Saturday, December 31, 2011


Avec ses rares momies, plantes et animaux empaillés
Le musée d'ancienne agriculture,
une perle dans l'Histoire

 
par : Marwa Mourad Une perle dans l'histoire, un grand ouvrage désormais inscrit dans le registre des civilisations et des innovations: c'est le musée d'ancienne agriculture égyptienne qui se trouve au sein du musée égyptien d'agriculture. Il comprend des pièces antiques uniques remontant dans le temps depuis l'époque préhistorique jusqu'à la fin de l'Egypte pharaonique. Visite.
"L'originalité du musée égyptien d'agriculture réside dans le fait qu'il détient une collection antique agricole la plus rare du monde. Cette collection raconte l'histoire de l'évolution de l'agriculture égyptienne depuis l'ère préhistorique jusqu'à l'histoire moderne (19ème siècle). Ce musée est l'un de ceux qui se trouvent ici", a souligné M. Mohamed Al-Aqad, surveillant général des musées et des expositions agricoles et directeur du musée égyptien d'Agriculture.
L'ancienne civilisation égyptienne s'est caractérisée par l'agriculture, vu que la première fonction de la plupart des Egyptiens était soit l'agriculture soit l'élevage des animaux. Les Anciens Egyptiens étaient les premiers paysans dans l'histoire. Ils ont inventé des équipements et des appareils, creusé les canaux, fondé des ponts et bonifié les terres. Ils ont connu depuis des milliers d'années la science de la superficie, dessiné des cartes agricoles et utilisé les dates dès 4241 av. Jésus Christ.
Leur préoccupation était accordée aux animaux, et ce pour des fondements religieux. Ils ont cru que ces animaux étaient des symboles des dieux. Ainsi, ils les ont bien traités.
"Tamri" (la terre aimable), "Ta Akht" (la terre fertile de l'inondation), "Baqa" (l'olivier ou la verte) tels sont les noms qui ont été donnés par les pharaons à l'Egypte et qui reflètent la forte relation qui existe entre eux et la terre.
"Une collection de pièces antiques agricoles et animales qui date de l'ancienne ère, époque de la pierre, jusqu'à la fin de l'époque pharaonique, est présente dans ce musée. Elle est exposée d'une façon saillante qui va de pair avec les moyens scientifiques les plus sophistiqués au niveau de l'éclairage, et les moyens utilisés pour l'exposition. Ce musée comprend un réseau de circuit télévisé, une diffusion auditive et visuelle sur les pièces exposées, des laboratoires pour les repérages, les modifications et la lutte contre les insectes et les microbes", a indiqué Hassan Khatab, haut responsable du musée d'ancienne agriculture égyptienne.
En se dirigeant vers ce musée, le visiteur trouvera à l'entrée un vaste jardin d'aspect pharaonique. Un bassin d'eau, des plantes, des arbres, des fleurs et des statues de l'ère pharaonique embellissent ce jardin. Un grand portail s'ouvre. Ensuite le visiteur se trouve aussitôt au premier étage du musée qui renferme toute la beauté et la magie d'une civilisation millénaire.
Au premier étage
L'entrée, la salle des dieux, la salle des grands visiteurs et la grande salle de l'exposition, voici le contenu de cet étage. La première chose qui frappe est surtout les statues de quelques rois qui se sont dévoués pour l'agriculture, l'irrigation et la bonification des terres. Deux grandes maquettes reflétant l'action des paysans dans la bonification des terres et dans l'élevage des animaux sont visibles sur les deux côtés de l'entrée.
En contemplant ces statues et ces tableaux à l'entrée, le visiteur se trouve dans la salle des dieux où apparaissent certaines statues appartenant à des dieux en étroite relation avec l'agriculture.
Les pharaons étaient généralement des agriculteurs de première importance. Ils avaient des dieux pour l'agriculture et plus précisément:
- Oziris et sa femme Isis, les dieux de l'agriculture, de la verdure et de la réincarnation.
- Sékht, le dieu des champs.
- Nébr, le dieu des grains.
- Habi, le dieu de l'inondation du Nil.
A proximité de ces statues il y a le corps d'une paysanne égyptienne, le sarcophage d'un enfant qui date de la nuit des temps, 3000 ans av. Jésus Christ (c'est-à-dire deux fois plus ancien que celui du Prophète Moussa), une exposition sur les moyens employés pour l'empaillage des animaux, des volailles et la conservation des poissons.
En pénétrant la salle des grands visiteurs, il s'y trouve des scènes de moisson, de récolte, de plantation, de pêche ainsi que quelques échantillons représentant les plus importantes expositions agricoles et animales.
Grande salle d'exposition
Toujours au premier étage, mais dans la grande salle d'exposition il y a quatre parties: la maison de l'esprit, les équipements en pierre, la salle de l'industrie et celle des récoltes.
"Dans la maison de l'esprit, le visiteur y trouve des aliments, des boisons et des meubles conservés auprès de la momie. L'Ancien Egyptien a cru à l'au-delà. Alors, il a mis aux côtés de la momie tous ses besoins", a indiqué M. Hassan Khatab.
Puis, le visiteur traverse la pièce où se trouvent les équipements agricoles façonnés de pierre datant de l'ère préhistorique. Ensuite, se trouve le coin des opérations propres à l'industrialisation agricole comme le vin. Enfin, dans le quatrième coin il y a une exposition de récoltes conservées telles que le blé, le pain, les pizzas pharaoniques, les pâtés, les grains, les tissus, les légumes, les fruits…
Second étage
Le second étage est un étage élégant comptant deux salles: la salle des papyrus et celle des animaux. La toute première c'est la salle des papyrus. Bien sûr, tout le monde sait que les papyrus avaient une grande valeur chez les pharaons. Ces feuilles symbolisent le Delta.
La salle du musée comprend une exposition de papyrus tout en retraçant les étapes depuis la plantation jusqu'à l'industrialisation. "Les papyrus sont présentés d'une façon très sophistiquée. L'éclairage a été exécuté par des ingénieurs, maîtres d'œuvre. Chaque chose ici est bien étudiée", a souligné M. Hassan qui ouvre tout en parlant le portail de la salle des animaux. Les visiteurs du musée se trouvent stupéfiés face à cette salle où il y a certaines momies, quelques statues et des scènes de l'histoire vécue:
- animaux de pierre datant de l'ère préhistorique.
- volailles sauvages.
- animaux domestiques tels que chiens, chats,…
- poissons.
- dessins et caricatures ayant une relation avec les animaux.
"Ainsi vous pouvez constater que l'Ancien Egyptien était un artisan qui a été profondément influencé par l'agriculture. Cela apparaît sur ses gravures, ses statues et ses temples. Les plantes, les fleurs, les arbres et les fruits ont été sa première source d'inspiration dans l'architecture et les accessoires employés. De plus, la plupart des lettres qui constituent l'alphabet égyptien (les hiéroglyphes), ont une origine agricole. Leurs chansons, leurs contes même leur foi religieuse ont été influencés par l'agriculture", a conclu M. Hassan Khatab.

Le tramway des Pyramides
 
 
A la fin du XIXème siècle, il était très facile de se rendre au Pyramides de Guiza grâce au tramway électrique. le voyage durait une heure ou une heure et quart au maximum.

Au mois d'avril 1896, le Comité des concessions des tramways du Caire avait examiné plusieurs demandes qui lui avaient été présentées dans le but d'obtenir la concession d'une ligne de tramways entre le Caire et les Pyramides. Un des postulants avait été la maison de M. de la Hault qui construisait les lignes de tramways du Caire. Il était alors proposé d'établir la ligne du côté sud de la route des Pyramides qui avait été aménagée l'année précédente et sur un remblai indépendant. La ligne devait partir de la station de l'octroi se trouvant près du pont de Qasr El-Nil sur l'île de Boulac, traverserait le petit Nil sur le pont des Anglais et longerait ensuite cette route des Pyramides jusqu'au Mena House. Cette combinaison devait permettre aux voyageurs de partir au point le plus rapproché du Caire et simplifier l'examen des produits quittant le Caire ou y arrivant par les fonctionnaires de l'octroi. De nombreuses personnes doutaient au Caire du succès de cette entreprise en raison du coût important sur le plan financier.




Pourtant cela fut réalisé en 1898. Le 9 juin 1898, la presse égyptienne annonçait "que le public cairote, à l'exception des âniers et des automédons de voitures de place, apprendra avec plaisir que la ligne de tramways des Pyramides est en bonne voie d'achèvement. Elle sera fonctionnelle probablement au mois de novembre prochain".

La ligne des Pyramides, en raison de la grande distance, avait ses prix particuliers de 30 millièmes en première classe et de 15 en seconde. Mais jusqu'au château de Guiza, les prix étaient de 10 et 5 millièmes comme au Caire. Ce tramway avait une sirène particulière à haut timbre pour avertir, disait-on, les bufflesses et autres animaux qui traversaient les rails. Le coach, qui couvrait le trajet entre le Mena House construit en 1888 et la ville du Caire, fut lui aussi supprimé.

La station de départ se trouvait donc sur l'île de Boulac (El-Guézireh) près du pont de Qasr El-Nil et le tramway franchissait ensuite le pont des Anglais. Un première station se trouvait devant le jardin zoologique, en face du débarcadère des bateaux qui amenaient les voyageurs du Vieux-Caire. Cinq minutes plus loin, le tramway s'arrêtait devant le château de Guiza qui avait abrité de 1889 à 1902 le Musée des antiquités égyptiennes. A partir du château de Guiza, le tramway s'enfonçait dans les terres en direction des Pyramides, laissant à sa gauche le village de Guiza. La ligne du tramway électrique était bordée, sur la droite, par la route des Pyramides. Les tramways circulaient de 7 heures du matin jusqu'à 9 heures du soir, ce qui donnait aux touristes tout le temps voulu pour visiter le site des Pyramides.
G.V.

Tuesday, December 27, 2011




Kobri El-Lamoun n'est plus




 
La place Ramsès a souvent changé de visage au cours de sa longue histoire et Kobri El-Lamoun n'est plus qu'un souvenir. Elle fut créée au XIIème siècle devant les nouveaux remparts construits par ordre de Salah Eddine El-Ayyoubi et en bordure des rives du Nil qui se trouvaient en ces lieux, Boulac étant alors une île. Elle se situait devant la porte nord de la cité, Bab El-Bahr, ou porte de la mer, et elle portait encore le nom de Bab El-Hadid. Elle fut appelée ensuite Midan Bab El-Hadid, la place de la porte de fer.
Au fur et à mesure que le Nil se retira vers l'ouest, la place prit de nouvelles extensions en étant le carrefour des marchands venant du Delta, du port de Boulac et du Proche-Orient où ils déchargeaient leurs marchandises.

Gare centrale du Caire
Au XIVème siècle, le sultan Ibn Qalaoun creusa au milieu de cette place le khalig El-Nassiri qui venait du Nil pour aller rejoindre le khalig El-Masri. Au centre de la place, un pont fut jeté au-dessus de ce nouveau canal qui fut appelé "Kobri El-Lamoun", car de nombreux jardins de citronniers se trouvaient en bordure de la place et des vendeurs offraient sur ce pont leurs agrumes aux passants. L'ancienne gare du train d'El-Marg et de Suez a gardé pendant longtemps le souvenir de ce pont en s'appelant la gare de Kobri El-Lamoun.
Au milieu de ce jardin de Bab El-Hadid, à l'emplacement de ce qui fut la gare de Kobri El-Lamoun, se trouvait un petit lac entouré de guinguettes et de cafés où les promeneurs venaient s'asseoir à l'ombre de tonnelles. C'était le rendez-vous de tout le beau monde du Caire. Quand la gare des chemins de fer fut construite en 1855, les jardins qui bordaient la place de Bab El-Hadid disparurent.
En 1899, le canal d'Ismaïlieh, qui traversait cette place, fut comblé et un autre, portant le même nom, fut creusé au nord de Choubra. Par le fait même, le pont de "Kobri El-Lamoun" disparut. Le tramway débouchant de la rue Clot bey fut alors prolongé jusqu'à Choubra en traversant la place de Bab El-Hadid. Lors de la construction du pont de Choubra, au-dessus de la ligne de chemin de fer conduisant vers la Haute-Egypte, le tramway de Choubra fut détourné vers Qolali. Cette ligne de Choubra fut supprimée en 1992 en prévision de la construction du métro souterrain conduisant de Choubra El-Kheima à la place Ramsès, dans son premier tronçon.
Vers les années 30, la place de Bab El-Hadid, qui était traversée par le métro d'Héliopolis, fut réaménagée et la statue du "Réveil de l'Egypte" du sculpteur Mahmoud Moukhtar fut placée au milieu de cette vaste zone, en bordure de la ligne du métro et juste en face de l'entrée de la rue Clot bey. Elle était dressée sur un socle élevé. Mais, le 24 février 1955, cette statue céda la place au colosse de Ramsès II en provenance de l'ancienne ville de Memphis.
G.V.



La rue El-Soukkaria

La rue El-Soukkaria se trouve sur la gauche de la rue Moëz Lidine Illah non loin de la porte de Zouweïla. Elle est reconnaissable à une porte qui la fermait autrefois auprès du sébil-kouttab de Nafissa El-Baïda.

Cette rue El-Soukkaria était celle des marchands de sucre. Naguib Mahfouz y plaça le dernier roman de sa trilogie qui s'appelle d'alleurs "El-Soukkaria".
En 1796, Nafissa El-Baïda fit construire une woukala et un sébilkouttab près de cette ruelle et en bordure de la rue Moëz Lidine Illah juste en face de la mosquée d'El-Mouayyed.
Nafissa El-Baïda, encore appelée Nafissa El-Mouraddiya El-Baïda, était l'épouse de l'émir mamelouk Mourad bey qui partagea le pouvoir en Egypte avec Ibrahim bey jusqu'à l'arrivée des troupes françaises de Bonaparte. Ces deux chefs mamelouks organisèrent la résistance contre les occupants français. Mourad bey mourut en 1810.
L'épouse de Mourad bey, Nafissa El-Baïda, mourut quelques années après son mari, en 1815.
Le chroniqueur de l'époque, le cheikh Abdel Rahman El-Djabarti, rapporta que Sitti Hatoum (un autre nom de Nafissa El-Baïda), l'épouse de Mourad bey, fit construire le han El-Guédid et un abreuvoir près de la porte de Zouweïla. Ce sont la woukala et le sébil-kouttab dont il a été question.
Ainsi le nom de la ruelle El-Soukkaria est rattaché au souvenir d'une grande dame de la fin du XVIIIème siècle au Caire.
Il serait intéressant de savoir ce que devint cette dame alors que son époux combattfait les troupes de Bonaparte. Peut-être s'était-elle enfuie avec Mourad bey vers la Haute-Egypte où le puissant émir organisa la résistance à partir d'Assiout.
G.V.




La rue El-Tarbiah

La rue El-Tarbiah se trouve dans le Caire fatimide et est parallèle à la rue Moëz Lidine Illah. Elle commence dans le quartier des épices pour s'achever dans celui d'El-Ghourieh, mais elle est coupée en deux par la grande rue d'El-Azhar.
A son origine, cette rue n'avait que 90 centimètres de large. Il y a cinquante ans, cette rue valait au moins douze millions de livres égyptiennes, car elle habillait 28 millions de personnes et les commerçants y vendaient chaque jour au moins 1.250.000 mètres d'étoffes.


Cette rue s'était tout d'abord spécialisée dans le commerce des parfums. En 1827, quand Mohamed Ali introduisit la culture du coton en Egypte, cette rue changea de vocation et ses commerçants commencèrent à vendre des étoffes. Une première boutique de tissus en coton s'ouvrit. Les voisins, voyant que le commerce des cotonnades permettait de faire de gros bénéfices abandonnèrent les arômes pour se lancer dans le coton. Ce fut ainsi que le commerce de cette rue se transforma et s'appela "El-Tarbiah", ces carrés d'étoffe dont les femmes entourent leurs têtes, des espèces de châles.

Les marchands de la rue El-Tarbiah parcouraient les campagnes du Delta pour acheter les cotonnades tissées dans de petits ateliers. Ils achetaient ces tissus peu cher et les revendaient à bon prix.
Très vite, les habitants de Mahalla El-Kobra, cette ville du Delta devenue un grand centre de tissage, vinrent ouvrir boutique dans la rue El-Tarbiah qu'il inondèrent de leurs marchandises. Parmi eux se trouvaient des grossistes.
La rue El-Tarbiah entra ainsi dans l'histoire du commerce du coton sous le règne de Mohamed Ali. Très vite, les grossistes de cette rue se mirent à couvrir le marché de toute l'Egypte, puis le Hedjaz, le Soudan et jusqu'au Maroc. Les cotonnades égyptiennes, sous toutes leurs formes, étaient très prisées.
Aller rue El-Tarbiah voulait dire aller acheter des cotonnades. Mais de nos jours l'aspect commerçant de cette rue a changé même si quelques boutiques exposent encore des tissus de tout genre.
G.V.

Saturday, December 17, 2011









Moëz Lidine Illah, une rue au cœur du Caire islamique 
Un musée d'architecture
 médiévale exposé en plein air







 
 

Par : Marwa Mourad et Dalia Hamam


Les nombreux monuments historiques de la civilisation islamique et ses vestiges attirent l'attention du monde entier, touristes étrangers et les Egyptiens eux-mêmes. Dans la fameuse rue de Moëz Lidine Illah, les monuments islamiques fournissent une vue présente fascinante d'une époque passée. Une visite s'imposait.
Les experts de l'Unesco jugent la rue de Moëz Lidine Illah comme un chef-d'œuvre monumental islamique d'un Caire antique. Cette rue rassemble des trésors, regroupe différents siècles islamiques. Il était naturel de continuer à protéger cette région. Cette rue s'étend entre Bab El-Foutouh et Bab Zouweïla et croise la place d'El-Azhar. C'était l'axe d'origine du Caire fatimide. Située en plein cœur du Caire, une partie très active de tous les secteurs où la foule et les bruits recouvrent le charme de l'Orient et les parures les plus magnifiques du Caire islamique. Richesses et diversités historiques, modèles surprenants de l'architecture islamique en Egypte, transforment ce lieu en un musée de grandeur naturelle, sur un site d'origine, inchangé depuis dans un cadre médiéval. Les visites se multiplient dans ce lieu resté historique.

  •    Complexe de Barsbaï El-Ashraf
Plus connu chez l'habitant sous le nom d'Al-Ashrafiya, d'après son fondateur le sultan El-Ashraf Barsbaï. L'action politique la plus renommée de Barsbaï a été la conquête de Chypre en 1426.
Un complexe comme tant d'autres, El-Ashrafiya n'est pas exceptionnelle en taille ou en architecture. Il est cependant encore bien solide, en bon état, typiquement mamelouke. Formé d'une cour centrale entourée par quatre iwans. Un dôme formé de pierres et découpé couvre le mausolée qui a été prévu pour le sultan mais contient réellement les dépouilles de son épouse et de son fils. La partie gauche de la façade est un sébile-kouttab. Son entrée est imposante et largement fréquentée par des négociants et les marchands ambulants.

  •      Madrassa d'El-Salih Negm
Le complexe représente le premier exemple connu d'un tombeau rattaché à une Madrassa (école). Cette Madrassa était également la première construction destinée à contenir chacune des quatre écoles légales propres aux Sunnites, chacune dans un iwan séparé. Cette tradition évoluera plus tard avec les prochaines deux cents années sous les Mameloukes. Cette Madrassa a été construite sur des parties de l'énorme emplacement occupé par le palais oriental des Fatimides. La façade est en partie cachée par des fonds de commerce. Elle soutient un minaret au-dessus d'une porte richement décorée. La porte est l'entrée de la ruelle connue aujourd'hui comme Haret El-Salihiya qui sépare les deux ailes de la Madrassa.
Juste sur la gauche de cette porte se trouve l'entrée d'une cour ouverte, avec les restes de la Madrassa, mise en évidence. Un mausolée y a été joint et où le Sultan El-Salih est enterré a été construit plus tard par sa veuve, Shagaret Eddor.

  •      Bab El-Foutouh
La Porte des conquêtes "Bab El-Foutouh" est l'entrée nord de la fortification fatimide qui a par le passé enfermé dans ses murs un centre original du Caire. Comme la mosquée du Sultan Hassan et d'Ibn Touloun, Bab El-Foutouh a été plus d'une fois, citée dans les récits des 18ème et 19ème par les voyageurs de ces siècles. La porte a été placée en 1087 par Djamali l'Arménien pour remplacer une ancienne porte environ 200 mètres au sud. 



  •      Madrassa de Barqouq
Barqouq (la prune) était à l'origine un esclave circassien qui est devenu le premier sultan circassien à régner en Egypte.
Construite après le modèle de la Madrassa du Sultan Hassan, Madrassa de Barqouq est un plan cruciforme typique. Elle se distingue par un minaret octogonal élégant et unique en son genre, caractérisé par la finesse de ses dessins gravés sur le marbre.


 

Moëz Lidine Illah en quelques mots

La dynastie des Fatimides a régné sur l'Egypte durant deux siècles, de 969 à 1171. Cette famille descend de Fatima la fille du Prophète - d'où leur nom -, et de son époux Ali, cousin du Prophète Mohamed.
Moëz Lidine Illah, devenu calife fatimide en 341 de l'Hégire (952 après Jésus-Christ) succédait ainsi à son père Mansour Abi Taher Ismaïl, troisième calife fatimide. Moëz était un homme intellectuel affamé de sciences et de littérature qui maîtrisait les langues. Intelligent et respectueux, il a adopté une politique sage et a formé une forte armée. L'Egypte était parmi ses premières priorités. Il attendait impatiemment l'occasion pour la conquérir. Il a rassemblé une énorme armée estimée à 100 mille soldats pour conquérir l'Egypte; il a nommé Gawhar El-Saqueli à la tête de cette armée. Il est ainsi entré en Egypte en 358 de l'Hégire (969 après Jésus-Christ). Moëz Lidine Illah le Fatimide a passé la plupart de sa vie au Maroc. Il n'est resté en Egypte que trois années. Cependant, cette courte période eut une grande influence sur son Etat. Il a réussi à transporter le centre de son Etat au Caire et fondé un gouvernement puissant qui a réalisé avec succès un essor religieux, culturel et social. Moëz a rendu l'Egypte, le Centre d'intérêt du Monde islamique. La mort le surpris au Caire en 365 de l'Hégire (975 après Jésus-Christ).




 
Un admirateur du pied 
 de Ramsès II à Tanis
 


La tête enturbannée d'un châle blanc, vêtu d'une gallabeya plus blanche encore, pieds nus, l'homme était monté sur un âne trottinant sur la route entre San El-Hagar et Husseineia dans le Delta oriental. Chose particulière, cet homme aux pieds nus avait de superbes babouches blanches suspendues au col de sa monture.


Fidèle aux traditions de ses ancêtres, il ne chaussait ses babouches qu'arrivé à destination, non pas pour devenir comme tout le monde, chaussé, mais pour faire voir que lui aussi savait utiliser cet accessoire pas plus indispensable au costume qu'à la respectabilité. Cet homme, il se faisait appeler Abdou dans son village de San El-Hagar près de l'ancienne cité pharaonique de Tanis. Il avait des idées bien arrêtées sur les pieds. Sans le savoir , il avait hérité ces idées de ses ancêtres.
Pour Abdou, si la tête est la partie la plus respectable de l'homme et c'est pour cela qu'elle doit toujours être couverte, les pieds, quant à eux, sont aussi le signe de cette respectabilité. "L'homme se reconnaît à ses pieds", répétait-il souvent. Les siens, tant il les soignait, n'avaient de rivaux qu'en ceux du colosse de Ramsès II dans les ruines de Tanis, près d'un mètre de largeur, ou ceux encore plus délicats de la douce Néfertari blottie entre ses jambes. Ces pieds géants de Ramsès II, ou cette délicieuse épouse royale, Abdou aimait les contempler, les caresser, les admirer, car pour lui ils symbolisaient ce qu'il y a de plus beau dans la constitution humaine. Pour Abdou, avoir de beaux pieds, c'était posséder la vertu, le savoir-vivre, toutes les qualités nécessaires à la vie. Pour lui, de vilains pieds signifiaient bêtise et mauvais esprit.

Abdou, monté sur son âne, se rendait donc à Husseineia. Un jour par semaine, il visitait la ville voisine pour le marché du mardi. L'âne attaché, Abdou chaussait ses babouches et faisait son tour du marché, saluant les connaissances, marchandant un bout de tissu, une paire de babouches, bien qu'il n'avait pas l'intention d'acheter quoi que ce soit. Des babouches, les dernières achetées dataient au moins de quinze ans, allant et venant toujours pieds nus.
Son tour du marché accompli, Abdou venait s'installer au café de la place. Précautionneusement, il retirait ses babouches qu'il polissait avec son mouchoir de poche, quitte à l'utiliser ensuite à des fins nasales. Ce rite accompli, il sirotait un café qu'il n'avait pas besoin de commander, le garçon connaissant les habitudes de son client.
Sans le savoir, Abdou vivait des traditions de l'Egypte ancienne. En effet, les Egyptiens marchaient nu-pieds, les sandales n'étant pas un accessoire indispensable au costume. Cependant, lorsqu'ils se rendaient en visite, les gens riches se faisaient accompagner de serviteurs dont l'un était chargé de porter les sandales. Ils ne les chaussaient qu'une fois arrivés à destination. Une des hautes fonctions de la Cour royale était le "porte-sandales" du roi.
Si les Egyptiens portaient rarement des sandales, le savoir-vivre les interdisait quand il s'agissait de se présenter devant une personne d'un rang plus élevé que soi. Faveur suprême, c'était d'être autorisé à se présenter chaussé devant le roi. Les sandales, alors, valaient mille fois mieux que n'importe quelle décoration royale.
Les pieds, cent fois par jour les Egyptiens les lavaient, les oignaient d'huile et de parfums. Des pédicures peuplaient les trottoirs des rues et les cours des maisons nobles. C'était un bon métier. Bracelets, anneaux et bagues ornaient les pieds. Recouverts d'or et d'émeraudes, les pieds manifestaient la richesse et la noblesse du propriétaire. "Ton pieds te conduira où tu veux aller", un dicton traduisant excellemment bien la valeur de ce membre du corps. Si l'esprit commande, ce sont les pieds qui font passer de l'ordre à la réalisation. Ils sont alors symboles de volonté.
G.V.

Sunday, December 11, 2011


Le quartier d'Ismaïlieh au Caire




par : Gérard Viaud


Le quartier d'Ismaïlieh au Caire occupe maintenant le centre-ville. Il fut construit sous le règne du Khédive pacha (1863-1879). Toutes les constructions de ce quartier avaient été réalisées à l'européenne où le goût italien prédominait.
Le Midan (place) Talaat Harb, encore appelé Soliman pacha, est un des grands carrefours au centre-ville du Caire. Il s'y croisent les rues de Talaat Harb, de Mohamed Bassiouni (jadis Antikhana) et de Sabri Abou El-Alam.
Au milieu de la place trône la statue de Talaat Harb.
La rue Soliman pacha, maintenant appelée Talaat Harb, commence place El-Tahrir (de la Libération) pour s'achever rue du 26 Juillet. Elle traversait la place où s'élevait, jusqu'en 1952, la statue de Soliman pacha qui fut remplacée par celle de Talaat Harb, un financier de la fin du XIXème siècle qui fonda la Banque Misr.
La rue de Qasr El-Nil, en plein centre-ville, commence place El-Tahrir (de la Libération) pour s'achever rue El-Goumhouriya. Elle prit le nom du palais de Qasr El-Nil qui avait été construit en 1854 sous le règne de Mohamed Saïd pacha par l'architecte italien Pantanelli assisté de son compatriote Piattoli. En 1868, Ismaïl pacha fit restaurer ce palais pour en faire sa résidence d'été.

La rue de Qasr El-Nil, créée au XIXème siècle, était une des plus élégantes du Caire. Elle était bordée de résidences particulières et de magasins de luxe qui étalaient les dernières modes venues de Paris et de Londres.
Dans cette rue se trouvait l'hôtel Savoy, le rendez-vous de toute l'aristocratie du Caire. Cette belle rue était bordée d'arbres, comme toutes celles de ce nouveau quartier qui avait été fondé par le Khédive Ismaïl. Toutes les constructions de ce quartier avaient été réalisées à l'européenne où le goût italien prédominait.
La rue de Qasr El-Nil est restée une grande rue commerçante du Caire avec de très beaux magasins.
Le 6 février 2001, une plaque commémorative avait été apposée sur l'immeuble Immobilia au centre-ville du Caire en mémoire de Naguib El-Rihani.
Cette plaque, en arabe et en français, rappelle que Naguib El-Rihani a vécu dans cet immeuble entre 1938 et 1949. Il habitait dans l'appartement 321 au troisième étage.
Au mois d'octobre 1900, une nouvelle rue avait été ouverte au Caire dont le besoin se faisait sentir depuis longtemps. Cette rue partait de la Banque nationale d'Egypte (fondée au Caire en 1898), traversait la rue de Qasr El-Nil pour déboucher sur la rue El-Manakh (actuellement Abdel Khalek Sarouat). Elle s'appelait rue Chawarby et toutes les propriétés du voisinage de cette rue appartenant au pacha du même nom avaient été expropriées.
Cette rue avait son prolongement jusqu'à la Bourse des valeurs, actuellement rue Chérifein. Cette dernière rue est maintenant devenue une rue piétonne. Dans le centre-ville du Caire, une nouvelle zone piétonne a été aménagée et elle comprend des tronçons des rues Elfi, Zakaria Ahmed et Sarray El-Ezbékieh.
Le contrat pour la construction de la rue et de ses trottoirs avait été passé avec la même maison qui construisait au même moment le nouveau Musée des antiquités égyptiennes près des casernes britanniques de Qasr El-Nil.
L'hôtel Savoy su Caire se trouvait au coin des rues Qasr El-Nil et Soliman pacha en bordure du rond-point de Qasr El-Nil. Il avait été construit à la fin du XIXème siècle avec 180 chambres par George Nungovich Company Ldt qui d'ailleurs en était le propriétaire.
C'était une superbe installation avec un excellent restaurant. La clientèle de ce restaurant était la plus distinguée du Caire et les officiers et fonctionnaires anglais s'y pressaient.
Chaque samedi soir, le bal hebdomadaire rassemblait l'élite de la ville dans les salons du Savoy où les toilettes de la dernière mode, venues de Londres et de Paris, pouvaient se voir et étaient d'un luxe inouï. La pension complète, pour ceux qui voulaient résider dans cet hôtel, était de 60 piastres par jour.
C'était le lieu idéal pour résider au centre-ville où les rues, bordées d'arbres, étaient parcourues par les landaus, les coupées et les calèches. Quelques ânes montés se faufilaient entre les voitures.
L'hôtel Savoy devint très vite trop petit et son propriétaire en augmenta le nombre des chambres à 300 dont 80 avaient des cabinets de toilette et une salle de bains. Il y avait même un salon de coiffure pour hommes et femmes dans cet hôtel luxueux.
Les hôtes y trouvaient encore, en plus du restaurant, des salons à louer, un bar américain, un billard, un jardin et un tennis. La grande salle de bal servait aussi pour les grands banquets et les réceptions.
Voici les prix qui étaient pratiqués en 1910 dans cet hôtel. La location à la journée pour une chambre à un lit était de 40 piastres, de 70 piastres pour une chambre à deux lits, de 80 piastres pour un salon, de 200 piastres pour un appartement privé comprenant une salle de bains, un salon et une chambre à coucher.
Quant aux repas, les consommateurs devaient payer 10 piastres pour le déjeuner du matin, le dîner était à 35 piastres et ceux qui voulaient une pension complète devaient verser 90 piastres par jour.
L'hôtel Savoy n'existe plus, il a été remplacé par une banque. Les arbres ont aussi disparu et la statue de Soliman pacha a été remplacée par celle du banquier Talaat Harb. La statue de Soliman pacha se trouve maintenant dans le jardin du Musée militaire de la Citadelle du Caire près de la statue équestre de son ami Ibrahim pacha qui est une reproduction de celle qui existe sur la place de l'Opéra au Caire.
Maintenant autour de cette place au centre du Caire se trouvent des agences de voyages, des librairies, etc...
Qui était Soliman pacha dont tout le monde parle ?
Soliman pacha fut le compagnon d'armée d'Ibrahim pacha, le fils de Mohamed Ali. D'origine française, Soliman pacha fut un officier de l'armée de Napoléon 1er sous le nom de colonel Sèves.
A l'âge de 35 ans, Sèves passa par l'Egypte en 1815 en route vers la Perse. Il avait quitté la France à la suite de l'abdication de Napoléon et de son exil à l'île de Sainte Hélène.
Au cours de son passage au Caire, le colonel Sèves fut présenté à Mohamed Ali qui le pressa de rester en Egypte pour se mettre à son service. Avec son fils, Ibrahim pacha, Mohamed Ali avait entrepris de moderniser son armée et en retenant le colonel Sèves il espérait profiter de l'expérience d'un officier de l'armée napoléonienne. Son vœu fut pleinement exaucé car le jeune officier français fut véritablement à la hauteur de la tâche qui lui avait été demandée.
Très vite, Sèves se prit d'amitié pour Ibrahim pacha et ils travaillèrent ensemble de longues années pour faire de l'armée égyptienne une force puissante et moderne. Entre-temps, le colonel Sèves s'était marié avec une Egyptienne en prenant le nom de Soliman.
En 1822, Soliman pacha avait déjà formé et entraîné 10 bataillons égyptiens. Selon les méthodes napoléoniennes, il avait rodé ses troupes à toutes sortes d'exercices militaires et aux différentes formes de combats. Avec ses jeunes troupes, il participa à la campagne de Grèce de 1825 à 1827.
Au Caire, Soliman pacha habitait dans une propriété sur les bords du Nil en face de l'île de Roda, entre l'aqueduc de la Citadelle et le Vieux-Caire. Entre deux campagnes, lorsque ses obligations militaires le lui permettaient, Soliman pacha se retirait dans sa propriété pour y mener une vie familiale calme et tranquille.
Ce fut dans cette propriété que Soliman pacha s'éteignit après avoir passé 44 années de sa vie au service de l'Egypte. Il fut enseveli dans un mausolée construit dans le jardin de sa propriété. Ce mausolée existe toujours.
Une statue de Soliman pacha fut placée au milieu du rond-point de Qasr El-Nil au Caire, une œuvre du sculpteur français Henri-Alfred Marie Jacquemart qui réalisa aussi la statue équestre de Mohamed Ali d'Alexandrie. Cette statue de bronze représentait Soliman pacha en tenue d'officier de cette époque: un pantalon bouffant, retombant sur des bottes, était serré par une large ceinture. Portant tarbouche sur la tête, Soliman pacha tenait une épée dans sa main gauche.
Cette statue fut enlevée à la suite de la Révolution de 1952 et remplacée par celle de Talaat Harb.

Friday, November 25, 2011




Elles portent les noms de Khoch Qadam, El-Hammam,
El-Menagguedin, Ahmed El-Mahrouqui, El-Roum et El-Soukkaria
Les ruelles du Caire islamique
près de Bab Zouweïla
 
 
Par : Gérard Viaud
De nombreuses ruelles existent près de Bab Zouweïla au Caire. Elles sont mal connues, hormis par les habitants de ces quartiers dont ils ne connaissent pas l'histoire et toujours ignorées par les touristes. Elles portent les noms de Khoch Qadam, El-Hammam, El-Menagguedin, Ahmed El-Mahrouqui, El-Roum et El-Soukkaria.
La ruelle Khoch Qadam commence dans la partie sud de la rue Moëz Lidine Illah près de la mosquée d'El-Fakani, un monument de l'époque fatimide construit en 1148 et reconstruit en 1735. Une entrée de cette mosquée donne d'ailleurs sur la rue Khoch Qadam. Cette rue doit son nom à un sultan mamelouk du XVème siècle, El-Daher Seif Eddine Khochqadam, qui régna de 1461 à 1467. Le règne de ce sultan se situe dans une période très floue de l'histoire entre la mort du sultan Barsbaï en 1438 et l'avènement du grand sultan Qaïtbaï en 1468. Tous les sultans qui se succédèrent entre ces deux dates furent inconséquents et leurs règnes ne furent pas marqués d'événements importants.
Ce fut le cas du sultan Khochqadam. C'était un esclave d'origine grecque qui avait fait partie de la garde du sultan Barqouq, le fondateur de la dynastie mamelouke circassienne. Les autres esclaves le surnommaient Khochqadam le Grec et il aurait été ainsi le premier Grec à gouverner l'Egypte depuis l'époque byzantine.
Ce sultan eut à combattre les menaces ottomanes. Il voulut instituer des réformes commerciales et établir de nouvelles taxes, ce qui le rendit impopulaire. Bien que d'origine grecque, Khochqadam lança des mesures discriminatoires contre les Chrétiens et les Juifs et tous ceux qui n'étaient pas Musulmans durent démissionner de leurs postes dans les différentes administrations. Sans le nom de cette rue du Caire, ce sultan serait tombé dans l'oubli depuis longtemps.
Les gens du quartier donnent à ce nom de Khochqadam, écrit maintenant en deux mots Khoch et Qadam, en disant que ce nom serait celui de la cour du boiteux.
C'est dans cette rue de Khoch Qadam que se trouve la maison de Gamal Eddine El-Dahabi construite en 1637. Ce personnage était le chef de la corporation des commerçants de la ville du Caire. La superbe maison qu'il fit construire témoigne de sa richesse. Atfet El-Hammam, la ruelle du bain, commence dans la rue de Hoch El-Qadam dans le Caire fatimide.
Ces bains étaient, en général, composés de trois salles différentes. La première, appelée "maslakh", servait de vestiaire où les clients se déshabillaient. Une fontaine de marbre, alimentée par un jet d'eau, garnissait le milieu de cette salle qui était entourée d'estrades et de divans garnis de tapis et de coussins.
Une fois débarrassé de ses habits, le baigneur, enveloppé dans un grand pagne de coton, chaussé de sandales de bois, pénétrait dans la seconde salle. Là, l'air était saturé de vapeur d'eau à un degré élevé. Le baigneur était étendu sur une grande table de marbre où un garçon lui faisait un massage superficiel et il était alors conduit dans une troisième salle, la partie la plus chaude de cette installation de bains. Là, se trouvait un bassin rectangulaire dans lequel s'écoulait lentement de l'eau bouillante, alimentant le bassin et provoquant cette opaque buée provenant de la vapeur d'eau. Dans cette atmosphère, la transpiration était abondante. Le baigneur pouvait aller se plonger dans un bassin d'eau tiède ou froide. Ensuite, un masseur le prenait en main, armé d'un gantelet de poil de chameau qu'il passait sur tout le corps du patient, les articulations, les épaules, les bras, les jambes et les vertèbres, l'enduisant de savon et déversant sur lui des écuelles d'eau tiède. Le baigneur sortait tout revigoré de cette opération.
Une autre rue du Caire fatimide porte le nom de Hammam El-Masbagha, le bain de la teinturerie. Elle commence dans la grande artère de Moëz Lidine Illah entre l'ensemble d'El-Ghouri et la rue de Hoch El-Qadam. Il y avait en effet de nombreux teinturiers dans ce quartier. Il s'en trouve maintenant auprès de la mosquée d'El-Hakim près de la porte d'El-Foutouh. Dans la ruelle d'El-Hammam les boutiques des teinturiers avaient toutes des cours dans lesquelles ils étendaient les étoffes teintes sur les fils. Parfois ils installaient ces fils sur les terrasses des maisons.
La ruelle El-Menagguedin est celle des arçonniers et des matelassiers. Ces métiers n'ont pas changé de place depuis la fondation du Caire fatimide non loin de la porte de Zouweïla. Cette rue se trouve sur la droite de la rue Moëz Lidine Illah et commence presque en face du sébil-kouttab de Mohamed Ali construit en 1820. Elle est reconnaissable aux nombreuses balles et sacs de coton qui s'y trouvent.
Le métier de matelassier tenait une place importante dans la vie des Cairotes pour la fabrication des matelas des lits, des banquettes et des divans, ainsi que pour faire les nombreux coussins utilisés dans les maisons et les palais.

Après la construction de la porte de Zouweïla au XIème siècle par Badr El-Djamali, le quartier des matelassiers prit une place plus importante.
Selon l'historien cairote El-Maqrizi (1364-1443) le quartier des matelassiers et des arçonniers se trouvait derrière la prison du Caire qui fut, par la suite, remplacée par la mosquée du calife fatimide El-Moayyed qui avait fait le voeu de la construire lors de sa détention dans cette prison.
Toujours selon El-Maqrizi, il existait dans ce quartier une mosquée portant le nom de Sam Ibn Nouh (Sem fils de Noé), le père des peuples sémites.
De nos jours, cette rue, ainsi que les ruelles avoisinantes, sont bordées de boutiques qui vendent du coton qui est livré aux commerçants dans de grands sacs de jute.
Ce coton sert toujours à la fabrication des matelas pour les lits, les canapés et les coussins, éléments indispensables dans toutes les maisons égyptiennes. Mais les matelassiers, bien qu'ayant des ateliers, se rendent souvent dans les maisons pour exécuter leur travail. Quant aux arçonniers, ces artisans ont disparu de ce quartier. Autrefois, dans le Caire ancien, chaque corporation avait son quartier ou sa rue, et c'était le cas pour les menagguedin.
Atfet Ahmed El-Mahrouqui se trouve près de la rue El-Menagguedin non loin de la porte de Zouweïla à l'intérieur du Caire fatimide. Cette ruelle porte le nom d'un riche commerçant du Caire de la fin du XVIIIème et du début du XIXème siècles.
Ahmed El-Mahrouqui était le chef des commerçants de la ville du Caire. En 1798, il partit à la Mecque pour le grand pèlerinage. A son retour, il trouva les Français en Egypte. Bonaparte le chargea de fournir à l'armée française ce dont elle avait besoin et il fut nommé au divan constitué par le nouvel occupant de l'Egypte.
Après le départ des Français, Ahmed El-Mahrouqui se soumit au pouvoir ottoman et aux Mamelouks. Il devint un des grands hommes du pays. Sa maison était devenue un rendez-vous pour tous. Il fut le directeur de l'Hôtel des monnaies au Caire.
En cette période troublée, que vécut Ahmed El-Mahrouqui, il sut toujours se mettre du bon côté tant son sens politique et diplomatique était grand. Bien entendu, il subissait des contraintes. Il fut ainsi obligé d'équiper douze nouveaux officiers et leurs troupes : chevaux, fourrures, habits, bottes, or et argent. Pour le remercier, le pacha lui donna le fief de Farascour près de Damiette. Un jour, Ahmed El-Mahrouqui invita le pacha à déjeuner chez lui. Lorsque le pacha eut quitté sa maison, il lui envoya son fils Sayed Ahmed, chargé de présents pour le remercier d'avoir bien voulu venir en sa demeure: des étoffes d'Inde, des pierreries, des bijoux, des tapis de Perse et des chevaux équipés.
Ce même jour, c'était en 1804, Ahmed El-Mahrouqui passa la soirée chez lui lorsque tout à coup il eut des frissons. Au bout d'une heure, il rendit le dernier soupir.
Le lendemain matin, alors que le décès avait été gardé secret, son fils Sayed monta à la Citadelle prévenir le pacha. La nouvelle se répandit en ville.
Les funérailles d'Ahmed El-Mahrouqui furent célébrées avec une pompe digne de son rang, écrit Abdel Rahman El-Djabarti dans ses chroniques.

Sunday, November 20, 2011





La rue Boustan 
El-Maksi à Faggalah




Jésuites - Photo 1901
 
La rue Boustan El-Maksi se trouve dans le quartier de Faggalah entre l'avenue Ramsès et la rue Linant pacha qui passe devant la cathédrale grecque catholique.
Cette rue doit son nom à des jardins (boustan) qui se trouvaient en bordure du quartier d'El-Maks qui s'étendait autrefois entre la porte de Bab El-Bahr (ou Bab El-Hadid) et le Nil à la suite du retrait du fleuve vers l'ouest.
En bordure de cette rue, les Pères Jésuites ouvrirent le Collège de la Sainte Famille en 1889. En 1882, ils avaient acheté un vaste terrain en bordure du canal d'Ismaïlieh pour y construire ce Collège. A cette époque, la région de Faggalah était encore une campagne avec de nombreux jardins et quelques villas.
Les Pères Jésuites étaient arrivés en 1879 en Egypte. Ils louèrent d'abord une maison dans le quartier du Mousky où se trouvaient de nombreuses résidences étrangères et les églises des différentes communautés catholiques. Très vite, cette maison devint trop petite et une famille copte catholique leur donna un local un peu plus vaste où ils reçurent quelques séminaristes pensionnaires. A la demande des Chrétiens du quartier, ils admette des élèves laïcs externes.
Le Collège de la Sainte Famille, qui comptait alors 282 élèves, fut transféré dans les locaux actuels en 1889.
Au fond de la rue Boustan El-Maksi se trouve la cathédrale grecque catholique construite à l'emplacement du palais de Linant de Bellefonds. Sakakini pacha avait fait l'acquisition du palais de Linant de Bellefonds dans le quartier de Faggalah au Caire, peut-être à la suite de son décès au mois de juillet 1883. Sakakini fit don de ce palais à la Communauté grecque catholique pour y construire une cathédrale et un patriarcat.
Breton et Lorientais d'origine, Linant de Bellefonds arriva en Egypte en 1818. Pendant sa longue carrière de 65 années dans le pays, il eut une activité débordante: cadastre et cartes hydrauliques de la Haute-Egypte, réfection du réseau d'irrigation, plan de la construction du Barrage de Mohamed Ali, mais qui ne fut pas retenu, plans et dessins du Canal de Suez dont Ferdinand de Lesseps s'appropria en 1844, construction de la route entre le Caire et Suez, etc...
Linant de Bellefonds fut l'un de ces nombreux Français qui servirent l'Egypte au XIXème siècle.
G.V.


Le carrefour du birket
El-Qarmout au Caire
 
 
Le birket El-Qarmout, un petit étang, se trouvait pratiquement à la jonction actuelle des rues Emad Eddine et Naguib El-Rihani. Cet étang fut formé lors du retrait des eaux du Nil, entre les XIIème et XIIIème siècles. Le fleuve arrivait pratiquement jusqu'à Bab El-Bahr, une porte encore appelée El-Hadid.
Les terres, à la suite de recul du fleuve en direction de l'ouest, furent occupées par des jardins. Au XIVème siècle, le sultan mamelouk El-Nasser Mohamed Ibn Qalaoun fit aménager ce quartier en creusant un canal depuis le Nil, au sud jusqu'au khalig El-Nassiri vers l'est. Ce canal traversait le birket El-Qarmout d'où partait un autre petit canal en direction du Qantaret El-Dekka et du grand lac de l'Ezbékieh.


Ce quartier, autour du birket El-Qarmout, fut particulièrement florissant à l'époque ottomane. Les émirs y construisirent de charmants kiosques au milieu des jardins. Ils y tenaient des réunions avec les poètes du Caire et les gens de lettres. Vers la fin du XIXème siècle, le petit étang fut comblé ainsi que les canaux. Le quartier changea d'aspect.
Le premier bâtiment moderne à être construit à cet emplacement fut le club des Princes, un édifice réalisé par l'ingénieur A. Lasciac en 1898. Ce club fut, par la suite, occupé par l'Empire Services Club.
Ce dernier était fréquenté par la haute société du Caire. Il était situé au 186 de la rue Emad Eddine au coin de cette rue et de celle du Qantaret El-Dekka, aujourd'hui Naguib El-Rihani.
Ce club comprenait, au rez-de-chaussée, un vaste bar, le café de Paris. Ses étages comportaient de nombreuses activités avec son cabaret avec orchestre. Parfois, les grands hôtels de l'Ezbékieh et de la rue Ibrahim pacha prenaient le Club en location pour certaines soirées.
Autour de ce carrefour, à l'emplacement du birket El-Qarmout, se trouvaient encore le Studio Misr, le cinéma Cosmo, le Regal Dancing Cabaret et le Doll's Cabaret avec son music-hall.
De nos jours, les activités de ce carrefour ont beaucoup changé. Le Club est occupé par des magasins, des bureaux, et quelques appartements résidentiels, le Studio Misr existe mais est fermé, tandis que le cinéma Cosmo a laissé la place à un grand immeuble.
Même le nom de birket El-Qarmout a disparu de la terminologie cairote.

 
G.V.



La rue teraa El-Boulakiya
 
Une des rues du quartier de Choubra au Caire s'appelle teraa El-Boulakiya, celle du canal de Boulac. En effet, elle occupe l'emplacement d'un ancien canal qui partait du Nil au sud de Boulac pour aller rejoindre vers le nord le canal d'El-Galada.
Ce dernier canal irriguait de nombreux jardins dont ceux d'El-Khalafaoui où les califes fatimides avaient établi une résidence de campagne. Une rue porte encore le nom des Mamelouks, ce qui prouve, peut-être, que les sultans mamelouks continuèrent à fréquenter cette résidence campagnarde qui était encore arrosée par le canal d'El-Boulakiya.
Choubra

Un peu plus au nord d'El-Khalafaoui se trouvait un autre secteur appelé Miniet El-Sirag, une sorte de triangle situé entre trois canaux, ceux d'El-Boulakiya, d'El-Galada et d'El-Dakar. Ce dernier canal était une branche d'El-Boulakiya.
A l'embranchement des deux canaux d'El-Boulakiya et d'El-Dakar, un pont avait été construit portant le nom de Qantaret Miniet El-Sirag. Dans ce triangle se trouvait un monastère de moniales coptes portant le nom de saint Georges qui est mentionné dans les anciennes listes des églises et des couvents.
Tous ces canaux dont il a été question furent comblés à la fin du XIXème siècle et le pont de Miniet El-Sirag n'existe plus. Ces deux quartiers d'El-Khalafaoui et de Miniet El-Sirag sont situés à l'est de la grande rue de Choubra.
Au mois de septembre 1896, les fonctionnaires des services sanitaires voulurent empêcher les riverains d'El-Boulakiya de puiser de l'eau dans le canal, car elle était impropre à la consommation, mais ce fut en vain.
L'urbanisation résolut le problème car dans les dernières années du XIXème siècle le canal fut comblé en raison de l'urbanisation et il laissa la place à une rue qui porta le nom de teraa El-Boulakiya.
Cette rue, tracée sur la largeur de l'ancien canal, devint vite trop étroite et elle fut élargie au mois de juillet 1956. Sans le nom de cette rue, les habitants de Choubra ignoreraient qu'un canal existait portant le nom d'El-Boulakiya.
G.V.

Sunday, November 13, 2011




Le quartier résidentiel très chic,
devenu une zone populaire

En plus de cent ans d'existence, Zeitoun s'est totalement transformé

Zeitoun, le quartier des oliviers, a perdu sa beauté d'antan et les champs plantés d'oliviers ne sont plus. Pourtant il s'en trouvent dans quelques jardins entourant des villas vétustes. Ce quartier est maintenant desservi par le métro du Caire.

par : Gérard Viaud
En plus de cent années d'existence, le quartier de Zeitoun au Caire s'est totalement transformé. De ce quartier résidentiel très chic, il est devenu une zone populaire dans laquelle subsistent toutefois quelques villas entourées de jardins qui attendent la pioche des démolisseurs afin de céder la place à des immeubles modernes. Vers la fin du XIXème siècle, une ligne de chemin de fer longeait des jardins et des champs vers le nord-est du Caire et côtoyait le désert. De temps à autre, des groupes de villas émergeaient au milieu de la verdure dans laquelle les oliviers dominaient. Ces villas étaient presque toutes occupées par de riches employés du gouvernement ou par des étrangers.

L'arbre de la sainte vierge a Zeitoun
étape de la sainte famille en Egypte

A Zeitoun, Yassa bey Ibrahim aménagea un vaste jardin compris entre les rues Sélim El-Aoual, Mansour, Toumambaï et Sennan. Son frère Khalil pacha Ibrahim construisit sur une partie de ce jardin une série de villas toutes de même forme, ainsi que l'église copte orthodoxe. En 1895, les Pères des Missions Africaines choisirent de créer une mission. Les Pères commencèrent par acheter une maison dont l'étage servait de résidence et le rez-de-chaussée de chapelle provisoire. Ils ouvrirent une école pour garçons le 17 septembre 1903 qui fut cédée aux Frères des Ecoles chrétiennes en 1912. Cette maison et celle école se trouvaient en bordure de l'actuelle rue Toumambaï.
Le 15 août 1922, ce fut à Zeitoun une fête à l'occasion de la bénédiction de la nouvelle église paroissiale de Zeitoun et la cérémonie fut présidée par Mgr Jules Girard. Cette église fut construite sur une partie du jardin appartenant à Yassa bey Ibrahim. Au mois de septembre 1896, les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres fondèrent une Institution. Le 1er janvier 1907, une épidémie de diphtérie éclata à Zeitoun. Les annonces de morts se suivaient rapidement.
Le 6 janvier, les services sanitaires vinrent désinfecter la maison et les classes des écoles.



Olivier a Zeitoun

En 1914, l'Angleterre profita de l'alliance turco-germanique pour établir officiellement son protectorat sur l'Egypte. Le 20 décembre 1914, l'Egypte était devenue un sultanat, pour bien marquer son indépendance à l'égard du sultan de la Sublime Porte, avec Hussein 1er qui avait remplacé le Khédive Abbas II Helmi qui était à Constantinople depuis le 20 mai 1914 et que les Anglais empêchaient de revenir en Egypte. Le 19 décembre 1914, le Khédive avait été démis de ses fonctions par le gouvernement de Londres, mais il avait cherché à reprendre le pouvoir.
Les Anglais jugeaient Abbas II Helmi trop nationaliste et trop proche du gouvernement ottoman. En effet, il avait fait cause commune avec les ennemis de Sa Majesté britannique.
Durant les quatre années de guerre, l'Egypte connut une période de prospérité en raison de la présence des troupes alliées
Les autorités britanniques installèrent de vastes camps de soldats dans le désert entre le Caire, Héliopolis et Zeitoun et même jusqu'à Matarieh. De nombreux soldats étaient originaires de Nouvelle-Zélande, d'Australie, d'Irlande et d'Angleterre. Ces installations étaient devenues urgentes afin d'éviter une invasion de l'Egypte par les forces ottomanes alliées à l'Allemagne.
Au courant de l'année 1919, Zeitoun reçut deux visites importantes. Le 9 janvier, ce fut celle du cardinal Bourne, archevêque de Westminster, et le 21 novembre, le délégué du Saint Siège, Mgr Couturier.
Le soir du 8 décembre 1921 la pluie se mit à tomber pendant toute la nuit et le jour suivant, si bien que tout le quartier de Zeitoun fut inondé. Tout le monde se mit à évacuer l'eau à l'abri de parapluies, car il pleuvait comme dans la rue.
A Zeitoun, comme à peu près dans toute l'Egypte, les dégâts causés par ces pluies torrentielles furent considérables et d'innombrables maisons durent être réparées.
Le 20 mars 1928, le président du Syndicat des journalistes français et sous-directeur du Comité de propagande française à l'étranger, M. François Veuillot, donna une conférence à Zeitoun sur les activités féminines en France et il exalta le rôle de la jeune fille dans son foyer et dans la société. M. Veuillot enthousiasma son auditoire.
Selon la tradition copte, la Sainte Famille serait passée à Zeitoun et se serait arrêtée dans un champ planté d'oliviers où fut construit par la suite une petite église pour commémorer l'événement.
Par la suite, l'histoire de Zeitoun se serait arrêtée, pour se confondre avec celle de n'importe quel quartier du Grand-Caire, si un événement était survenu avec les apparitions de la Vierge Marie à l'église copte orthodoxe de Zeitoun en 1968.
En effet, à partir du 2 avril de cette année-là, les gens du quartier, Musulmans et Chrétiens, commencèrent à voir la Vierge apparaître au-dessus des coupoles de la petite église. Tout commença le 2 avril vers trois heures du matin quand les ouvriers d'un garage voisin de l'église aperçurent une femme marchant sur le rebord de la terrasse de l'église.
Les ouvriers commencèrent par interpeller cette femme pour la mettre en garde contre le danger qu'elle courait à marcher ainsi. Mais ils se rendirent compte que c'était une vision de lumière qui disparut au bout d'un certain temps. A partir de cette date, les foules se rassemblèrent chaque soir à Zeitoun pour apercevoir cette forme lumineuse et tous furent convaincus que c'était la Vierge. Ces apparitions furent confirmées par le patriarche copte orthodoxe Chenouda III et une fête fut instituée le 2 avril de chaque année pour commémorer le début de ces apparitions.
Une grande cathédrale a été construite non loin de la petite église et nombreux sont les pèlerins qui se rendent chaque année à Zeitoun.
Une charmante histoire est rattachée à Zeitoun. Sur le grand terrain de 3.000 mètres carrés que les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres avaient acheté pour construire leur pensionnat, les Sœurs entretenaient une vache qui donnait son lait et permettait de faire tourner la saquieh pour arroser le jardin.
Mais, un beau jour, la vache donna naissance à un veau. Selon l'habitude française, le veau lui fut retiré. La vache se fâcha et ne donna plus son lait pendant au moins une année. Dans le jardin, du côté de la rue, il y avait une superbe treille qui donnait de beaux raisins. Un jour, les Sœurs trouvèrent sur la teille deux messieurs qui picoraient les raisins. Une d'elles se hasarda à leur demander s'ils trouvaient le raisin bon. Honteux et confus, ils quittèrent leur perchoir en disant: "Mille pardons, madame, mille pardons!".
A cette époque, la Compagnie des eaux ne fournissait pas encore la région de Zeitoun et chaque maison devait avoir sa saquieh mue par une vache. La Roussette des Sœurs remplissait ce pénible travail.
Un jour, Salem, un jeune homme de 18 ou 19 ans qui s'était attaché au service de la communauté, fouetta rudement Roussette qui, effrayée, tomba dans le puits de la saquieh. Salem se précipita à son secours et des hommes vinrent l'aider. Mais Roussette mourut pendant qu'elle était hissée hors de la saquieh. Toute la communauté accourut pour voir ce qui se passait. Deux religieuses françaises, de passage à Zeitoun, témoin de l'accident furent toutes bouleversées.
Une voisine, Mme Gripon, en entendant tout ce bruit autour de la saquieh, accourut à son tour et elle se trouva devant le cadavre de la vache qu'elle avait vendue aux Sœurs. Elle se mit à pleurer en disant au milieu de ses larmes: "Roussette, ma Roussette, ma fille, ma pauvre fille!".
Pour la communauté, ce fut une grande perte qui fut suivie de plusieurs autres. En effet, les roues de la saquieh brisèrent les jambes d'une nouvelle vache et plusieurs autres périrent épuisées par un travail trop pénible. Heureusement, en 1899, la Compagnie des eaux s'installa à Zeitoun et mit fin, par le fait même à ces pertes de vaches et à ces soucis.

Quand l'été est caniculaire et la chaleur suffocante
Le "Sébil" reste une merveilleuse fontaine
 
La chaleur suffocante fait que la population est toujours à la recherche de quoi s'abreuver. Quoi de plus désaltérant qu'un peu d'eau fraiche pour étancher sa soif par cet été caniculaire.
Quand on sillonne les rues du Caire, dans presque tous les quartiers, devant certains immeubles, près d'un arbre, on trouve ces grosses cruches à la panse énorme qui ne sont autre que les "zirs". L'eau que l'on y met est toujours fraîche. Recouverts d'une planche en bois sur lequel est posé un quart en métal, il offre aux passants assoiffés quelques gorgées d'eau fraiche. Plus moderne, certains commerçants et propriétaires de locaux ont construit des mini-lavabos avec quelques robinets pour servir dans le même but. Toutes ces habitudes sont apparues après la disparition de ce qui représentait un des joyaux de l'architecture islamique le "Sébil".
Photo Sharobim

Du temps de l'Empire ottoman on comptait plus de 300 fontaines publiques. Enfoncée dans une facade d'immeuble où à l'angle d'un édifice on pouvait remarquer au haut de l'étage où se trouvait le "Sébil" le "kouttab" école coranique. Construit en pierre, le "Sébil", garni d'arcades souvent ouvragées présente au passant à travers des vasques son eau retenue dans de grandes citernes souterraines. Avant 1860, les porteurs de gourdes en peau de chèvres sillonnaient les rues du Caire afin de vendre l'eau potable.
Pour les amoureux d'art islamique ils peuvent aller flaner dans toute la rue Muiz El-Dine, rue Port-Said; là, ils pourront en admirer au moins 92 dans le vieux Caire. Les deux tiers de ces Sébils aux alentours de la Citadelle datent des 16ème et 17ème siècle. Le "Sébil" mamelouk" rectangulaire à grilles carrées se trouve dans l'ensemble architectural du sultan Qalaoun et Ghouri ainsi que celui du sultan Qaitbey. Quant aux fontaines ottomanes, elles sont de forme arrondie et les grilles sont ouvragées et dotées d'auvant en bois sculpté. Vous pourrez aller admirer le Sébil kouttab de Néfissa Baida (1796)face à la mosquée Al- Mouayad. Quant à celui de Oum Abbas ( 1867) il se trouve presqu'en face du Sébil Qaitbay.
En les comparant avec les "fontaines modernes" construites aujourd'hui dans les rues du Caire on ne peut que se dire que l'intention est bonne de penser à ceux qui ont soif et qui financièrement parlant ne peuvent pas, toujours étancher leur soif à coup de bouteilles de boissons gazeuses. Même certaines stations de métro sont dotées de quelques robinets "coldair". Seulement combien il aurait été plus agréable, qu'au lieu de ces laideurs, combien même, bien intentionnées, de faire appel à nos jeunes talents sortis fraichement de la faculté d'architecture. Laissons leurs inspirations, planter à travers les rues du Caire les "Sébil" du 21 èmé siècle.
L' ancienne chanson disait: "Atchane ya sabaya dellouni alal sébil". J'ai soif ô jeune montre moi le chemin du sébil.

Saturday, November 12, 2011



L'île de Roda au Caire

Dans les premières décennies du XIXème
siècle, Ibrahim pacha fit dessiner un jardin au Manial
Les merveilleux jardins
de l'île de Roda au Caire


Sur une carte de la ville du Caire datant de 1875, l'île de Roda était couverte de jardins avec des spécimens d'arbres et de plantes rares comme le figuier des pagodes de l'Inde, appelé aussi arbre des banians, l'ébénier, le bois de rose, le bois de satin, le bois d'acajou, le tamarinier, le sagoutier, l'arbre à suif, etc... Maintenant cette île a été urbanisée.Les premières constructions furent le Nilomètre, les casernes des Mamelouks puis le palais du Manial. De tous ces jardins il ne subsiste que celui du Manial et du Nilomètre.
Sur l'île de Roda se trouve le Nilomètre appelé Mikyas en langue arabe. Avant la construction du Grand-Barrage d'Assouan, en 1960, ce Nilomètre avait une grande importance pour mesurer en pics et en quirats (ou en coudées) la montée des eaux du fleuve dont dépendait la prospérité de l'Egypte.
Selon la légende, un premier Nilomètre aurait été construit en ce lieu par Joseph, le fils de Jacob, quand il était ministre du pharaon, c'est-à-dire vers 1500 avant Jésus-Christ.
Historiquement, le Nilomètre de Roda fut construit en 715 sous le règne du calife omeyyade Soleiman Abdel Malek. 
Ce Nilomètre fut restauré en 815 par le calife El-Mamoun. Ayant été renversé par une forte crue en 859, le calife El-Moutawakil le fit reconstruire.
En 1092, le calife fatimide Moustansir restaura le Nilomètre qui resta dans le même état jusqu'à l'expédition française de Bonaparte en 1798. Des Mamelouks s'y étaient retranchés et les troupes françaises, en donnant l'assaut à cette forteresse improvisée, détruisirent en partie le Nilomètre. Il fut, par la suite, reconstruit tel que nous le voyons actuellement.
La coupole à multiples faces et pointue qui domine le Nilomètre et les jardins du palais voisin de Monasterly, fut reconstituée d'après une ancienne gravure du voyageur et architecte danois Norden qui visita l'Egypte en 1739. De style pyramidale, cette coupole avait été détruite accidentellement en 1825 à la suite de l'explosion d'une poudrière qui se trouvait non loin de là. Cette poudrière avait été installée par l'architecte français Pascal Coste chargé alors par Mohamed Ali de fournir les munitions à l'armée égyptienne. La coupole du Nilomètre fut reconstruite d'après l'ancienne gravure de Norden.
Près du Nilomètre se trouve le palais Monasterly construit vers 1850. Ce palais fut le premier siège de la Ligue arabe au Caire en 1947 et il dépend maintenant du ministère de la Culture. La famille de notables Monasterly se constitua en gardienne du Nilomètre.
Vue du Nil (Roda)

Ce palais est devenu un Centre culturel. Non loin du Nilomètre, une maison vient d'être transformée en Musée d'Oum Kalsoum. Ces différents éléments font donc de l'extrémité sud de l'île de Roda un important centre culturel et touristique.

Le sultan Saleh Negm Eddine Ayyoub fit acheter un grand nombre d'esclaves sur les marchés au nord de la mer Noire, dans le Caucase et aux environs de la mer Caspienne. 
Robustesse, sveltesse et beauté, voilà les conditions que le sultan avait posées à ses émissaires chargés d'acheter ces esclaves.
Le sultan logea ses esclaves dans des casernements construits sur l'île de Roda en face de la ville du Caire. Comme ils habitaient au milieu du fleuve (Bahr en arabe) ces premiers Mamelouks, un mot désignant les esclaves, furent appelés "Bahrides".
Dans les premières décennies du XIXème siècle, Ibrahim pacha, le fils du Grand Mohamed Ali, fit dessiner un jardin au Manial. Il y fit planter des arbres et des arbustes aux essences variées sur une superficie de plus de 60.000 mètres carrés.
Cette partie de l'île de Roda se fit appeler Manial en raison de la présence d'une résidence d'un émir mamelouk qui portait ce nom.
Parmi les espèces d'arbres et d'arbustes plantées dans le jardin du Manial, il y avait le figuier des pagodes d'Inde, encore appelé banian, l'ébénier, le bois de rose, le bois de satin, le bois d'acajou, le tamarinier, le sagoutier, l'arbre à suif, les différents palmiers et les espèces innombrables de cactus.
Le jardin est très beau avec des collections d'arbres tropicaux, de plantes rares et des fleurs. Il y a des bambous gigantesques de plus de 20 mètres de haut. Parmi les plantes rares de ce jardin, il faut citer les cocos flexuosa, les latanias borbonica, les eucalyptus globulus, les framboisiers, les tamaris, les manguiers, les papayers, les mimosées, les bananiers et bien d'autres encore. Il y a encore un coin pour les différentes espèces de cactus.
Vers la fin du XIXème siècle, ce jardin était quelque peu abandonné. Le prince Mohamed Ali Tewfick jeta son dévolu sur ce jardin pour y construire un palais dans la partie nord-est.
Les travaux de construction du palais commencèrent en 1901 pour ne s'achever qu'en 1929. Par la suite, le prince Mohamed Ali poursuivit des travaux d'embellissement. Il voulut qu'après sa mort son palais fut transformé en Musée. Mohamed Ali était né au Caire le 9 novembre 1875. Il était le fils du Khédive Tewfick, et le frère du Khédive Abbas II Helmi. Il était ainsi le petit fils du Grand Mohamed Ali le fondateur de la dynastie.
Mohamed Ali avait épousé une Française, Alice Imond. Entre ses nombreux voyages à l'étranger, il résidait en son palais du Manial avec son épouse. Il y habita jusqu'à son départ en exil, le 17 septembre 1952 à la suite de la Révolution du mois de juillet qui avait renversé le roi Farouk. Le prince Mohamed Ali mourut en Suisse en 1954.
Le Musée des animaux du Manial fut installé tout d'abord en 1962 par le roi Farouk à Inchass puis transféré au Manial.
Il existe encore un Musée qui fut inauguré en 1938. Il présente des souvenirs du prince Mohamed Ali dont un calendrier portant encore la date du 16 septembre 1952, date du départ du prince.

G.V