par : Gérard Viaud
Le quartier de l'Ezbékieh au Caire est surtout connu pour son jardin. C'est une belle oasis de verdure au centre-ville entre la place d'Ataba El-Khadra et la rue d'El-Goumhouriya.
En bordure du jardin de l'Ezbékieh se trouvait le palais d'Elfi bey un émir mamelouk de la fin du XVIIIème siècle qui avait construit ce somptueux palais là où fut, par la suite, édifié l'hôtel Shepheard's incendié au mois de janvier 1952. En 1798 il construisit son palais, mais il n'en profita guère. En effet, au mois de juillet de cette année-là, Bonaparte entra avec ses troupes au Caire et il établit son état-major dans le palais d'Elfi bey, en bordure de l'Ezbékieh.
Le général Kléber, successeur de Bonaparte en Egypte, fut assassiné dans les jardins du palais d'Elfi bey. Ce dernier, même après le départ des Français, ne revint jamais habiter dans son palais qui a donné son nom à une rue du Caire.
Toujours en bordure du jardin de l'Ezbékieh se trouve la rue Halim pacha au Caire qui se fait aussi appeler Midan Halim pacha bien qu'elle ne soit plus une place, des constructions en occupent le centre. Cet espace, de forme rectangulaire, est enserré entre les rues d'Elfi bey, d'El-Goumhouriya et du 26 Juillet.
En cet endroit se trouvaient, au XIXème siècle, le palais et les jardins de Halim pacha, un des fils les plus turbulents de Mohamed Ali. Ce prince avait fait construire ce palais à l'emplacement des maisons d'Osman aga El-Khazindar et de Mohamed Effendi qui avaient été détruites lors de l'explosion d'une mine sous une maison de ce quartier, un attentat des Français du général Kléber. Pratiquement, en cette année 1800, toute la partie ouest du lac de l'Ezbékieh avait été réduite en un monceau de ruines.
Halim pacha construisit donc son palais en ce lieu et il y aménagea un très beau jardin qui se fit aussi appeler Kiamil pacha. De là, le prince menait toutes ses intrigues contre son frère Ismaïl dans le but d'accéder au trône.
Avec l'urbanisation de la fin du XIXème siècle le palais et les jardins de Halim pacha disparurent et des maisons furent construites autour de cet emplacement qui devint une place. Ces constructions débutèrent en 1895. Là se trouvait, dans les années 49, le cinéma Métropole et son cabaret, ainsi que le fameux Tabarin qui attirait l'élite cairote.
Dans ce quartier de l'Ezbékieh est ainsi conservé le souvenir de Halim pacha, ce prince qui vécut au milieu des intrigues et dans les plaisirs d'une vie facile et légère.
Une seule plaque, à la fin de la rue Sarray El-Ezbékieh, indique que ce lieu s'appelle Midan Halim pacha.
La rue El-Guénina au Caire est située au nord du jardin de l'Ezbékieh qu'elle longe et elle relie l'actuelle rue d'El-Goumhouriya à la place d'El-Khazindar. Elle doit son nom aux jardins de l'Ezbékieh, "guénina" signifiant jardin.
Cette rue El-Guénina, fut aménagée au XIXème siècle et elle fut bordée, sur sa face nord, par des arcades sur le style de celles de la rue de Rivoli à Paris.
De nos jours, la rue El-Guénina a beaucoup changé et ses arcades sont en partie disparues, écroulées et en mauvais état.
Le jardin de l'Ezbékieh au Caire a une nouvelle fois changé de visage, car il vient d'être retracé et réaménagé. Un jardin qui a une très longue histoire.
La grande artère qui coupait en deux le jardin de l'Ezbékieh au Caire depuis 1954 a disparu à la suite des travaux d'installation des bouches du métro souterrain et un nouveau jardin a été aménagé. Désormais il n'y aura plus qu'un seul jardin, la partie du sud avec la fontaine de Mohamed Ali et sa petite rivière sera adjointe à l'autre secteur du jardin.
Pendant un certain temps, les deux côtés de cette rue, au milieu du jardin de l'Ezbékieh, furent occupés par des boutiques: bouquinistes et marchands de toutes sortes de choses à bon marché depuis les chaussures jusqu'aux vêtements. Ces boutiques donnaient beaucoup de pittoresque à cette artère du Caire. En 1996, cette rue connut un nouveau bouleversement avec la construction d'une station du métro souterrain venant de Choubra El-Kheima pour se rendre vers la place El-Tahrir.
Le jardin de l'Ezbékieh a une longue histoire puisqu'elle commença au XIème siècle. Quand Badr El-Djamali reconstruisit les remparts du Caire, il fit aménager un espace vert entre les remparts et le Nil; c'étaient les "Belvédères de Louk". Des jardins recouvraient cette zone qui resta verdoyante jusque vers l'année 1250. Toutefois, les crues du Nil recouvraient les terrains devenus vagues. En 1476, sous le règne du sultan mamelouk Qaïtbaï, le maréchal Ezbek construisit un palais en bordure de ces terrains abandonnés où ne poussaient que quelques tamaris et des acacias sauvages.
Au cours de l'été de cette année 1476, Ezbek entreprit l'aménagement de ce vaste terrain et créa un jardin près de son palais qui prit par la suite son nom en s'appelant Ezbékieh. Ce jardin, entourant un lac au moment de la crue du Nil, devint le rendez-vous des Cairotes.
En 1798, les troupes françaises de Bonaparte occupèrent l'Ezbékieh où ils organisaient des fêtes, mais un jour ils comblèrent le lac avec les portes qu'ils avaient enlevées au Caire. En 1799, ce quartier fut presque totalement ruiné à la suite des bombardements des Français. Ce fut avec regret que le poète Hassan El-Attar décrivit l'Ezbékieh à la suite de ce bombardement barbare: "Le bassin de l'Ezbékieh contenait les habitations des grands et des chefs. Entourés de bosquets épais et ombrageux, leurs palais blancs semblaient être des corps d'argent habillés de soie verte. La nuit, une quantité innombrable de flambeaux éclairaient ce charmant séjour dont la beauté réjouissait le cœur et enivrait comme le vin. Que de jours et de nuits de bonheur n'ai-je pas passés dans ce paradis ? Ces beaux moments sont dans le chapelet de mes jours comme des perles sans pareilles. Que de fois je me suis oublié pendant des heures entières à contempler, sur le miroir des eaux, le visage éclatant de la lune et les flots argentins dont l'inondait sa lumière. Je regardais de doux zéphyrs caresser sa surface et soulever des vagues qui, se succédant en forme de sabres, allaient se briser contre le rivage. Les oiseaux qui gazouillaient sur les branches des arbres me réjouissaient l'âme et semblaient promettre aux habitants de cet heureux séjour un bonheur éternel".
Plus tard, ce fut Mohamed Ali qui redonna vie à l'Ezbékieh. En 1848, avec son fils Ibrahim pacha, le souverain réaménagea tout ce quartier de l'Ezbékieh, asséchant le lac pour y planter un jardin à l'européenne avec toutes sortes d'arbres exotiques. Mohamed Ali quitta la Citadelle pour venir habiter l'Ezbékieh dans un palais.
Pour transformer l'Ezbékieh, Mohamed Ali avait fait relever le niveau du sol qu'il entoura d'un canal bordé de sycomores. Ces arbres abritaient des cafés et l'Ezbékieh redevint le lieu préféré des Cairotes. Il fit orner ce jardin d'une belle fontaine de marbre de style Empire qui existe toujours.
En 1867, revenant de l'Exposition universelle de Paris, le Khédive Ismaïl décida de transformer le Caire, dont le quartier de l'Ezbékieh. Il ramena avec lui de Paris l'ingénieur G. Delchevalerie pour mener à bien ses travaux.
La rénovation de l'Ezbékieh fut merveilleuse. Calqué sur le parc de Monceau à Paris, ce jardin de 10 feddans épousait une forme rectangulaire coupé aux quatre angles. Il fut planté d'arbres et d'arbustes, ainsi que de fleurs, il y avait des grottes, des rivières et des cascades et une colline artificielle rappelant les anciens belvédères de Louk du XIème siècle.
Ce magnifique jardin se composait ainsi de vastes pelouses et le gazon vert et tenace était une espèce de plante grasse particulière à l'Egypte, la Zapania Nodiflora, qui avait été trouvée à Alexandrie par l'ingénieur Delchevalerie.
La rivière artificielle, d'une profondeur de deux mètres environ, entretenait la fraîcheur avec un petit lac. Le jardin de l'Ezbékieh fut entouré de hautes grilles sur le modèle de celles du jardin des Tuileries à Paris. Le jardin était très bien illuminé par de nombreux becs de gaz.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le jardin de l'Ezbékieh fut occupé par les campements des troupes alliées stationnées au Caire et depuis ce temps il fut négligé et mal entretenu.
En 1993, le gouvernorat du Caire entreprit la restauration de la partie sud du jardin entourant la fontaine de Mohamed Ali. La colline artificielle fut rénovée, ainsi qu'une partie de la petite rivière avec un pont rustique. Ce secteur du jardin fut entouré de nouvelles grilles tandis que les arbres au nord du jardin tombaient pour laisser la place aux travaux du métro souterrain. Là, un nouveau jardin vient d'être créé, redonnant au centre-ville du Caire ce nouveau poumon qui avait existé depuis l'époque du maréchal Ezbek..
Le quartier de l'Ezbékieh au Caire est surtout connu pour son jardin. C'est une belle oasis de verdure au centre-ville entre la place d'Ataba El-Khadra et la rue d'El-Goumhouriya.
En bordure du jardin de l'Ezbékieh se trouvait le palais d'Elfi bey un émir mamelouk de la fin du XVIIIème siècle qui avait construit ce somptueux palais là où fut, par la suite, édifié l'hôtel Shepheard's incendié au mois de janvier 1952. En 1798 il construisit son palais, mais il n'en profita guère. En effet, au mois de juillet de cette année-là, Bonaparte entra avec ses troupes au Caire et il établit son état-major dans le palais d'Elfi bey, en bordure de l'Ezbékieh.
Le général Kléber, successeur de Bonaparte en Egypte, fut assassiné dans les jardins du palais d'Elfi bey. Ce dernier, même après le départ des Français, ne revint jamais habiter dans son palais qui a donné son nom à une rue du Caire.
Toujours en bordure du jardin de l'Ezbékieh se trouve la rue Halim pacha au Caire qui se fait aussi appeler Midan Halim pacha bien qu'elle ne soit plus une place, des constructions en occupent le centre. Cet espace, de forme rectangulaire, est enserré entre les rues d'Elfi bey, d'El-Goumhouriya et du 26 Juillet.
En cet endroit se trouvaient, au XIXème siècle, le palais et les jardins de Halim pacha, un des fils les plus turbulents de Mohamed Ali. Ce prince avait fait construire ce palais à l'emplacement des maisons d'Osman aga El-Khazindar et de Mohamed Effendi qui avaient été détruites lors de l'explosion d'une mine sous une maison de ce quartier, un attentat des Français du général Kléber. Pratiquement, en cette année 1800, toute la partie ouest du lac de l'Ezbékieh avait été réduite en un monceau de ruines.
Halim pacha construisit donc son palais en ce lieu et il y aménagea un très beau jardin qui se fit aussi appeler Kiamil pacha. De là, le prince menait toutes ses intrigues contre son frère Ismaïl dans le but d'accéder au trône.
Avec l'urbanisation de la fin du XIXème siècle le palais et les jardins de Halim pacha disparurent et des maisons furent construites autour de cet emplacement qui devint une place. Ces constructions débutèrent en 1895. Là se trouvait, dans les années 49, le cinéma Métropole et son cabaret, ainsi que le fameux Tabarin qui attirait l'élite cairote.
Dans ce quartier de l'Ezbékieh est ainsi conservé le souvenir de Halim pacha, ce prince qui vécut au milieu des intrigues et dans les plaisirs d'une vie facile et légère.
Une seule plaque, à la fin de la rue Sarray El-Ezbékieh, indique que ce lieu s'appelle Midan Halim pacha.
La rue El-Guénina au Caire est située au nord du jardin de l'Ezbékieh qu'elle longe et elle relie l'actuelle rue d'El-Goumhouriya à la place d'El-Khazindar. Elle doit son nom aux jardins de l'Ezbékieh, "guénina" signifiant jardin.
Cette rue El-Guénina, fut aménagée au XIXème siècle et elle fut bordée, sur sa face nord, par des arcades sur le style de celles de la rue de Rivoli à Paris.
De nos jours, la rue El-Guénina a beaucoup changé et ses arcades sont en partie disparues, écroulées et en mauvais état.
Le jardin de l'Ezbékieh au Caire a une nouvelle fois changé de visage, car il vient d'être retracé et réaménagé. Un jardin qui a une très longue histoire.
La grande artère qui coupait en deux le jardin de l'Ezbékieh au Caire depuis 1954 a disparu à la suite des travaux d'installation des bouches du métro souterrain et un nouveau jardin a été aménagé. Désormais il n'y aura plus qu'un seul jardin, la partie du sud avec la fontaine de Mohamed Ali et sa petite rivière sera adjointe à l'autre secteur du jardin.
Pendant un certain temps, les deux côtés de cette rue, au milieu du jardin de l'Ezbékieh, furent occupés par des boutiques: bouquinistes et marchands de toutes sortes de choses à bon marché depuis les chaussures jusqu'aux vêtements. Ces boutiques donnaient beaucoup de pittoresque à cette artère du Caire. En 1996, cette rue connut un nouveau bouleversement avec la construction d'une station du métro souterrain venant de Choubra El-Kheima pour se rendre vers la place El-Tahrir.
Le jardin de l'Ezbékieh a une longue histoire puisqu'elle commença au XIème siècle. Quand Badr El-Djamali reconstruisit les remparts du Caire, il fit aménager un espace vert entre les remparts et le Nil; c'étaient les "Belvédères de Louk". Des jardins recouvraient cette zone qui resta verdoyante jusque vers l'année 1250. Toutefois, les crues du Nil recouvraient les terrains devenus vagues. En 1476, sous le règne du sultan mamelouk Qaïtbaï, le maréchal Ezbek construisit un palais en bordure de ces terrains abandonnés où ne poussaient que quelques tamaris et des acacias sauvages.
Au cours de l'été de cette année 1476, Ezbek entreprit l'aménagement de ce vaste terrain et créa un jardin près de son palais qui prit par la suite son nom en s'appelant Ezbékieh. Ce jardin, entourant un lac au moment de la crue du Nil, devint le rendez-vous des Cairotes.
En 1798, les troupes françaises de Bonaparte occupèrent l'Ezbékieh où ils organisaient des fêtes, mais un jour ils comblèrent le lac avec les portes qu'ils avaient enlevées au Caire. En 1799, ce quartier fut presque totalement ruiné à la suite des bombardements des Français. Ce fut avec regret que le poète Hassan El-Attar décrivit l'Ezbékieh à la suite de ce bombardement barbare: "Le bassin de l'Ezbékieh contenait les habitations des grands et des chefs. Entourés de bosquets épais et ombrageux, leurs palais blancs semblaient être des corps d'argent habillés de soie verte. La nuit, une quantité innombrable de flambeaux éclairaient ce charmant séjour dont la beauté réjouissait le cœur et enivrait comme le vin. Que de jours et de nuits de bonheur n'ai-je pas passés dans ce paradis ? Ces beaux moments sont dans le chapelet de mes jours comme des perles sans pareilles. Que de fois je me suis oublié pendant des heures entières à contempler, sur le miroir des eaux, le visage éclatant de la lune et les flots argentins dont l'inondait sa lumière. Je regardais de doux zéphyrs caresser sa surface et soulever des vagues qui, se succédant en forme de sabres, allaient se briser contre le rivage. Les oiseaux qui gazouillaient sur les branches des arbres me réjouissaient l'âme et semblaient promettre aux habitants de cet heureux séjour un bonheur éternel".
Plus tard, ce fut Mohamed Ali qui redonna vie à l'Ezbékieh. En 1848, avec son fils Ibrahim pacha, le souverain réaménagea tout ce quartier de l'Ezbékieh, asséchant le lac pour y planter un jardin à l'européenne avec toutes sortes d'arbres exotiques. Mohamed Ali quitta la Citadelle pour venir habiter l'Ezbékieh dans un palais.
Pour transformer l'Ezbékieh, Mohamed Ali avait fait relever le niveau du sol qu'il entoura d'un canal bordé de sycomores. Ces arbres abritaient des cafés et l'Ezbékieh redevint le lieu préféré des Cairotes. Il fit orner ce jardin d'une belle fontaine de marbre de style Empire qui existe toujours.
En 1867, revenant de l'Exposition universelle de Paris, le Khédive Ismaïl décida de transformer le Caire, dont le quartier de l'Ezbékieh. Il ramena avec lui de Paris l'ingénieur G. Delchevalerie pour mener à bien ses travaux.
La rénovation de l'Ezbékieh fut merveilleuse. Calqué sur le parc de Monceau à Paris, ce jardin de 10 feddans épousait une forme rectangulaire coupé aux quatre angles. Il fut planté d'arbres et d'arbustes, ainsi que de fleurs, il y avait des grottes, des rivières et des cascades et une colline artificielle rappelant les anciens belvédères de Louk du XIème siècle.
Ce magnifique jardin se composait ainsi de vastes pelouses et le gazon vert et tenace était une espèce de plante grasse particulière à l'Egypte, la Zapania Nodiflora, qui avait été trouvée à Alexandrie par l'ingénieur Delchevalerie.
La rivière artificielle, d'une profondeur de deux mètres environ, entretenait la fraîcheur avec un petit lac. Le jardin de l'Ezbékieh fut entouré de hautes grilles sur le modèle de celles du jardin des Tuileries à Paris. Le jardin était très bien illuminé par de nombreux becs de gaz.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le jardin de l'Ezbékieh fut occupé par les campements des troupes alliées stationnées au Caire et depuis ce temps il fut négligé et mal entretenu.
En 1993, le gouvernorat du Caire entreprit la restauration de la partie sud du jardin entourant la fontaine de Mohamed Ali. La colline artificielle fut rénovée, ainsi qu'une partie de la petite rivière avec un pont rustique. Ce secteur du jardin fut entouré de nouvelles grilles tandis que les arbres au nord du jardin tombaient pour laisser la place aux travaux du métro souterrain. Là, un nouveau jardin vient d'être créé, redonnant au centre-ville du Caire ce nouveau poumon qui avait existé depuis l'époque du maréchal Ezbek..
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