalisa aussi la statue équestre de Mohamed Ali d'Alexandrie. Cette statue de bronze représentait Soliman pacha en tenue d'officier de cette époque: un pantalon bouffant, retombant sur des bottes, était serré par une large ceinture. Portant tarbouche sur la tête, Soliman pacha tenait une épée dans sa main gauche.
Cette statue fut enlevée à la suite de la Révolution de 1952 et remplacée par celle de Talaat Harb.