Wednesday, November 9, 2011



Le quartier d'Abbasseïa au Caire
doit son nom au vice-roi Abbas Ier
par : Gérard Viaud

Le quartier d'Abbasseïa au Caire doit son nom au vice-roi Abbas Ier qui se fit construire, en 1849, un palais non loin du tombeau de Toumambaï, le dernier sultan mamelouk. C'était un édifice sans architecture remarquable.
Abbas Ier succéda à son grand-père Mohamed Ali en l849. Il ne suivit pas la politique de réformes de Mohamed Ali, il renvoya les techniciens européens et fit arrêter les travaux commencés. Il consentit cependant en 1851 à la construction par les Anglais de la ligne de chemin de fer entre le Caire et Alexandrie.
Les notables de la Cour imitèrent son exemple et édifièrent des villas au milieu de jardins dans cette zone qui était pratiquement désertique.
Avec ces nouvelles constructions l'ancienne route des caravanes fut réaménagée et bordée d'acacias.
Quelques années après la mort d'Abbas Ier, le Khédive Ismaïl fit restaurer le palais et y transféra l'école polytechnique et l'école militaire.
L'école de polytechnique du Caire fut fondée en 1866 pour former des ingénieurs civils et militaires.
Appliquant les méthodes napoléoniennes, Soliman entreprit de créer une armée forte, compétente et disciplinée. Pour cela il travailla avec Ibrahim pacha et une grande amitié lia les deux militaires. En 1822, Soliman avait déjà formé dix bataillons. Ils fondèrent la première école militaire à Khanka au nord-est du Caire.
Beaucoup plus loin, sur la gauche de la route d'Abbasseïa, se trouvait l'Observatoire.
La route d'Abbasseïa avait son point de départ au carrefour de Faggalah à Bab El-Hadid. Elle longeait une partie des remparts du Caire et allait rejoindre la grande mosquée du Daher. De là elle passait devant Bab El-Husseineia (maintenant Midan El-Gueich) et empruntait ensuite la grande voie des caravanes.
En bordure de cette route se trouvaient un des trois tombeaux du sultan mamelouk El-Ghouri (qu'il n'occupa jamais ayant été tué sur un champ de bataille en Syrie), les abattoirs du Caire, l'hôpital européen, l'hôpital austro-hongrois, des casernes, l'école militaire khédiviale organisée à l'européenne. Le mausolée de Toumambaï se trouvait sur la gauche de la route presque en face de l'école militaire.
Ce fut à partir de la fin du XIXème siècle que le quartier d'Abbasseïa se développa considérablement avec la construction de maisons et d'écoles.
A la suite de la Révolution égyptienne de 1952, cette route fut appelée rue El-Gueich. En bordure de cette route se trouvait encore un champ de courses.
Le quartier d'Abbasseïa posséda pendant de longues années l'Observatoire du Caire, mais il y en eu plusieurs auparavant.
Le calife de l'an mille, El-Hakim, fit aménager un Observatoire au sommet du Moqattam après avoir fondé au Caire en 1005 la Maison de la science. Mais ce fut El-Afdal, le fils de Badr El-Djamali, qui construisit un véritable Observatoire sur le Moqattam. Son successeur El-Mamoun Bataïhi déménagea cet Observatoire pour l'installer sur les tours de Bab El-Nasr au Caire.
Cet Observatoire fut supprimé par les troupes françaises de Bonaparte et par la suite un nouvel Observatoire fut construit à Abbasseïa.
L'Observatoire d'Abbasseïa fut tout d'abord dirigé par Mahmoud bey, un savant très compétent qui donna à cet établissement un rôle important dans le monde scientifique. Cet Observatoire avait été aménagé avec du matériel très moderne.
Il y a cent ans, au mois de juillet 1903, l'Observatoire d'Abbasseïa était devenu de plus en plus désuet et il était question de le déménager. Les responsables se mirent à la recherche d'un endroit plus adéquat.
Hélouan fut choisie pour un nouvel Observatoire situé sur un plateau à 118 mètres d'altitude au nord-est de la ville.
Abbasseïa avait aussi une gare des chemins de fer importante qui était le point de départ pour Suez. Cette gare avait une grande importance au moment du départ du pèlerinage vers La Mecque.
Le jour du départ de la caravane pour La Mecque, tout le monde se rassemblait devant Bab El-Nasr où le cortège s'organisait pour se rendre au Birket El-Hagg, première étape avant la marche à travers le désert. Par la suite, avec l'installation de la ligne de chemin de fer entre le Caire et Suez, une manifestation se déroulait sur la grande place située au pied de la Citadelle et une procession était organisée jusqu'à la gare d'Abbasseïa où le "Mahmal" et la "Kiswa" étaient embarqués dans un train spécial.
La ligne de chemin de fer entre le Caire et Hélouan traversait l'Abbasseïa. Elle avait été ouverte au public le 21 janvier 1877 et le point de départ était au Midan, cette grande place qui se trouvait au pied de la Citadelle du Caire.
Cette ligne avait tout d'abord été tracée à partir de la grande gare de Bab El-Hadid, passait par Abbasseïa et arrivait au Midan où les Cairotes s'embarquaient pour se rendre à la nouvelle cité de Hélouan-les-Bains. Mais cette ligne entre la gare de Bab El-Hadid et le Midan ne resta en service que trois mois, car son parcours était trop compliqué. D'Abbasseïa, la ligne arrivait au pied du Moqattam en traversant la Cité des morts et passait par le village de Qaïtbaï. Cette ligne empruntait en partie celle qui avait été tracée en 1873 par le Khédive Ismaïl pour relier les poudrières se trouvant derrière la Citadelle avec la fonderie de canons à Toura au sud du Caire. Cette ligne passait par Bassatine et Méadi.
Quand les voyageurs venant de Suez au Caire, vers le milieu du XIXème siècle, ils entraient dans la ville par la route d'Abbasseïa. Ils leurs arrivaient de rencontre le vice-roi Abbas Ier assis dans sa calèche. Le souverain ne manquait pas de saluer ces voyageurs.
Ils se rendaient ensuite dans les quartiers de l'Ezbékieh ou du Mousky pour y trouver un hôtel.
Ils devaient ensuite se rendre au port de Boulac pour s'informer au sujet de leurs malles qui devaient être arrivées de Suez.
Le 17 décembre 1894, le ministre des Travaux publics, Fakhry pacha, donna le feu vert à la mise en place de lignes de tramways au Caire qui partiraient toutes de la place El-Ataba El-Khadra.
La ligne d'Abbasseïa empruntait l'avenue Clot bey, puis la route d'Abbasseïa jusqu'à l'Observatoire khédivial.
Le quartier d'Abbasseïa possède de nombreux hôpitaux: l'Italien, le Grec, Démerdacche, Dar El-Chifaa, etc... ainsi que la Faculté de médecine. Il y a aussi l'hôpital des aliénés.
Parmi les monuments religieux importants se trouve la grande et imposante mosquée d'El-Nour. Sa construction fut faite par le ministère des Wakfs.
Il y a encore la grande cathédrale Saint Marc des Coptes orthodoxes avec le siège patriarcal et l'église de la Boutrosseïa avec le tombeau de Boutros pacha Ghali. Là se trouve encore la Société d'archéologie copte. Les écoles sont très nombreuses dans ce quartier avec le couvent des Pères dominicains dont la bibliothèque est célèbre. C'est l'Institut dominicain d'études orientales du Caire avec sa revue "Mélanges" lancée en 1954 par les Pères dominicains Anawati, Jomier et de Beaurecueil.
Il existe encore dans ce quartier l'Académie de Police et le siège du Conseil supérieur des antiquités égyptiennes.

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